Agathe Iracema - Feeling Alive - V.Vial

Agathe Iracema : une voix envoûtante

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Par Nicolas Vidalbscnews.fr / Agathe Iracema est franco-brésilienne, élevée dans la musique en général et dans le Jazz en particulier. La jeune chanteuse vit littéralement pour la musique. Ce nouvel album «Feeling Live» de sa formation Agathe Jazz Quartet est une démonstration formidable de talent, de fraîcheur, de maîtrise et de plaisir. Elle nous a accordée une longue interview où elle évoque à coeur ouvert son indissociable bonheur musical de ce qu’elle est au plus profond de son identité.

propos recueillis par

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Pourquoi votre choix pour cet album s’est-il posé sur un programme hybride entre reprises et compositions ?
J’ai eu la chance de commencer à chanter dans ce Quartet très jeune, vers 15 ans. À l’époque, j’écrivais déjà quelques poèmes, des textes et quelques chansons de temps en temps. Mais je ne m’imaginais pas du tout les dire sur scène.
Il faut dire que j’ai placé la barre très haute dès le début. Nous avons monté un répertoire de standards de Jazz avec le contrebassiste Juan-Sébastien Jimenez qui était déjà un musicien aguerri. Il m’a proposé toute une série d’arrangements qui m’ont beaucoup enthousiasmés, avant de me présenter à des musiciens professionnels. Quelques mois plus tard, le Agathe Jazz Quartet donnait son premier concert au Café Universel Jazz Club. J’ai commencé à apprendre le métier sur le tas. Cela a mis du temps avant de proposer mes premières compositions ‘’ Believe in Romance’’ et ‘’Mister perfect game’’ notamment ..

J’ai passé beaucoup de temps, et j’ai pris beaucoup de plaisir à développer tout ce qui touche au travail d’interprétation, de diction et d’improvisation. Avec les années, j’ai peu à peu pris de l’assurance et j’ai commencé à proposer quelque chose de plus personnel. J’ai toujours été énormément inspirée par les propositions de Sébastien Jimenez et je continue de travailler avec lui pour développer mes idées et les mettre en forme. Nous avons co-écrit la plupart des arrangements de ce nouveau projet, certains ont été entièrement ré-arrangés par J.S Jimenez comme ‘‘Soflty as in a Morning sunrise», Un vrai coup de coeur. À ce jour, Il y a quatre (dont trois nouvelles) compositions dans le répertoire. Je continue de travailler sur de nouvelles compositions, et de nouvelles idées d’arrangements. Comme beaucoup, j’adore reprendre de vieux morceaux et les faire revivre sur scène, comme reprendre de grands Hits. Lorsque l’inspiration est au rendez vous, je trouve naturellement une façon de les réinterpréter à ma manière. Une fois que je connais la chanson, ça me vient tout naturellement ou je cherche autre chose. Quoi qu’il en soit, je cherche comme beaucoup à créer quelque chose d’authentique et d’unique. J’aimerais composer d’avantage.. Le temps fait son oeuvre. En attendant, je m’essaie chaque jour à l’éveil de cette impulsion créatrice naturelle. À travers la musique, la peinture, ou sous n’importe quelque autre forme que ce soit.

Quand êtes-vous tombée amoureuse de la musique, Agathe Iracema ?
J’ai toujours aimé la musique aussi loin que je me souvienne.

D’où vient le titre de l’album Feeling Alive ?
C’est le titre de l’une des compositions de l’album que j’avais commencé à écrire il y a quelques années déjà. Un premier jet resté sur le côté, repris et développé tout au long de l’élaboration de ce projet. C’est un morceau qui parle de mon rapport à la musique, et plus implicitement de mon rapport au public. De cette force qui m’anime, qui nous rassemble les uns autres autour de ce projet, et de la musique en général. Il y a eu un petit temps de réflexion, mais une fois l’album enregistré, le Titre «Feeling Alive» sonnait comme une évidence. C’est une déclaration, un souhait, un vœu d’allégeance à la musique et l’amour. Et une façon de dire merci à la vie et à tous ces gens qui soutiennent ce projet de près ou de loin. Cet album, c’est un peu l’aboutissement de 7 années de travail avec le Agathe Jazz Quartet. Le témoignage de belles leçons de vie, et l’envie de les partager avec qui veut.

