En venir aux mains pour des jeux de pieds !

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Par Pascal Baronheid –bscnews.fr/ La déferlante football en librairie a eu le mérite de vouloir séparer le bon grain de l’ivraie et de plaider pour une corporation dans laquelle on n’est pas forcément obligé de choisir entre le bon, la brute et le truand.

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S’agissant des gènes de l’homo erectus du XXIe siècle, le foot c’est comme la poésie : en avoir ou pas. Anne Lise Le Brun signe l’édito de la livraison que Citrus consacre au football. Son entrée en matière est un modèle du genre : « Passion ou franc dédain, le foot ne laisse personne indifférent ». Tout est dit. Tout reste à dire. Et ce qui reste est incisif et facétieux, lucide et décalé, laudateur et accablant. Ce volume qui allie texte et pages dessinées est le condensé d’une passion française qui enflamme les quartiers de Marseille, dans le même temps qu’elle porte clandestinement le rouge aux joues des dames patronnesses de Neuilly. Une jolie manière de faire le tour de la question, en laissant au lecteur le libre choix de la réponse. Cela commence par « Savez-vous siffler La Marseillaise », pour prendre congé sur des réponses pertinentes aux mystères du Vagina Stadium, du slip du Basile Boli ou de l’importance de la taille … Passionné, impertinent, sûr de faire mouche.

La rédemption des Bleus valait bien une nouvelle édition augmentée du dictionnaire rock, historique et politique du football selon Artus. On y retrouve l’OM, comme dans Citrus. A croire que tout procède de la Cannebière. Artus est chroniqueur littéraire et collabore notamment au Monde Diplomatique. Il n’est pas un rallié de fraîche date. Il sait par exemple que Pierre Bourgeade a signé « Le football, c’est la guerre poursuivie par d’autres moyens ». Il ambitionne de faire œuvre d’historien plutôt que d’histrion, par opposition à certain commentateur télévisuel XXXXL. Il relaie les frasques de Ronaldo, mais son relevé des « petites phrases à la con » néglige un éminent pourvoyeur du genre, mensualisé par le Bayern München et qui n’est même pas cité à l’entrée « sexe ». Il est des amnésies diplomatiquement incorrectes.

L’incorrection, antidote à la langue de bois, n’a jamais oublié le très décrié Thierry Rolland. Grand Maître du chauvinisme institutionnalisé, il est évoqué par Jean-Michel Larqué, son fidèle Sancho Panza de 1980 à 2005. L’ancien septuple champion de France sous les couleurs mythiques de l’AS Saint Etienne a décidé de jeter sa gourme et de raconter les coulisses d’un sport trop souvent maquillé pour lui conserver une apparence civilisée et non corrompue par des intérêts politiques et financiers. L’amateur tentera de se frayer un chemin acceptable, de la tragédie de Furiani (1992) à un angélisme pétrodollarien : « L’arrivée de gros investisseurs dans notre championnat peut créer beaucoup d’avantages collatéraux. Il ne faut pas se pincer le nez. Et tant pis si aucun joueur français n’est aligné un soir dans le onze de départ du PSG ». Dans l’intervalle, les heurs et malheurs d’un jeu, d’un sport maquillé par tant de violence. Où il y a des fumigènes, il n’y a pas de plaisir.

« Football », numéro #1 de Citrus, revue illustrée, 17,50 € (www.revue-citrus.com)
« Galaxie Foot », Hubert Artus, Points Seuil n° P 3265, 8,70 €
« Lettre à Thierry – Souvenirs et coups de gueule », Jean-Michel Larqué, éditions du Toucan, 13,50 €

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