Cyril Teste : « Le théâtre politique est un théâtre qui observe un système avant de le dénoncer… »
Par Hugo Polizzi-bscnews.fr/Après un accueil triomphal lors du Printemps des Comédiens 2013, festival où a été créée la pièce, Nobody revient en force pour l’édition 2015 : une seconde version sous une forme hybride, mélant performances filmique et théâtrale. Inspiré de Falk Richter, ce texte nous plonge dans le quotidien professionnel et privé de Jean Personne, un employé chargé de restructuration d’entreprise. Préposé aux licenciements, il voit peu à peu son désarroi grandir au fur et à mesure que son travail — et les conséquences qu’il implique — s’immisce dans sa vie de couple et prend racine dans son esprit. Combien de temps encore réussira-t-il à (sur)vivre dans ce milieu hostile ? Cyril Teste, metteur en scène de Nobody, a accepté de revenir sur ce projet qui défie les conventions théâtrales.
Quelle a été l’impulsion initiale pour créer cette pièce?
Je dirais que l’impulsion initiale a été la rencontre avec les acteurs du collectif La Carte Blanche. Je les ai rencontrés au sein de l’École Nationale Supérieure d’Art Dramatique (ENSAD) de Montpellier et en les voyant, je me suis dit qu’une collaboration était possible. C’était une sorte de pari un peu « fou ». Connaissant bien Falk Richter, puisque je travaille beaucoup sur ses textes, je trouvais que son écriture correspondait tout à fait au jeu de cette équipe. Au départ, l’impulsion était humaine. Puis, voulant creuser le sujet du monde du travail, je me suis très vite aperçu qu’avec eux, un projet autour d’un montage de textes de Falk Richter était la plus belle façon de traduire ce que j’avais à dire au moment où j’avais à le dire.
Antihéros malgré lui, le personnage de Jean Personne souffre de n’être qu’un numéro parmi tant d’autres employés. Lui-même consultant en restructuration d’entreprise chargé des ressources humaines — et des licenciements — sait le crédit que son entreprise accorde aux salariés. Elle dispose de lui comme d’un vulgaire pion et le dépouille de son intimité et de son identité propre jusqu’à sa vie de couple. Selon vous, le monde de l’entreprise, en tant que vecteur de productivité et de richesse, tend-il à effacer les questions humaines ? Et pourquoi?
Je crois que Nobody va au-delà du monde de l’entreprise. Le monde de l’entreprise est un prisme que nous utilisons pour traiter de questions sociétales et politiques. Autrement dit, compte tenu de la façon …
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