Renaud Santa Maria : un second roman sombre et poétique

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Par Laurence Biava – Le malheur sera ta chance, le second roman sombre de Renaud Santa Maria est un livre intéressant sur le deuil, vu du haut des jeunes quarante ans d’un individu resté très ado dans l’âme, d’où la sensation de lire un récit entre ombre et lumière.

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L’auteur se demande comment clore cette adolescence qui se prolonge. La mort d’un très proche va mettre un terme à cette vie d’avant plongeant notre héros dans le doute et les interrogations existentielles. Dans la pénombre du deuil de la mère couve la mutation certaine du fils, mutation perceptible et brillamment narrée dès la moitié du livre. D’où ce titre, légèrement singulier et intrigant.
Augustin a perdu Palma, cet être tant aimé, d’un cancer du sein. Un an après cette mort dont il ne se remet pas, il erre entre la tombe de sa mère au Père Lachaise et le domicile de Pierre, ami de celle-ci. La révélation d’un secret, des preuves d’amitié effervescentes qui scintillent et des périgrénations à Bruxelles mystifient l’ensemble du texte : on revit de l’intérieur les déambulations romanesques et amoureuses de Verlaine et Rimbaud, qui peuplent en partie le récit. Le malheur sera ta chance possède un charme envoûtant, presque mystique, où l’on guette les signes : sans doute parce qu’il est continuellement question de foi chrétienne.
L’écriture est lyrique et bavarde. Les dialogues sont enlevés, mutins. La réflexion philosophique autour de la disparition est bien menée. Le texte –autofictif ( ?) – , plein d’acuité et d’allégresse –aussi – rend bien cette impression de nostalgie qui gambade perpétuellement autour des mots ourlés. Augustin est tout le temps grave, ou triste, avec un regard qui guette, scrute, et une humeur altérée que viennent soulager ses fidèles amis. Ses introspections sont intéressantes et le lecteur se laisse envahir et pénétrer par le flux tendu de cette quête incessante, faite de mysticisme.
Renaud Santa Maria a écrit un très beau livre poétique, plein d’espoir autant que sombre, un peu métallique, servi par une écriture ciselée, juste, intransigeante et condensée. Une réussite.

Le malheur sera ta chance
de Renaud Santa Maria
Editions Belfond
264 pages

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