Festival A-PART 2014: Goya s’en va en guerre
Par Ewa Crétois – bscnews.fr/ A l’aube du 19ème siècle, alors que les troupes de Napoléon 1er envahissent le royaume d’Espagne, Joseph Bonaparte, frère de l’illustre empereur est installé sur le trône, écartant de fait Charles IV et son fils Ferdinand VII. Poussée à l’émeute par la noblesse, la population madrilène se révolte. Bonaparte vient d’ouvrir la boîte de Pandore, et fait face à la vindicte populaire. La révolte madrilène, premier pavé dans la mare, a tôt fait de gagner l’ensemble du royaume, amenant l’Espagne à écrire l’une des pages les plus sombres de son histoire. C’est dans cette Espagne occupée que vit Francisco Goya.
D’abord peintre talentueux et frivole, Goya – qui a atteint des sommets en tant que peintre de cour – devient, une fois la famille royale chassée, témoin engagé des événements de son époque. Ardent défenseur de la paix, ce dernier s’insurge contre l’injustice, la famine et la guerre.C’est au cours de la terrible famine madrilène de 1811, qui emportera son épouse, que l’artiste commence à réaliser des gravures qu’il ne finira que 10 ans plus tard en 1820 : Les désastres de la guerre.
Composée de 90 gravures cette collection s’articule autour de 3 thèmes. 47 gravures décrivent d’abord les conséquences dramatiques de la guerre et les actes de barbarie perpétrés en son nom. Le second thème abordé, de la gravure 48 à 64, témoigne, lui, de la compassion pour la souffrance du peuple espagnol lors de la grande famine qui frappa la ville de Madrid. Le reste des gravures évoque la mise en place d’un régime réactionnaire et théocratique sous l’autorité de Ferdinand VII, fils de Charles IV, sitôt les troupes françaises parties. Les désastres de la guerre, sont, sans nul doute, l’un des meilleurs exemples de création de l’artiste, qui, au crépuscule de sa vie, a su mettre en évidence les deux facettes qui composent notre humanité. Pionnier de l’art moderne, sa proximité avec le peuple et ses pensées issues des Lumières ont fait de lui, l’un des artistes les plus populaires d’Espagne.
Cette année, à l’occasion de la commémoration du centenaire de la Première Guerre Mondiale et du bicentenaire de la création de ces gravures, le festival d’art contemporain A-PART a decidé d’articuler sa 5ème édition autour du thème de la guerre. C’est aux Baux-de-Provence qu’aura lieu la présentation des gravures de Francisco de Goya, en partenariat avec abc la Fondation Louis Jou. Du 04 au 15 juillet 2014, l’ouverture se fera en la présence des artistes invités qui exposeront leurs oeuvres en écho à celles de Goya présentées aux Baux-de-Provence. Sélectionnés via un appel à projet, ces artistes créeront ou présenteront leurs oeuvres en écho à celle de Goya, mettant en exergue un mode de composition qui lui est propre afin d’établir sa propre réponse/version de ces gravures.
En outre, on retrouvera également 107 des artistes issus des éditions précédentes venus exposer leurs toiles un peu partout dans des cadres d’exception: Le Paradou, Saint-Etienne-du-Grès, Maussane-les-Alpilles, les Baux-de-Provence, Saint-Rémy-de-Provence, Le Destet, Mouriès…Ainsi pendant plus d’un mois, les Alpilles deviennent l’écrin d’une fantastique exposition artistique in situ gratuite, lieu d’échanges, de dialogues, et de rencontres, entre artistes, collectionneurs et le public, averti ou néophyte, c’est la fleur au fusil, que les amateurs d’art s’en iront en guerre.
Expositions à ne pas manquer:
LES DÉSASTRES DE LA GUERRE aux Baux-de-Provence
DIALOGUES AVEC GOYA à Maussane-les-Alpilles
GUERRE À LA GUERRE au Paradou
DRAPEAUX D’ARTISTES a-part à Saint-Etienne-du-Grès
Pour de plus amples informations: http://www.festival-apart.org/
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