Philippe Labro : le prince du piolet ?

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Par Marc Emile Baronheid – Il existe deux écoles : ceux qui, après Albert Cohen, n’osent plus aborder le sujet, et la noria des autres, qui ont chacun une raison impérieuse d’escalader humblement la face cachée de leur maman. Philippe Labro prince du piolet ?

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Même les branches les plus humbles d’une descendance peuvent se prévaloir d’un arbre généalogique mirobolant. Trenet chantait qu’il suffit pour ça d’un peu d’imagination. Si Labro s’était présenté en arrière-petit-neveu de l’Oncle Sam, quelques-uns auraient avalé la couleuvre. L’histoire de Netka, « cinquante pour cent de sang polonais » est d’une autre ambition. Les péripéties de son parcours tiennent moins du rodéo que d’un romanesque déterminé. Elle incarne tôt le charme et la différence, cette différence que nos voisins envient jalousement, en même temps qu’ils affectent le bonheur d’en être préservés. Le récit de Labro évite le piège de la facilité. L’homme est habile, mais pas seulement. Orgueilleux, exigeant, pétri de piété filiale, il ne concède rien au dévoiement faible et facile. Netka, un cheminement contrarié, un destin d’enfant-valise, la figure immense d’une « Marraine », une propension infatigable à donner cette générosité que la vie lui avait refusée. Ce n’est pas une vérité universelle, mais c’est celle de Netka, la petite fille abandonnée qui écrivait des poèmes et décida un jour « Je suis libre. Personne ne peut me dicter ». La chanson de geste d’une femme et des quatre fils Aymants ? Parfois l’inouï tient à peu de chose ; c’est ce qui le rend tellement plus bouleversant que la légende.

« Ma mère, cette inconnue », Philippe Labro, Gallimard, 17 euros

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