Alain Jourdan - Editions Jourdan - Belgique

Les éditions Jourdan : une recette éditoriale qui fonctionne

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Par Nicolas Vidal – Après avoir longtemps évolué dans le milieu de l’édition, Alain Jourdan a décidé de se lancer. À la tête des Editions Jourdan/ La boite à Pandore, l’éditeur a, depuis ses débuts, utilisé avec succès plusieurs recettes bien à lui pour continuer à développer économiquement sa maison d’édition aussi bien que son catalogue et son nombre de parutions.

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Livres numériques, récits historiques, sujets d’actualités, littérature jeunesse et virage technologique dans les applications mobiles, Alain Jourdan est sur tous les fronts. Rencontre avec un éditeur indépendant et atypique.

Alain Jourdan, vous avez une carrière dans l’édition et une maison d’édition plutôt atypique. Pouvez-vous nous présenter les Editions Jourdan / Boite à Pandore et ses différentes entités en quelques mots ?
Les éditions Jourdan sont en réalité la suite logique du parcours professionnel que j’avais entamé. En effet, je suis passé par la direction d’une maison d’édition scolaire et scientifique qui m’a permis d’apprendre le métier en y appliquant une certaine forme de rigueur. Je me suis surtout servi de ces armes pour vivre une passion et concrétiser un de mes rêves, vulgariser la connaissance bien souvent réservée aux experts et aux scientifiques, la mettre à portée du plus grand nombre de manière qualitative et ce, non seulement au niveau de l’Histoire, avec la marque Jourdan, mais aussi au niveau du parascolaire, avec la marque Je réussis. Nous appliquons ainsi le qualitatif des manuels scolaires à des produits parascolaires destinés au grand public. Nous proposons aux parents des ouvrages beaucoup plus complets, structurés, réalisés par des enseignants et cela, à un prix bien moindre que celui proposé par les autres acteurs du marché. Cette marque est présente en France, en Belgique, en Suisse, aux Pays-Bas et via ses applications en langue française également. Dans la droite ligne de ce qui était Jourdan, j’ai voulu quitter le domaine de l’Histoire pour prendre part aux débats de société à travers une maison d’édition spécialement consacrée aux témoignages, pour donner la parole à des personnes avec un vécu particulièrement intéressant, pouvant servir d’exemple au plus grand nombre, pour leur permettre de coucher leur histoire sur le papier, en les faisant aider, si nécessaire, par des professionnels de l’édition. C’est ainsi qu’est née La Boite à Pandore.

En faisant votre revue de presse, on s’aperçoit que votre maison d’édition repose essentiellement sur un modèle économique littéraire viable qui a fait ses preuves. Peut-on dire que la publication d’un livre est avant tout un projet économique qui doit s’avérer rentable ?
Bien entendu. L’erreur de beaucoup de jeunes maisons d’édition, c’est de ne pas faire attention à l’aspect économique des choses et d’oublier que le livre, même si c’est un produit culturel, même si c’est un coup de coeur, reste un produit qui repose sur un modèle économique viable et rentable à partir du moment où il représente la principale source de revenus d’une société. Le fait de s’intéresser et de faire du culturel ne dispense pas, pour pouvoir le faire, de gagner sa vie et de perdurer. Le manque de revenus tue toute production littéraire ou intellectuelle ou risquerait, à terme, de faire dépendre l’édition de sponsors ou de subsides de l’État, ce qui lui enlèverait toute liberté intellectuelle.

On croit savoir que les Editions Jourdan / Boite à Pandore ne bénéficie d’aucune subvention d’aucune sorte. Pouvez-vous nous en dire plus ce sur ce choix de l’indépendance ?
Effectivement, nous ne bénéficions d’aucune subvention en dehors de celles destinées aux aides à l’exportation que l’on donne à toute société qui exporte et qui participe à des salons à l’étranger. Pour le reste, aucun ouvrage n’est subventionné, ceci partant du principe qu’une des exigences de la qualité d’une production, c’est d’accepter la sanction du marché et un éditeur, comme ses livres, doit trouver son public. Être subventionné, pour moi, correspond simplement à retarder l’échéance par rapport à un marché sur lequel on n’est pas performant. La seule véritable reconnaissance, ainsi que la seule véritable rétribution, doivent venir de la presse et des lecteurs.

