John le Carré : l’écrivain se raconte

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Par Marc Emile Baronheid – John le Carré qui se raconte, c’est un événement. Les espions en herbe ne trouveront pas dans ses souvenirs matière à un manuel du parfait petit agent secret. Les curieux d’anecdotes et de création littéraire apprécieront davantage.

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Il y a une vie après « L’espion qui venait du froid », roman fondateur d’une certaine manière d’appréhender le monde des agents secrets. le Carré a su ne pas être écrasé ou pollué par le succès et poursuivre une œuvre dont le témoignage le plus récent est une collecte d’anecdotes de sa vie. Une vie parfois en concubinage avec l’Histoire, mais dont il s’est fait une règle de ne rien dévoiler qui soit contraire à une éthique de la confidentialité ou de la loyauté. S’il lui arrive de balancer, c’est essentiellement sur celui qu’il découvre chaque matin devant son miroir. Curieux de la part d’un membre du service de renseignement britannique pendant la Guerre froide ? L’homme est ainsi fait et c’est tout à son honneur.
Puis il est romancier avant tout, et « pour un romancier, les faits sont une matière première, un instrument plutôt qu’une contrainte, et son métier est de faire chanter cet instrument. La vérité vraie, pour autant qu’elle existe, se situe non pas dans les faits mais dans la nuance ». Ceci est une déambulation parmi un monde plus habile à la manipulation que les joueurs de poker.
Etonnant : aucun service secret n’avait prévu la chute du mur de Berlin.
Nombre d’écrivains – dont les noms apparaissent – sont passés à l’acte. Normal : « L’espionnage et la littérature marchent de pair. Tous deux exigent un œil prompt à repérer le potentiel transgressif des hommes et les multiples routes menant à la trahison ». Un anti-Kipling en ferait ses choux gras, pour assurer : imite-les et tu seras un homme, mon fils.

Le tunnel au pigeon
John le Carré, Seuil, 22 euros

( crédit photo Une – Stéphane Cornwell )

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