Sueurs froides pour l’été

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Par Marc Emile Baronheid – bscnews.fr/ L’ours polar et le bikini feront bon ménage, de la mer à la montagne, tout le long d’un été où vous prendrez le temps de frissonner en tournant des pages qui vous emportent là où vous n’imaginiez pas aller.

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Au mauvais endroit au mauvais moment. Serveuse d’un bar branché New Yorkais, Maureen, n’en croit pas ses yeux lorsqu’elle surprend, Dennis, le manager du club en situation délicate avec Sebastian, un politicien influent. Malgré un credo lui recommandant de « rester de marbre face aux égarements de la clientèle », la jeune femme se retrouve au centre d’un cyclone périlleux. Dennis est découvert mutilé sur les rails du tramway. C’est le début d’une traque impitoyable, orchestrée par Sebastian, dont le cynisme et la détermination impitoyable
n’augurent rien de bon. Jusqu’où un individu sans scrupules est-il capable d’aller pour parvenir à ses fins ? Glaçant et cruel, le premier roman traduit en français d’un auteur dont on reparlera.

▶« Face au mal », Bill Leohfelm, Belfond noir, 20,50 euros

L’odyssée du chevalier blanc. David Arnason est inspecteur de police en Islande. L’enquête banale qu’il mène sur le meurtre d’une femme va se révéler d’une complexité inattendue. Elle révèle les activités criminelles de cols blancs, en même temps qu’apparaissent la concurrence et la rivalité entre les polices, l’existence d’enquêtes parallèles et la confrontation d’intérêts divergents. C’est l’imbroglio. Arnason est pris dans l’œil du cyclone. Le credo des uns et des autres : jouer avec les lois et les règles autant que possible et, au besoin, franchir la ligne jaune. Le système a beau être infaillible, les personnes qui l’utilisent en sont autant de talons d’Achille. Arnason est prêt à faire tomber les têtes, s’il en a le temps avant que la sienne tombe… Le parcours professionnel de l’auteur en fait un orfèvre en la matière.

▶« Une ville sur écoute », Jon Ottar Olafsson, Presses de la Cité, 22 euros

On prend les mêmes et on recommence, avec l’analyse du crime organisé dans les trois Amériques. L’auteur est spécialiste du renseignement militaro-industriel, du terrorisme et de la criminalité structurée. Il montre comment les organisations criminelles se jouent des frontières, connaissent une expansion irrésistible et menacent plus que jamais les états démocratiques en s’attaquant à leur économie. Le problème n’est pas nouveau, mais il est utile d’en montrer les conséquences et de se demander qui menace le plus notre société : les mafieux ou les criminels en cols blancs.

▶« Le crime organisé du Canada à la Terre de Feu », Alain Rodier, éditions du Rocher, 19,90 euros

Paradis du crime organisé ? Marseille est piégée par des clichés qu’elle a parfois contribué elle-même à développer. Cité du marasme social, elle entretient bon gré mal gré des foyers de désespoir et de violence. Les auteurs des quatorze nouvelles noires de ce volume n’entendent pas l’accabler en rappelant que les minots y tombent sous les balles et que c’était mieux à l’époque où le banditisme local était connecté au monde politique. Au contraire. Illustrant les lieux emblématiques de la cité, à coups de polars ou de littérature générale, ils rendent hommage à Marseille « mal foutue et selon mon cœur » comme écrivait Cendrars. Des récits illustrant des sensibilités variées, gardant l’aspect « littérature de territoire », dont René Frégni et Philippe Carrese sont les figures de proue. Ce qui n’enlève rien aux mérites de leurs douze autres comparses.

▶« Marseille noir », présenté par Cédric Fabre, Asphalte, 21 euros

L’Allemagne amnésique. Qu’est-ce que le crime et la justice dans une dictature ? Le roman policier allemand – le Krimi – était prolifique sous le Troisième Reich. Mais la censure s’ingénia à le fliquer, voulant imposer le « bon roman policier allemand ». Une littérature sous contrainte, donc, n’empêchant pas l’esquisse d’un champ de bataille idéologique. Pour beaucoup, le polar allemand a émergé vers 1960. Cette anthologie est donc précieuse, qui rend compte des disparités et de l’effervescence d’un genre à la fois tenu en laisse par les autorités et abrité par le mépris dont il était frappé. Un ensemble révélateur, qui stimule les neurones honteux d’une Allemagne amnésique.

▶« Krimi, une anthologie du récit policier sous le Troisième Reich », textes choisis, présentés et traduits de l’allemand par Vincent Platini, Anacharsis, 23 euros

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