Comment définiriez-vous vos racines musicales et quelles places ont-elles dans votre musique ?

Bonne question … Je m’enracine encore un peu plus chaque jour… ( rires). Ayant grandi dans une famille de mélomanes, j’ai eu la chance d’entendre une grande diversité de genres musicaux et ce, dès mon plus jeune âge. Je dansais avant même de savoir vraiment marcher.. J’en déduis que j’ai toujours été sensible à la musique. C’est cette sensibilité qui me porte aujourd’hui. Née en France d’origine Brésilienne, j’ai eu la chance de grandir avec une double culture. Cela ouvre sur beaucoup de choses. Une infinité de chose, à découvrir et redécouvrir.
Alors, j’ai un peu de mal à prendre racine parfois, j’aurais plutôt tendance à partir dans tous les sens, là ou bon me semble. J’aime l’idée de pouvoir passer d’un genre à un autre. D’un style à un autre. Mais ce n’est sûrement pas la meilleure façon de développer quelque chose de concret. Alors, j’essaie de me concentrer sur une chose à la fois. Certains verront ce projet comme un exercice de style. Mais pour moi, c’est bien plus que ça. J’y mets toute mon âme. Je me suis véritablement passionnée pour les chanteuses comme Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, Nat king cole, Carmen Macrea, Nina Simone, Cab Caloway… La liste est très longue.. Mais j’ai aussi été profondément touchée par des musiciens comme Kenny Barron, T.Monk, Horace Silver, Chet Baker, Dave Brubeck, Marie-Lou Williams et les musiciens qui les ont accompagnés. Là aussi la liste est longue. Je n’en finis pas de découvrir les merveilles proposées par les artistes qui ont marqués les grands courants musicaux americains des années 1930 aux années 1980.

Et ne parlons même pas de la Motown, du rock et ses différents courants ! Il y a tellement de choses dont je suis fan. J’aime tout ce qui donne envie de croquer la vie à pleine dents ou qui aide à mieux la comprendre et mieux la vivre. C’est là tout l’intérêt de la musique, non? C’est cela qui me donne des ailes ! Et si je me suis lancée à fond dans un quartet de Jazz, c’est parce que c’est une musique qui m’a emplit jusqu’au plus profond de mon âme, un moyen d’expier ma souffrance et mes peurs. C’était aussi pour moi une musique de grand ! – (rire) – Et je voulais être une grande! (rire) mais surtout une musique de liberté, et de joie de vivre avant tout même s’il existe un foule de contre exemples.

Quand je vois la considération et la place du jazz aujourd’hui à l’échelle planétaire, comme un vestige figé, à conserver tel quel et qui subsiste à travers les grandes légende du jazz encore vivantes et les virtuoses, les interprètes contemporains des standards de jazz. J’ai envie de faire partie des gens qui le défendent comme une musique actuelle, pour ce qu’il est, et non pas ce qu’il a été afin de mieux le comprendre et de le partager. Les artistes comme Esperanza Spalding ou Gregory Porter me donnent de l’espoir. Cette musique m’a apporté tellement de réconfort et m’a fait tellement de bien. Quand je vois que la musique la plus diffusée aujourd’hui est la musique commerciale, cela me donne envie de me battre. Je n’ai même pas l’impression d’avoir le choix. J’espère faire un jour partie des artistes qui ramèneront une musique honnête et éthique sur le devant de la scène, la musique digne de l’héritage des grands noms qui ont marqué l’Histoire de la Musique, et qui nous sauvent aujourd’hui de la misère culturelle. comme celle de Stevie Wonder! Si j’ai un idole, c’est bien lui ou Djavan! Pour moi ils sont tout ce qu’un musicien peut espérer être.


