De Nina Simone à Emimen, Kellylee Evans a cette facilité déconcertante à se lancer aujourd’hui dans un album aux textes plus intimistes, elle qui continue «d’apprendre à chacune de ses chansons» qu’elle apppréhende «comme des révélations». Come On mérite le détour et Kellylee Evans nous communique son énergie à l’aube de ses 40 ans dans un style bien à elle.
Comment s’est passée votre rencontre avec le Jazz ?
Une connaissance m’expliquait son amour pour le jazz qu’elle chantait alors au collège. D’après elle, ce genre musical était particulièrement difficile à apprendre. J’ai pris ça comme un défi et j’ai commencé à écouter du jazz. Jusqu’à ce que j’en arrive à vouloir devenir chanteuse de jazz. Mais je ne connaissais personne à l’époque et je ne côtoyais aucun musicien. Un jour, je me suis perdue dans les couloirs de mon université et je suis tombée une affiche de «jazz combos» et qui invitait tout le monde, même ceux comme moi qui n’était pas inscrit dans une fac de musique à y participer. J’y suis donc allée.
Pouvez-vous nous parler de votre rencontre avec Lonnie Plaxico en 2001. Vous a-t-elle jeté dans les bras de votre carrière musicale ?
J’ai participé à un bœuf qui se déroulait à cette époque après les concerts du festival de jazz à Ottawa. J’étais au bar et Lonnie Plaxico est venu s’asseoir à côté de moi. Il était venu jouer avec Ravi Contrane pour le festival. On a commencé à discuter et je lui ai dit que j’étais chanteuse. Il m’a convaincu de venir chanter avec lui et ses autres musiciens. J’ai accepté. C’était une expérience magnifique et nous avons alors échangé nos contacts. Quelques mois après, quand j’ai eu fini d’écrire les chansons de mon premier album, je l’ai contacté pour produire l’album. Il a dit oui et je lui a donné mon «casting» pour le réaliser. Même aujourd’hui, je suis toujours très fière de cet album. Ces souvenirs sont gravés dans ma mémoire. Ce sont mes premiers pas.
«Faire découvrir la musique de Nina Simone au public le plus large possible. De pouvoir jouer ces chansons d’amour et d’espoir. De chanter Feeling Good tous les soirs et de réaffirmer mon but d’être la plus heureuse du monde»
3 ans plus tard, vous remportez le deuxième prix du Thelonious Monk Institut of Jazz, composé d’un jury très prestigieux. Quel regard portez-vous rétrospectivement sur cette consécration ?
Même avant, je savais que ma participation dans ce concours changerait ma vie. Et c’est exactement ce qui s’est passé. La chance de cotôyer le jury, les musiciens liés à l’institut, ainsi que d’autres chanteurs dans le concours. C’était énorme. Et ça continue. L’institut continue de travailler avec moi, en me demandant de chanter dans leur spectacles. J’enseigne dans leur programme avec les jeunes étudiants. Ils m’ont immergé dans le monde professionnel du jazz d’un seul coup et ils m’ont accueilli comme l’un d’entre eux. Imaginez ce que cela peut conférer à une jeune débutante comme expérience.
En 2010, vous sortez un album dédié à Nina Simone qui vous a révélé au public français. Qu’est ce qui vous a plu dans ce projet ?
Faire découvrir la musique de Nina Simone au public le plus large possible. De pouvoir jouer ces chansons d’amour et d’espoir. De chanter Feeling Good tous les soirs et de réaffirmer mon but d’être la plus heureuse du monde.
Vous faites preuve d’une singularité musicale étonnante. On pense notamment à votre album «I remember when» où vous reprenez des standards groove et rap à l’image de vos sensibilités musicales. Pourquoi ce choix, Kellylee Evans sachant que la création de cet album a une histoire toute particulière ?
Chaque projet pour moi est une révélation en soi. Je trouve que j’apprends plus sur moi-même avec chaque morceau et que j’en révèle plus au monde aussi. Dans cet album, j’ai voulu dévoiler mon amour pour la musique Soul et hip-hop avec laquelle j’ai grandi. Et lier tout ça avec le jazz, la musique de mon travail, et la scène. Je continue d’être honnête avec ma musique aujourd’hui grâce à mon nouvel album. J’écoute et j’adore beaucoup de genres différents. Je voyage à travers le monde. J’ai des amis de différentes cultures. Je suis très influencée par le monde qui m’entoure. Du coup, tout cela se retrouve dans ma musique, comme dans ma vie.
Les deux albums évoqués plus haut sont très différents et pourraient incarner à eux seuls le large spectre musical dans lequel vous pouvez évoluer avec une facilité remarquable. Qu’est ce qui vous incite Kellylee Evans à être aussi polyvalente alors que d’autres ont tendance à se contenter d’un répertoire en particulier ?
Je crois que je suis comme beaucoup de gens qui ont envie d’évoluer, d’apprendre et de s’améliorer. J’adore aborder de nouvelles épreuves et les développer par moi-même. Du coup, quand il est temps de travailler sur un nouveau projet, il n’y a pas d’intérêt à revenir sur mes pas. J’avance. Je fonce. J’essaie.
« Je crois que je suis comme beaucoup de gens qui ont envie d’évoluer, d’apprendre et de s’améliorer »
Qu’est ce vous apporté Eric Legnini dans votre carrière ?
Eric m’a apporté de la complicité, de l’amitié, de la fraternité, de la foi, de la joie, sa musicalité, son savoir faire, sa passion, sa ténacité, son talent. Je crois que cela s’entend.
Que représente ce nouvel album dans votre carrière, Kellylee Evans ? A-t-il une saveur particulière ou marque-t-il simplement votre évolution musicale ?
Justement c’est l’évolution. Et j’ai hâte de continuer. Je pense même à mon prochain album.
Ce nouvel album, une nouvelle fois, vous ressemble, situé à la convergence de plusieurs styles entre le jazz, du groove et de la soul. Quel est sa genèse ?
Cet album est né sur scène. J’ai regardé le public s’éclater pendant My Name Is et And So We Dance et j’ai toute de suite su que mon album suivant devrait être plus puissant, qu’il devrait faire danser et devrait être par dessus tout vivant.
J’ai écouté le dernier Bruno Mars, doo wop and hooligans, l’ancien Mark Ronson, Version et je les ai fait écouter à Éric Legnini en lui disant que c’était dans cette direction que je souhaitais aller.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le titre Hands Up ?
Avec la reprise de Lose Yourself d’Eminem réalisée pour I Remember When, on parlait de l’idée de lâcher prise à la musique. Avec Hands Up, c’est l’idée de lâcher prise à la vie, à votre guide intérieur, à votre intuition. J’ai trouvé que ma vie était plus simple en faisant cela. Mais en même temps, c’est effrayant. Ce n’est pas du tout évident, au moins, pas pour moi qui veut tout maîtriser, tout contrôler. C’est un vrai travail en soi. Mais les résultats sont aussi surprenants que cela vaut la peine d’y essayer !
Kellylee Evans « Come On»
Decca Records
> L’album « Come On» de Kellylee Evans est sorti le 6 novembre 2015 en France
Le site officiel de Kellylee Evans
Concerts 2015 – Kellylee Evans
Novembre 2015
27 Cognac, France
Décembre 2015
4 Chalon en Champagne
8 Paris – Cafe de la Danse
11 Bourges, FR – Maison de la Culture
17 Boulonge-Billancourt, Carré Belle Feuille