Elle suit sa ligne et ses convictions malgré les conseils de sa mère, Dee Dee Bridgewater. Pétillante, éblouissante, et talentueuse, les superlatifs ne manquent pas lorsqu’il s’agit d’évoquer la personnalité hors norme de China Moses. Elle revient une fois de plus chez nous pour nous parler (passionnément) de ce nouvel album.
China, un sixième album basé sur des chansons originales, pourquoi ce choix de se lancer dans la composition ?
J’ai toujours écrit et composé et réalisé notamment mes 3 premiers albums et quelques titres sur mes disques avec Raphael Lemmonier. Par contre, je me suis toujours adapté aux sons ou aux tonalités que les différents réalisateurs me proposaient.Après ces différents essais et un retour à l’université (ma vie sur la route dans le monde des festivals de Jazz) j’ai finalement proposé ma thèse … Ou plutôt la synthèse musicale de qui je suis. Il m’a fallu 20 ans pour trouver mon son et ma voix…
Cela m’a pris longtemps de ne plus avoir peur. J’ai plein de chansons que les gens du métier on refusé. Et cette album m’a été refusé par toutes les personnes que j’ai approché en France.
Un melting-pot de sonorités et de genres dans ce Nightintales. Est-ce que cet album vous ressemble plus que les autres dans cette façon d’appréhender la musique ?
Oui. Mais j’ai toujours essayé de mélanger et cela n’a pas toujours marché. On apprend en essayant. J’ai compris, grâce a Anthony Marshall, que la solution pour mes créations est de s’appuyer sur la même base de musiciens avec lesquels je peux bâtir un univers. Et de là, je peux me balader dans toutes mes influences, ancrées en moi, dans mon ADN de noire américaine.
Qu’entendez-vous par Nightintales ?
Une nuit de contes. Tout simplement.
Chaque chanson aborde une histoire particulière. Dans quel état d’esprit avez-vous abordé l’écriture de cet album ?
Nous avons créé la quasi totalité de l’album en 5 jours. C’était des pianos voix. C’était simplement le résultat de conversations entre Anthony Marshall et moi. C’est un réalisateur musicien de talent et je crois le fait de l’avoir fait sortir des contraintes de la pop et le fait que tous les deux nous nous sommes embarqués dans cette idée de « juste être qui on est ». Cela a permis à l’éclectisme des chansons.
Qu’est-ce que ce nouvel album dit de vous, China Moses ?
J’espère que les personnes qui l’écouteront diront que je suis auteure compositrice interprète.
Vous avez su au fil de votre carrière vous émanciper totalement de la célébrité de votre mère. Avec le recul quel regard portez-vous sur cette émancipation personnelle et musicale?
Que le meilleur est à venir. Ma mère (Dee Dee Bridgewater) est mon plus grand soutien et je suis moi-même mon plus grand critique. Et peut être je devrais l’écouter plus souvent… Cela fait longtemps qu’elle m’encourage d’aller à Londres… Depuis mes 20 ans… Qu’est ce que je suis têtue ! Ce n’est pas une émancipation vis à vis de ma mère. C’est tout simplement le tracé de ma vie de femme. Et ma mère comme tant d’autres femmes de talent m’ont montré que tout est possible. Je suis leurs traces tout en traçant mon propre chemin.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre émission Made In China sur TSF jazz ?
J’aime les voix. La voix est le premier instrument. Le plus difficile à dompter et aussi à comprendre. Il y a une myriade de grains et de teintes… C‘est fascinant et donc j’en parle sur TSF Jazz tous les jeudis à 19h ( ici pour écouter China Moses chez nos confrères de TSF Jazz).
Est-ce que pour vous le jazz doit-il être obligatoirement pétillant et mêlé au swing?
Non. Le « Jazz » doit être libre d’être dans l’instant de la musique… Mais l’intention doit être claire… Le « Jazz », c’est des nuances et des intentions avec l’écoute des autres instruments tout en laissant la place à l’individu. Le « Jazz » n’a pas un tempo pré-requis ni un son. Par contre le « Jazz » oblige n’importe quel musicien à continuer d’apprendre qui il est et qu’il veut être dans l’instant présent. C’est un état d’esprit avant tout.
Si vous deviez définir cet album deux mots, que diriez-vous ?
Jazzified Soul
China Moses « Nightintales » ( Label MPS )
Le site officiel de China Moses : www.chinamoses.com
( Crédit photo Sylvain Norget)
Lire aussi nos interviews Jazz Club :
Manu Katché : la musique sous toutes ses formes
Jowee Omicil : le BasH! ou le jazz frénétique