Jax Miller : furia au Kentucky
Par Marc Emile Baronheid – « La maison sent le citron et le cake à la banane. Une trotteuse égrène les secondes dans le salon douillet. Les canapés anciens donnent l’impression de ne jamais avoir été utilisés; des pelotes de laine rose et une paire d’aiguilles à tricoter sont posées sur
un fauteuil à bascule dans un coin de la pièce, près d’une petite fenêtre avec vue sur l’allée du garage ». Enfin un polar paisible, où tout est calme et ronronne du plaisir de vivre ? Absolument pas. Ceci était la seule trêve, dans un récit halluciné et violent. Un moment incongru, comme trois mesures de Laurent Voulzy glissées dans un déferlement de Death Metal. La partition est emportée par Freedom Oliver, une alcoolique suicidaire. Elle tente depuis des années d’échapper à sa belle-famille qui veut lui faire la peau, non sans lui infliger au préalable les pires sévices. Son parcours est une odyssée désespérée à travers un long « couloir sombre qui empeste les cailloux de crack et la pisse aux antibiotiques ». On y croise une terrifiante brochette de dégénérés : Pieds Nickelés furieux, fanatiques religieux, flics véreux. Parfois, une âme pure tente de canaliser le cyclone dévastateur propagé par Freedom. Enragez-vous qu’elle disait.
« Les infâmes », Jax Miller, Ombres Noires, 21 euros
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