Ulysse Wincoop : un enfant, deux cultures
Par Boris Henry – Ulysse Wincoop est né le jour du massacre de Sioux dans lequel périt le chef Big Foot, le 29 décembre 1890. Un soldat américain l’a recueilli, emporté bien loin, puis l’a confié à sa sœur et son mari. Ulysse grandit, persuadé que ses parents adoptifs sont ceux naturels. Mais différentes tensions apparaissent avant que la vie d’Ulysse ne bascule du jour au lendemain.
Avec ce récit, le lecteur accède à un drame collectif par le biais d’un drame intime. Par les soubresauts que connaît la vie d’Ulysse Wincoop, nous prenons autrement la mesure du massacre des Sioux et l’humiliation permanente et profonde qu’a constitué leur répartition dans des réserves. Par Ulysse, nous pénétrons au cœur d’un récit initiatique, assistant à ce que vit et ressent un enfant contraint, sans y avoir été préparé, de changer plusieurs fois d’existence.
Le dessin de Benjamin Bachelier paraît parfois manquer de précision, notamment dans sa répartition des couleurs. Si cela, manifestement volontaire, peut parfois surprendre, cela apporte une dimension impressionniste et flottante au dessin comme au récit, dimension qui rend cette histoire davantage troublante et touchante. Et c’est l’une des grandes forces de cette bande dessinée : parler d’événements concrets, mais les aborder en conservant une certaine distance.
Le dernier des Sioux
« Ulysse Wincoop » t.1
Éditions Gallimard, collection « Bayou »
Scénario de Marion Festraëts, dessins et couleurs de Benjamin Bachelier
88 pages en couleurs
17,00 euros
Parution : 2015-08-20
ISBN : 9782070655687
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