David Lefèvre : le regard sans complaisance d’un jeune maire sur la politique

par
Partagez l'article !

Par Régis Sully – Propulsé maire à 23 ans d’une bourgade de la Somme, Friville-Escarbotin, David Lefèvre qui entame son deuxième mandat fait part de son expérience d’élu local dans un livre passionnant de bout en bout.

Partagez l'article !

Méfiant à l’égard des formations politiques traditionnelles, il porte un regard sans complaisance sur le fonctionnement de la démocratie locale que ce soit à l’échelle communale ou à l’échelle départementale. Ainsi il constate qu’un maire efficace dans son travail aura moins de chance d’être réélu qu’un maire incompétent mais sympathique. L’explication tient au fait que la population locale a des difficultés à se faire une idée de la politique menée à l’échelle communale contrairement à ce qui se passe à l’échelon national où les citoyens sont abreuvés de données fournies par les grands médias nationaux. Autre constat, le peu de poids de l’élu départemental où les décisions sont prises par l’administration et les élus de la majorité en amont des réunions de commissions. Le lecteur plongera dans le quotidien d’un maire d’une commune d’un peu moins de 5000 habitants: cela va de ramener dans leur enclos des vaches vagabondes à la gestion plus lourde du personnel communal avec cet aveu de taille : « après trois ans d’exercice , il y a certains agents de la collectivité que je n’ai pas vus travailler parce qu’ils sont en arrêt maladie ». Il y a également la confrontation avec les gens du voyage qui s’installent illégalement dans l’enceinte du stade municipal et que les gendarmes et le premier magistrat sont impuissants à repousser. L’épisode savoureux de ce syndicat intercommunal qui a 300 000 euros de recette et qui en distribue 25000 au titre de sa compétence le reste passe en frais de fonctionnement, retient l’attention. D’autres faits auxquels David Lefèvre est confronté sont relatés et en général ils sont assortis d’une réflexion de l’auteur qui fait que son livre échappe au simple réquisitoire contre le fonctionnement de la démocratie locale.

De son expérience de Maire, l’auteur en a tiré une réflexion qui dépasse largement le cadre local. Sur le plan politique l’auteur trouve insuffisante la démocratie représentative. On doit s’orienter vers une démocratie participative sans pour autant en éluder les obstacles. Ainsi David Lefèvre pointe l’écueil le plus important à surmonter: parvenir à intéresser ceux qui devraient se sentir concernés. Son expérience de maire permet de mesurer le chemin qui reste à parcourir. En effet sur des sujets importants il parvenait en tant que maire à réunir une trentaine de personnes sur 5000 habitants! S’ensuit une série de propositions de réformes assez audacieuses dont une participation citoyenne obligatoire. L’éducation après le fonctionnement de la démocratie est le deuxième sujet de préoccupation avec ce distinguo entre le savoir-vivre et le savoir-faire. Le troisième sujet pour améliorer notre société est l’environnement avec à l’esprit que nos ressources ne sont pas infinies, ce qui oblige à repenser la croissance et notre organisation économique puisque l’auteur prône d’évaluer nos biens produits pas seulement en terme de coûts financiers mais en terme de coût environnemental. A cela l’Etat doit reprendre la main dans un certain nombre de secteurs d’activité.
Au total, un livre sans langue de bois en ce qui concerne les problèmes que doit affronter un maire et une réflexion stimulante à propos des défis que doit relever notre société.

La politique m’a tué
David Lefèvre
Editions du Pays du Vent
16,90 euros

Le site officiel de David Lefèvre

Lire aussi en Société/ Essai :

Gilles Kepel : l’éclairage sur une société fragmentée

Michel Onfray : une plaidoirie qui tombe à pic

Simon Leys : le paratonnerre contre la folie des idéologies

Prostitution : l’entrechoquement du sexe et de l’argent

Les amazones de la terreur : un livre phare

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à