Littérature : les coups de coeur du printemps 2016
Par Emmanuelle de Boysson – Parmi les essais du printemps, La littérature sans idéal, de Philippe Vilain, (Grasset) éclaire les tendances de la littérature contemporaine. Le constat de Philippe Vilain n’est pas flatteur : la littérature française d’aujourd’hui est en proie à un désenchantement. Des écrits consensuels, dociles, sociologiques, narcissiques voire biographiques. L’histoire aux dépens du style. On pense à des auteurs à l’optimisme béat, en quête de sujets exceptionnels, se servant d’un personnage historique, d’un écrivain ou d’un philosophe célèbre pour nous faire croire qu’il s’agit d’un roman. Quel est le nouveau crépuscule des idoles ? Le diktat du présent, symptôme d’une époque égocentrée où les auteurs se focalisent sur la biofiction, l’autofiction. A la recherche d’un modèle, ils détournent leur sujet, en font leur petite cuisine, dans l’espoir d’attirer les lecteurs. Vendre : tel est l’objectif.
Dans ce culte du réel, on réinvente les faits d’actualité comme Beigbedder dans Windows on the World avec le fantasme de l’apocalypse now. Voire L’inceste de Christine Angot, qui aime à saisir les situations humiliantes, La vie sexuelle de Catherine Millet ou La honte, d’Annie Ernaux. L’autofiction devient une mythologie personnelle où on satisfait son narcissisme afin de doper sa notoriété. La biofiction consacre les nouvelles idoles. De l’ancien, on fait du nouveau grâce à des personnages « connus ». La liste est longue qui va de Christine Orban et ses « romans » historiques sur Joséphine et Marie-Antoinette alors qu’elle n’est pas historienne – choix des femmes les plus illustres de l’histoire souvent liées à un anniversaire – Le manteau de Greta Garbo, de Nelly Kapriélian, Le chapeau de Mitterrand, d’A. Laurain, Lennon, Les derniers jours d’Emmanuel Kant. Que ce soit Agatha Christie ou la reine d’Angleterre, les stars ne manquent pas. On borde, on se documente, on …