Festival du Film italien de Villerupt : Venga subito !

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Par Ewa Crétois- bscnews.fr/ C’est au coeur du bassin minier lorrain que se pressent chaque année des milliers de cinéphiles. Ville minière sidérurgique d’environ 10 000 habitants, Villerupt a connu à l’aube de notre siècle une forte immigration transalpine. Mines et fonderies nécessitant des ouvriers, la démographie française s’essouflant, faire appel à la main d’oeuvre étrangère devenait une nécessité.

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De tous les ressortissants étrangers présents dans la ville, il ne fait nul doute que les italiens sont les plus nombreux. Au tournant du siècle déjà ces derniers composaient la première des communautés de la région. En 1967 est né le Festival du Film italien de Villerupt à l’initiative de la Maison des Jeunes et de la Culture où un groupe de jeune férus de cinéma organise à l »époque des week-ends thématiques consacrés au cinéma italien -alors qu’il connaît un essor considérable dans l’Hexagone. Ils décident alors de présenter une dizaine d’oeuvres en distribution ou en avant-première, toutes en version originale.
Cette année, du 24 octobre au 11 novembre 2014, se tiendra le Festival du Film italien sous la houlette de l’écrivain et réalisateur français de renom: Philippe Claudel. Auteur d’une trentaine de romans, prix Renaudot pour Les âmes grises, prix Goncourt pour Le rapport Brodeck, récompensé en 2009 par le César du Meilleur Premier Film, Philippe Claudel est sans conteste une figure éminente dans le paysage culturel français.

La famille est, depuis plusieurs années, l’apanage de la cinématographie italienne : qu’elle soit éclatée, monoparentale, ou en souffrance. L’explication est simple : parce que nous vivons dans une atmosphère de désenchantement contemporain généralisé, le repli sur soi et sur la structure familiale semblent être de mise. La rétrospective qui illustrera le thème comprendra une douzaine de films, récents pour la plupart. La famille vue d’abord par Ettore Scola in « La Famiglia » sorti en 1988, où le spectateur suit les pérégrinations d’une famille italienne de 1906 à nos jours, le tout raconté par son patriarche. Véritable merveille de tendresse et de finesse, c’est l’histoire de tout un chacun, que Scola dépeint. Une approche plus légère de la famille ensuite avec la comédie de Paolo Genovese « Una famiglia perfetta » (2012) où le protagoniste Leone 50 ans, riche, puissant, mystérieux, habitant dans une somptueuse villa en Ombrie, est seul pour la nuit de Noël. Notre homme va donc faire appel aux services d »une troupe de comédiens, chacun à son rôle, la grande comédie de la famille unie peut donc commencer, mais c’est sans compter sur Leone, taquin, qui s’amuse à leur tendre des pièges, poussant le jeu un peu trop loin. On retrouvera également dans la programmation : Vittorio de Sica ou encore Nanni Moretti, qui s’est illustré en 2011 avec « Habemus Papam » narrant l’histoire d’un pape en proie à un léger -mais long- vague à l’âme, mais ce sera « La stanza del figlio » drame de 2001 qui sera proposé au public, film pour lequel le réalisateur s’est vu récompensé de la Palme d’Or au Festival de Cannes de 2001.

La carte blanche de cette année sera dédiée au très controversé romancier et cinéaste: Pier Paolo Pasolini. Près de quarante ans après sa mort, la légende perdure. Auteur et réalisateur virulent, Pasolini a longtemps et souvent choqué. Il laisse pourtant au 7ème art une oeuvre prolifique et dérangeante. Le public l’a découvert en 1968 avec « Teorema », vive critique de la bourgeoisie italienne. Le film jugé trop sulfureux et provocant fit des émules à la sortie, ce qui n’empêcha pas le réalisateur de remporter le Prix de l’Office Catholique de Venise pour ce film au caractère largement sexuel. Toutefois la plus dérangeante de ses oeuvres reste l’adaptation du roman du Marquis de Sade « Salò ou les 120 journées de Sodome ». Le film tout comme l’oeuvre de Sade se compose de 4 tableaux traitant chacun de la toute puissance, de la jouissance immédiate, instinctive, animale. Au travers du film se dresse en filigrane, une critique acerbe du régime fasciste faisant de ce film le plus sombre et le plus désesperé de Pasolini. Son meurtre, sur une plage d’Ostie, dans la nuit du 1er au 02 aout 1975, peu après la sortie du film a longtemps revêtu un caractère politique. Aujourd’hui, en Italie, Pier Paolo Pasolini n’est plus populaire; il avait fait du cinéma engagé son fer de lance et l’on retient davantage le prosélyte de la liberté que le cinéaste qu’il était, désormais peu lu et peu étudié. Heureusement que les festivals sont là pour faire perdurer la mémoire des artistes de génie!

Site officiel du festival: http://www.festival-villerupt.com

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