Pourquoi ce choix d’inviter Nicolas Folmer (trompette) et Mr Funk Trombone Fred Wesley sur cet album ?
Nicolas Folmer, c’est la bonne fortune. Une rencontre, des connaissances communes avec Rémi Vignolo qui nous ont mis en relation. Cette rencontre s’est faite naturellement. On s’est dit que ce serait super un solo de trompette sur «Go lost». Ensuite, le nom de Nicolas est très vite revenu dans les esprits et nous avons eu la chance de pouvoir faire ça avec lui. Fred Wesley, j’ai eu la chance de faire une des ses premières parties. C’était la première prise de contact. Je suis revenue le voir alors qu’il passait au New Morning à Paris quelques mois plus tard. J’ai eu la chance de pouvoir discuter avec lui et son équipe, et cette discussion s’est soldée par ses paroles : « Si tu a besoin d’un Tromboniste, voilà mon numéro de téléphone» j’ai tout de suite sauté sur l’occasion!

Quel rapport entretenez-vous avec le chant ? Auriez-vous pu jouer d’un instrument ?
J’aime toucher à tous les instruments. Je ne sais pas vraiment comment et où trouver le temps d’approfondir la pratique d’un instrument en particulier afin de pouvoir m’accompagner, ni lequel. Je joue donc un peu de piano, un peu de guitare, un peu de percussion. J’aime m’essayer à la batterie, à la basse. J’ai fait de la contrebasse au conservatoire pendant deux ans mais je ne n’en ai pas retenu grand chose. La pratique s’oublie bien plus vite que le vélo. Le chant, c’est une approche beaucoup plus directe et beaucoup plus spontanée. J’ai dépassé de loin le niveau que je peux avoir avec un instrument depuis longtemps. mais je ne désespère pas qu’un jour, on entende autre chose que de mes cordes vocales. En attendant je cherche les musiciens qui me parlent et qui m’inspirent.. Et j’ai de la chance. Je trouve!

Sur scène, vous semblez prendre un plaisir immense à chanter jouant avec votre propre voix. Est-ce le cas ?
Bien sur! Je chante et je joue aussi. Dans l’interprétation, il y a un peu d’acting. Mais je joue ce qui me plait. Personne ne m’impose de choix artistique. Je n’ai aucune raison de faire semblant de prendre du plaisir. et je ne fais pas que chanter la joie et la bonne humeur. Je chante également ma colère et mon indignation aussi, je chante ma tristesse. En somme, je chante la vie!C’est loin d’être que de plaisir. Car «tout ce qui n’est pas un plaisir et une expérience» Plaisir ou pas, c’est de l’Amour!

De quelle chanteuse de Jazz vous sentez-vous le plus proche ?
Je ne sais pas. Je ne me considère pas exclusivement comme un chanteuse de Jazz. Et je ne souhaite en aucune cas être madame Bis, J’essaye de faire ma sauce et j’assaisonne avec un peu avec les artiste que j’aime. Mais ils sont trop nombreux pour en faire une liste détaillée.

Si vous deviez mettre en avant un seul morceau de cet album qui vous représente le mieux, lequel serait-il ?
Feeling alive

Agathe Jazz Quartet
Feeling Alive
Neu Klang Records
www.agatheiracema.com

(Crédit Photo V.Vial)

Les prochains concerts d’Agathe Iracema :

> 24.05.2015 Paris, Festival Jazz à St-Germain-des-Près
> 05.06.2015 Chambery, Jazz Club de Savoie
> 26.06.2015 Paris -Sunside
> 28/06/2015, Wolfisheim , Wolfijazz

( Nicolas Vidal – @Nicolasbscnews )

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