Inferno de Ron Howard : une descente aux Enfers qui manque de Foi
Par Florence Yeremian – L’aventure débute à Florence à mille lieues de la prestigieuse université bostonienne du Professeur Langdon (Tom Hanks). Allongé dans un lit d’hôpital, l’érudit cryptologue a subi un traumatisme crânien et souffre d’amnésie. Soigné par le ravissant Docteur Brook ( Felicity Jones), il est hanté par des visions de damnation où reviennent sans cesse des images de la Peste Noire.
Tandis qu’il tente de déchiffrer ces hallucinations, une femme s’introduit aux urgences et lui tire dessus. Pris de panique Langdon s’enfuit sans comprendre et se réfugie chez l’énigmatique Mlle Brook. Traqués par la police italienne et l’organisation mondiale de la santé, ces deux fugitifs vont peu à peu réaliser qu’ils sont la cible première d’un psychopathe fermement décidé à anéantir la planète au moyen d’une arme bactériologique…
Quel plaisir de retrouver enfin ce cher Professeur Langdon ! Après ses aventures dans Anges et Démons et Le Code da Vinci, le voici de nouveau enrôlé dans un mystérieux défi ne lui octroyant que douze heures pour sauver le monde.
Inferno : Ron Howard entraîne le spectateur dans une course contre la montre jonchée d’énigmes
Fidèle à lui-même, Ron Howard nous entraine dans une course contre la montre jonchée d’énigmes, de meurtres et de complots. Malgré la beauté des lieux et la maîtrise de la caméra, ce troisième opus ne décolle pas : s’attardant sur l’aspect sentimental de ses protagonistes, le scénario trahi la dimension mystique qui fait indiscutablement toute la saveur des romans de Dan Brown. Dans cette adaptation cinématographique, l’on voit beaucoup d’images fortes ou de splendides vues aériennes de Florence et Venise mais le film manque de références culturelles et dénigre totalement l’aspect historique d’Inferno: certes Ron Howard nous promène dans le baptistère de San Giovanni ou le Palazzo Vecchio mais il le fait froidement, sans aucun lyrisme comme si la substance littéraire et artistique de cette histoire ne l’intéressait pas. Construisant sa trame à l’exemple d’un jeu de piste ou d’un simple polar, il mise sur les effets spéciaux et les scènes d’action au détriment de l’essentiel: ou sont passées toutes les références à l’Enfer de Dante? La poésie métaphysique de cet auteur ? Son amour légendaire envers Béatrice? Et surtout, où est passée la portée prophétique de ses textes si bien retranscrite dans le livre de Dan Brown?
Il ne suffit pas de nous montrer un pointeur de Faraday, une belle fresque de Vasari et un masque de Dante pour nous garder en haleine durant deux heures ! D’une scène a l’autre, tout est trop prévisible et interprété sans réelle conviction: Tom Hanks a l’air fatigué, Felicity Jones joue les génies formatés, quant à Omar Sy, il semble avoir été recruté pour apporter la traditionnelle «French touch » de cette trilogie. Heureusement que l’acteur indien Irrfan Khan confère un peu d’humour au personnage d’Harry Sim et que Ben Foster apporte une dynamique au caractère de Zobrist, le biologiste fou.
À l’inverse du Professeur Langdon qui a perdu sa foi et se laisse dérisoirement manipuler, Zobrist le psychopathe nous fait au moins réfléchir aux conséquences d’une pandémie planétaire : et si le Salut de l’humanité dépendait vraiment de son anéantissement partiel ? Une idée infernale, non?
Inferno? Revoyez vos attentes à la baisse et vous pourrez apprécier ce nouvel opus. Sinon n’hésitez pas à vous plongez de nouveau dans le superbe livre de Dan Brown.
Inferno
Un film de Ron Howard
Avec Tom Hanks, Felicity Jones, Ben Foster, Omar Sy, Irrfan Khan, Siidse Babett Knudsen, Ana Ularu
D’après l’ouvrage de Dan Brown
Sortie le 9 novembre 2016
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