De Florence Yérémian – Fantastic Birthday est un film qui sort définitivement des sentiers battus : avec ses personnages loufoques et ses situations surréalistes, il nous fait un peu songer à Moonrise Kingdom de Wes Anderson dans un esprit plus kitch et moins poétique.

L’histoire est celle de Greta, une jeune australienne timide et un peu gauche. Afin de la rendre populaire, sa mère décide d’inviter toute sa classe à la maison pour fêter ses quinze ans. Prise de panique, la pauvre Greta se réfugie alors dans un Royaume tout droit sorti de son imaginaire: se retrouvant au coeur d’une forêt onirique, elle va devoir confronter d’étranges personnages qui lui feront exorciser ses peurs et passer le cap de l’enfance…

Ce long-métrage fantaisiste est la première oeuvre cinématographique de Rosemary Myers. Directrice artistique du Théâtre Windmill, cette talentueuse australienne appartient depuis longtemps au monde du spectacle et s’est déjà distinguée à travers de nombreuses mises en scène. Avec Fantastic Birthday, elle puise directement dans son univers théâtral en nous offrant des dialogues dynamiques, des costumes colorés et des protagonistes proches de la caricature.

Fantastic Birthday : le passage de l’enfance à l’adolescence

Son film est une métaphore acidulée du passage de l’enfance à l’adolescence où se croisent des marionettes malfaisantes, des origamis porteurs de messages et des êtres humains totalement déjantés. La famille de Greta en est l’exemple parfait : entre sa mère (Amber McMahon) qui ressemble à une chanteuse disco, son père (Matthew Whittet) qui déambule en caleçons flower-power, et sa soeur qui traine avec un bellâtre affublé de pattes d’Eph’ (Eamon Farren) on a vraiment l’impression d’avoir transplané à l’intérieur d’une pochette vinyle des Seventies.
La palme de la folie douce revient cependant à Elliot, le seul ami de Greta : souffre-douleur de sa classe, ce gamin n’a rien d’un séducteur mais il possède un cœur énorme et une allure digne de Pee-Wee Herman. Interprété avec malice par le jeune Harrison Feldman, cet acteur est comique à souhait et attachant à tous les points de vue. Qu’il s’agisse de sa maladresse excessive ou de ses répliques incohérentes, il apporte un vent d’optimisme au scénario à chacune de ses apparitions.

A ses côtés, la figure introvertie de Greta incarne son pendant idéal à travers les traits candides et émouvants de Bethany Whitmore. A la fois complices et têtes à claque, ces deux adolescents ont des attitudes si expressives qu’ils nous font penser à des personnages de bande dessinée. Il en va de même pour les comédiennes jouant le groupe sexy des  » triplettes » : aussi méchantes qu’arrogantes, ces soeurs ennemies ont l’allure d’une hydre à trois têtes prête à dévorer la pauvre Greta.
C’est donc dans une ambiance très « Comic book » qu’évolue le parcours initiatique de Fantastic Birthday. Grace à son humour et à son approche ludique, Rosemary Myers réussit à entrainer ses spectateurs dans un véritable conte de fée pour teenagers. Même si l’on ne sait pas toujours où nous mène son jeu de piste, on la suit volontiers tant sa folie et sa bonne humeur sont communicantes. Dommage que la fin du film soit expédiée à la va-vite: le qualité du casting et le talent de la cinéaste aurait pu déboucher sur une conclusion aussi dingue et inattendue que le reste !

Fantastic Birthday? Un film fantasque et décalé qui remet le magicien d’Oz au gout du jour !

Fantastic Birthday
(Girl Asleep)
Un film de Rosemary Myers
Avec Bethany Whitmore, Harrison Feldman, Matthew Whittet, Amber McMahon, Eamon Farren, Tilda Cobham-Hervey, Imogen Archer, Maiah Stewardson
Australie – 2016
Sortie nationale: le 22 mars 2017 – 1h20

Lire aussi dans nos chroniques cinéma :

Les Oubliés : un film bouleversant qui vous garde sous « haute-tension »

Paula : le portrait fougueux d’une pionnière de l’Art Moderne

Les Derniers Parisiens : un portrait de la faune de Paname

Miss Sloane : John Madden dévoile les dessous des lobbys américains