Divines : le premier film audacieux de Houda Benyamina
Par Jonathan Rodriguez – Survivre pour vivre. Mounia et Maimouna sont deux jeunes banlieusardes, en quête de reconnaissance face à la loi impitoyable du libéralisme. Elles sont détonantes, elles sont sublimes et portent littéralement cette première réalisation de Houda Benyamina. Une complicité de tous les instants insufflant à la Caméra d’or cannoise de cette année une véritable bouffée d’air frais. L’atout charme.
Outre ce duo à la sincérité attachante, Divines étonne d’abord par son audace. Il y a combien de temps qu’un premier film français n’avait pas fait preuve d’autant de culot ? Une générosité de tous les instants qui fait un bien fou : ça déborde de vie et ça percute de tous les côtés. Sa mise en scène, elle, regorge d’idées à l’image de ces multiples séquences de danse, d’un pouvoir enivrant remarquable. Ou encore, cette autre scène filmée de face, où les deux jeunes filles s’imaginent à bord d’un gros bolide en plein milieu de leur cité.
Un enthousiasme débordant gage de ses qualités comme de ses défauts. On lui pardonnera ses écueils et cette fin naïve ainsi que le manque de consistance de certains personnages. Mais Houda Benyamina sait convaincre autrement. Par la puissance de ses images, brutes et poétiques, douces et violentes. Par la grandeur de son propos aussi. Récit initiatique, film social, conte, pure tragédie, Divines ne laisse pas indifférent. Il dépeint une jeunesse des quartiers livrée à elle-même et qui doit s’imposer ou s’écraser sous le poids d’une société de plus en plus impitoyable. Au moment d’un dénouement tragique, les motifs d’espoir sont bien présents : essentiellement cinématographiques. Il fallait oser y croire. Les promesses sont donc réelles et confirment que le cinéma français se porte mieux en 2016, enfin.
Divines
De Houda Benyamina
Avec Oulaya Amamra, Déborah Lukumuena, Kevin Mischel, Jisca Kalvanda
1h45 / Diaphana Distribution
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