Alexis Lévrier -

Alexis Lévrier : le journalisme à l’épreuve de l’endogamie avec la politique

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Par Nicolas Vidal – Alexis Lévrier nous livre son analyse sur les liens étroits que les journalistes politiques entretiennent avec les sphères du pouvoir depuis l’Ancien Régime. «Le contact et la distance» est un ouvrage passionnant qui aborde l’ensemble de ces questions et réfléchit sur cette endogamie entre le monde de la presse et de la politique.

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Plus largement, la dépendance de la presse au pouvoir ne date pas d’hier. Alexis Lévrier propose une vision à la fois globale et détaillée sur ces problèmatiques de fond.

Alexis Lévrier, à quelle époque remonte la dépendance de la presse à l’égard du pouvoir ? Est-ce si récent que cela?
Je pense au contraire que cette dépendance est très ancienne. Le journalisme français possède en effet une histoire spécifique, qui remonte à l’Ancien Régime : dès la création de la Gazette en 1631, la presse a été placée dans notre pays sous la tutelle étroite de l’État, et les Français ont pris l’habitude d’une verticalité dans la transmission de l’information. Contrairement à une idée reçue, la Révolution n’a mis fin que très provisoirement à cette dépendance. Bien sûr la situation n’est plus la même aujourd’hui : la grande loi sur la presse de 1881 a notamment permis que le journalisme français s’émancipe enfin de l’État. Mais j’ai voulu montrer en écrivant ce livre que, dans notre pays, les relations entre journalistes et dirigeants politiques portent encore la trace de cette histoire singulière.

Tout au début de votre ouvrage, vous mentionnez ce sous titre : «Un demi-siècle de liaisons dangereuses ». Quelles sont elles ?
Par cette expression, je désigne les très nombreux couples qui se sont formés en France entre journalistes et responsables politiques à partir des années 1960. Ces couples demeurent très nombreux aujourd’hui : en 2012, lorsque Jean-Marc Ayrault nomme son premier gouvernement, le Président et quatre de ses ministres vivent ainsi avec des femmes journalistes. Cette particularité française sidère depuis longtemps la presse étrangère. Mais comme le souligne à juste titre Michèle Cotta – que j’ai interrogée pour le livre –, ce phénomène ne constitue que la partie émergée de l’iceberg. Il doit être analysé comme le symptôme d’une proximité plus profonde entre …

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