FIBD 2015 : rencontre (dessinée) avec Denis Barjam

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Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ C’est davantage une rencontre bavarde en mots qu’en dessins qu’a proposé au studio du théâtre d’Angoulême Denis Barjam, scénariste et dessinateur de bande-dessinée. Avec sa série Universal War One (publiée chez Soleil), puis, dès 2013, avec la suite Universal War Two ( publiée chez Casterman), il est devenu une référence de la bd de science-fiction.

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On découvre d’abord un artiste modeste qui affirme détester son dessin depuis que son oeil fréquente les grands maîtres :  » Mon oeil est devenu précieux et délicat quand je regarde les oeuvres de Vélasquez, par exemple, mais ma main, par contre, ne suit pas du tout. » S’il devait citer une oeuvre qui représente pour lui l’essence de la bd, ce serait Les carottes de Patagonie de Lewis Tronheim. Denis Barjam s’affirme comme un  » narratif » et ce qui l’enthousiasme avant tout donc, c’est  » la qualité d’enchaînement des cases ». C’est avec les Tintins de la maison familiale qu’il se passionne pour la bd, avec Hergé qui est « capable de faire trois cases en une »…viendront plus tard les comics de super-héros.

Comment a-t-il trouvé son style? Mauvaise question pour l’auteur. » Il faut juste s’accomplir personnellement. » Le style naît de ce qu’est intrinsèquement l’individu. Denis Barjam est d’une génération qui se partageait entre  » la génération Delcourt et la génération « associations » ». Il a longtemps hésité entre ces deux tendances de la bd jusqu’à choisir d’être fidèle au lecteur qu’il était adolescent. Faire donc une bande-dessinée « populaire » de super-héros. Sans doute parce qu’il était  » très fasciné par la culture anglaise ( The Beatles, Chapeau melon et bottes de cuir..) » et qu’il « aime l’art simple, touchant et accessible. » En plaisantant, il affirme qu’il est « doublement libre » dans son art car personne n’a le regard rivé sur la bande-dessinée ( par rapport aux autres genres) et que « la SF est un genre méprisé en France ». Et ça lui convient. Denis Barjam est un auteur décomplexé.

Si l’héroï-fantasy a quelque chose, dans ses ficelles narratives, de l’ordre de la psychanalyse, le caricatural  » Je suis ton père » pouvant l’illustrer, Denis Barjam a choisi la SF pour sa portée politique :  » c’est un genre qui parle de la société d’aujourd’hui. Quand je parle du futur, je n’anticipe pas ce qui va se passer dans 100 ans, j’évoque les problématiques actuelles. » Il ajoute :  » Quand j’ai commencé à faire de la bd, on était dans le libéralisme triomphant qui ne se souciait pas beaucoup de l’écologie, par exemple. Et on est encore un peu dans l’euphorie en tant qu’espèce si l’on réfléchit bien..puisqu’on parle maintenant de réchauffement climatique, que la prise de conscience est réelle, mais qu’on ne fait toujours rien… ».

Côté technique pure, Denis Barjam travaille avec Photoshop et nous en fait une démonstration. On découvre un portrait de femme qui s’esquisse, au fur et à mesure, d’un magma de couleurs initial : « J’aime bien mon côté grouillot, sortir la forme, l’extraire d’une masse au départ informe, dégager un dessin de la matière et de la couleur. »

Quoi de plus? Sinon peut-être une expression qui restera, celle du  » diplodocus de scénario »...et puis simplement redire que, même si l’auteur a un propos pertinent, il semble qu’une rencontre dessinée soit avant tout une démonstration graphique durant laquelle l’auteur, en même temps qu’il utilise son stylet, son crayon, son stylo ou son pinceau, bavarde…et pas le contraire. Peut-être aussi est-ce aux intervieweurs de l’anticiper…

Rencontre dessinée avec Denis Barjam

Studio, Théâtre d’Angouleme, samedi 31 janvier 2015 à 10h.

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