« Être subventionné, pour moi, correspond simplement à retarder l’échéance par rapport à un marché sur lequel on n’est pas performant. La seule véritable reconnaissance doit venir de la presse et des lecteurs »

Les Editions Jourdan / La Boite à Pandore ne publient pas de romans. Pourquoi ce choix éditorial ?
les Editions Jourdan / Boite à Pandore publient des romans pour la jeunesse. Elles n’en publient pas encore pour les adultes parce que, en tant que jeune maison d’édition, il est très difficile d’accéder à une quelconque notoriété à travers le roman. Quand on vend un livre d’Histoire, un témoignage ou un document, on vend un titre explicite à un public que l’on peut cerner. Quand on vend un roman, on vend un titre qui n’est pas explicite à un public qu’on ne peut pas cerner. Quand nous sortons un ouvrage sur un expert qui a infiltré les rangs du mouvements islamiste en Syrie, le titre et le sujet sont explicites. Nous pouvons trouver rapidement notre public. La presse s’en empare et la promotion se fait naturellement. Si nous sortions un roman au titre littéraire, avec un auteur inconnu dans le domaine, nous aurions toutes les difficultés du monde, même si le texte était de qualité, pour que, dans le grand nombre d’ouvrages sortant tous les mois dans le genre romanesque, le nôtre puisse émerger et être chroniqué dans la presse. Cependant, ayant acquis une bonne assise au niveau historique, nous pensons tout doucement passer au roman historique, ce qui, pour nous, représenterait, une prolongation naturelle de notre activité première.

 » Quand on vend un roman, on vend un titre qui n’est pas explicite à un public qu’on ne peut pas cerner « 

Aujourd’hui, combien de titres avez-vous au catalogue ? Quelles sont vos meilleures ventes et vos faits d’armes littéraires ?
À l’heure actuelle, nous avons publié plus de 700 titres et nous en avons entre 300 et 350 au catalogue, qui tournent régulièrement.

Quelle est la stratégie les Editions Jourdan face aux livres numériques. Etes vous positionné sur ce marché ?
Oui, nous sommes positionnés sur ce marché. Notre stratégie est de proposer la version électronique de plus en plus de nos titres déjà parus ou à paraître en format papier. Nous avons déjà sorti une centaine de livres électroniques au cours de l’année 2015 et nous en préparons une autre centaine pour 2016. Nous développons aussi des applications pour enfants.

Vous travaillez notamment avec Amazon pour la diffusion de vos livres. Quel regard portez vous sur la place d’Amazon dans le monde de l’édition et plus particulièrement sur la vente de livres ?
Comme pour tous les éditeurs, Amazon est devenu un acteur incontournable du livre. Maintenant, la crainte de voir la plus grande partie du marché accaparée par un seul acteur est grande, car cela n’est jamais bon. Il faut qu’il y ait des concurrents à Amazon. Aussi, il faut absolument que cet élément important du tissu social que représente le réseau de librairies perdure comme vecteur d’accès à la culture et à l’achat impulsif de cette culture. Quoi de plus agréable que de se promener dans une librairie en se laissant aller à la découverte tactile et sensuelle du livre papier, de sa couverture, de son grammage et de son odeur. Par contre, il est nécessaire pour continuer à exister que les libraires traditionnels repensent leur métier en faisant de leur librairie (ce que certains ont déjà fait) des véritables lieux de vie, de rencontres, où il fait bon flâner, s’arrêter, discuter, et, bien entendu, acheter des livres.

Que représente dans votre chiffre d’affaires les ventes de vos livres sur Amazon ? Quel rapport en tant qu’éditeur entretenez-vous avec Amazon ?
Amazon est un de nos premiers clients, au même titre que Carrefour, les espaces culturels et les autres grosses chaînes de magasins. Nous n’avons pas de rapport particulier avec Amazon, celui-ci étant traité comme n’importe quel autre client par notre distributeur Interforum. Nous ne réalisons qu’en fin de mois le chiffre réalisé par celui-ci.

Quelles seront les bonnes feuilles en 2016 des Editions Jourdan ?
Nous avons programmé la sortie du texte de la pièce « Djihad », et de « J’ai été djihadiste en Syrie », les mémoires d’un jeune parti rejoindre les rangs de Daesh. Nous allons également sortir « Les secrets de Monaco », « Sous le soleil… pas exactement! » (relaté par un des acteurs phares de la série Sous le Soleil), « Les couples de tueurs en série les plus monstrueux », « Mon père, ce collabo » (le témoignage d’un enfant de collaborateurs pendant la guerre), « Les plus grandes défaites de l’armée française », « Ce que Walt ne nous a jamais dit » (la véritable histoire des contes que l’on raconte à ses enfants), le témoignage fort et poignant de l’ex-épouse d’un mormon…

Les Editions Jourdan / La Boite à Pandore
Belgique : avenue Paul de Lorraine, 5 – B-1410 WATERLOO – Belgique
France : 1778 route de la Gaggière – 06260 La Penne

Contact :
editorial@editionsjourdan.com ou info@editionsjourdan.com
site officiel : www.editionsjourdan.com

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