Natür Therapy : une crise existentielle à la scandinave

par
Partagez l'article !

Par Florence Yérémian – bscnews.fr / Martin vit en couple avec Sigrid et leur petit garçon. Du haut de ses trente ans, il se remet totalement en question et décide de partir seul en randonnée pour faire le point avec lui-même. Le temps d’un week-end, Martin va ainsi se laisser submerger par ses regrets, ses désirs sexuels et sa culpabilité paternelle en tentant de trouver dans la magnificence de la nature des réponses à son mal de vivre.

Partagez l'article !

Réalisé et interprété par Ole Giaever, ce singulier long métrage débute au coeur d’une petite ville norvégienne. Dans cet havre de paix aussi isolé que monotone, les habitants tentent d’occuper leurs corps et leurs esprits à coup de soirées où chacun finit par être inévitablement saoul ou cocufié. Lassé de cette routine insignifiante, Martin ne trouve pas d’avantage de réconfort auprès des siens: il ne partage plus rien avec sa femme depuis belle lurette et il incapable de communiquer ou de jouer avec son propre fils. Sa soif d’ailleurs et de liberté l’entraine donc en pleine nature où il entame une long processus introspectif mené sur le ton d’un monologue. Tandis qu’il marche et parcourt la montagne, le spectateur entend sa voix intérieure et suit la trajectoire de ses pensées: Doit-il divorcer? Refaire sa vie? Partir voir d’autres horizons? Ses angoisses intimes se percutent, s’entrechoquent puis elles font étrangement place à des considérations beaucoup plus vénielles : en effet, qu’il pisse dans les étangs ou se mette à courir la verge au vent, le cerveau de Martin finit toujours par se focaliser sur son vit ! Fidèle à l’esprit scandinave qui aborde la sexualité de façon ultra libérée, ce protagoniste hors du commun n’a aucune inhibition et partage allègrement ses parties de masturbation avec le public. Mieux vaut prendre cela au second degré pour en rire de bon coeur car ce film a effectivement pas mal d’humour. Avouons cependant que les excès masturbatoire de Martin n’apportent vraiment pas grand chose à son hypothétique quête de soi. Sauvé par l’autodérision et l’image très saine que diffuse l’athlétique Ole Giaever, le scénario de Natür Therapy évite de justesse de tomber dans l’exhibitionnisme. On se dit néanmoins que ce personnage présente d’avantage un souci de libido qu’une souffrance intérieure et qu’il est fort possible que son auteur-interprète aie de son côté un véritable problème d’ego.

Au lieu de focaliser incessamment sa caméra sous sa ceinture, Ole Giaever aurait du construire concrètement un questionnement autour de la solitude humaine, du silence destructeur qui se crée au sein d’un couple ou du besoin vital de communiquer avec ceux qui nous entourent. Filmé au coeur de forêts luxuriantes et de cascades sauvages, il aurait également pu trouver un écho réconfortant dans cette magnifique nature et la rendre définitivement salvatrice. Il en va hélas tout autrement: ses soliloques autour de son pénis finissent par être aussi fatigants que sa voix monocorde qui ressasse en boucle des fantasmes dignes d’un étudiant attardé. Bien qu’Ole Giaever tente de rendre son protagoniste névrosé et vulnérable, son plaidoyer sonne faux : Martin n’a pas de véritable mal-être, il se ment à lui-même, fuit toute réalité et refuse d’assumer son rôle d’époux autant que sa responsabilité de père. Aussi lâche que puéril, il appartient à une génération d’hommes-adolescents pour lesquels prévalent l’amusement et la jouissance immédiate. Impossible donc de plaindre ce malheureux « branleur » ou d’adhérer à sa prétendue mélancolie car sa pseudo-crise de la trentaine ne dépend en fait que d’un simple effort de volonté.
Bien qu’Ole Giaever exprime à l’écran ce que la plupart des gens pensent tout bas, il est regrettable de voir ce réalisateur s’entêter dans un étalage caustique de sa personne qui n’entraine son public vers aucune réflexion.

Natür Therapy? Un scénario débridé qui ne vole pas plus haut que la ceinture…

Natür Therapy (Mot Naturen)
Un film de Ole Giaever
Avec Ole Giaever, Marte Magnusdotter Solem, Sivert Giaever Solem, Rebekka Nystabakk
Norvège – 2014 – 80 minutes
Conseillé aux plus de 16 ans
Sortie nationale: le 9 septembre 2015

Lire aussi :

No Escape : une montée d’adrénaline qui séduira le grand public

Martin Armstrong : Oracle de la finance ou manipulateur de génie ?

La Volante : Nathalie Baye part en Vendetta !

Ant-Man: Un Marvel plein d’humour !

Dior et moi : les prémices d’une collection couture signée Raf Simons

Snoopy : ses débuts au cinéma !

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à