Dalida : Sveva Alviti fait rayonner la Bambina

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De Florence Yeremian – De son enfance au Caire à son inévitable suicide en 1987, ce très beau film retrace le parcours d’une femme sempiternellement en quête d’amour et de reconnaissance. À travers ses voyages à Cannes, Rome, Paris ou San Remo, il nous fait suivre la carrière ascensionnelle de Dalida en s’attardant particulièrement sur ses multiples conquêtes amoureuses.

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C’est à Sveva Alviti que revient le rôle complexe de cette chanteuse charnelle et dépressive. Aussi belle qu’authentique, la jeune actrice italienne dévore littéralement l’écran avec sa grâce. À la fois sombre et solaire, elle parvient alternativement à traduire les rêves et les fêlures de la pauvre Dalida. A travers sa taille de guêpe, son regard noir et ses lèvres ourlées, Sveva Alviti exprime tout le glamour de la diva mais révèle aussi sa solitude et sa fragilité due aux multiples suicides qui ont ponctué son existence.
Afin de mettre cette madone endeuillée sur un piédestal, la réalisatrice Lisa Azuelos (fille de Marie Laforêt) l’a entourée de magnifiques chevaliers servants. Il en va ainsi de Jean Paul Rouve qui interprète Lucien Morisse, le premier mari de Dalida: à la fois paternel et attendrissant, le comédien compose avec beaucoup de justesse ce pygmalion discret et épris d’amour. Vient ensuite Niels Schneider qui prête ses traits épanouis et son corps ample à Sobieski, l’amant polonais de Dalida : l’oeil gourmand et la mine charmeuse, Niels nous livre avec une élégance particulière un personnage aussi suave que bohème. Dans un tout autre genre, le séduisant Nicolas Duvauchelle incarne avec exaltation la mystérieuse figure du Comte de Saint Germain: pervers, androgyne, excessif et brutal, il possède ce côté aussi rayonnant que destructeur qui a certainement du envoûter la vénale Dalida. Vient enfin Vincent Perez qui se régale à jouer Eddie Barclay avec un humour mondain, et surtout l’étonnant Riccardo Scamarcio qui campe un Orlando plus vrai que nature: maniéré, subtil, protecteur avec sa sœur, il nous offre un chaperon fantasque aux yeux magnifiques !

À travers cette très belle galerie masculine, Lisa Azuelos transforme Dalida en une dévoreuse d’hommes éternellement insatisfaite. Passant d’une proie à l’autre, la Bambina nous ferait presque songer à une nymphomane si le scénario n’était pas si pudique. En effet, malgré les aventures successives de Dalida, l’accent est vraiment mis sur sa triste destinée et sa soif d’absolu. Cette approche analytique est donc doublement intéressante car elle ne privilégie jamais la star au détriment de la femme. Malgré la gloire et les paillettes, Lisa Azuelos n’idéalise pas Dalida, bien au contraire, elle la rend humaine, sensible et victime de ses passions. On pourrait d’ailleurs reprocher à la réalisatrice de trop insister sur l’aspect dramatique de son existence (particulièrement lors des scènes d’enfance qui sonnent faux par l’excès de pathos) mais c’est un parti pris que Lisa Azuelos semble apprécier et parfaitement assumer.
Quels que soient ses choix idéologiques ou esthétiques, son film est un plaisir pour les yeux et les sens. Entre la beauté des acteurs, la profusion des costumes, les chansons de Dalida qui tournent en boucle et les dialogues franco-italiens qui nous bercent les oreilles, l’on ressort de la salle entièrement conquis. Bravo !

Dalida
Un film de Lisa Azuelos
Avec Sveva Alviti, Riccardo Scamarcio, Jean-Paul Rouve, Nicolas Duvauchelle, Alessandro Borghi, Valentina Carli, Brenno Placido, Niels Schneider, Vittorio Hamarz Vasfi, Davide Lorino, Haydee Borelli, Vincent Perez, Patrick Timsit
France 2016
Sortie nationale : le 11 janvier 2017

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