Le parcours argentique de Richard Ballarian

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Par Florence Gopikian Yeremian – bscnews.fr/ Richard Ballarian a vu le jour dans l’Etat de New-York. Né de père arménien et de mère écossaise, il est installé à Paris depuis 1975. Du haut de ses 85 ans, cet esthète aux cheveux d’argent est l’un des plus anciens photographes de mode de la capitale.

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Durant plus de 30 ans, il a mis en image une kyrielle de sublimes créatures pour des magazines comme Vogue, Madame Figaro ou le Harper’s Bazaar. Sa technique et son talent, entièrement dévolus au Sixième Art, l’ont également rendu célèbre auprès de grandes maisons de couture telles que Dior, Givenchy ou Valentino. Parallèlement à ce monde du faste et à ces prestigieux clichés, Richard a très vite développé une expression plus créative de la photographie, basée sur une réelle recherche artistique. Dès les années 70, ses premiers « tirages urbains » ont ainsi vu le jour, suivis de photos montages, de polaroïds en séries ou de natures mortes à la limite de l’abstraction. C’est ce parcours argentique et contemplatif que la Mairie du VIe arrondissement a choisi de mettre à l’honneur du 28 mars au 14 avril 2014.

PHOTOS URBAINES
Dans l’œuvre de Richard Ballarian, la ville est incontestablement l’élément central. Installé dans le quartier parisien du Marais, cet américain d’origine arménienne a toujours été captivé par les foules anonymes et l’incessante circulation de la capitale.
A travers ses séries Urban man, il se délecte à transposer les citadins dans une toute autre réalité. Grace à sa technique du floutage, il dématérialise les passants pour en faire des silhouettes désincarnées comme cet Homme qui marche ou ces Gens traversant les Champs Elysées. Il en va de même avec les voitures ou les motos qui croisent sa route : qu’elles soient à l’arrêt ou lancées à toute allure, il les happe avec son objectif et les envoie dans une nouvelle dimension picturale au sein d’une cité spectrale.
Ames errantes, visages énigmatiques, passagers silencieux… toutes ces photos évoquent la solitude des grandes villes. A l’exemple des toiles d’Edward Hopper ou des sculptures filiformes de Giacometti, elles sont porteuses d’un silence profond et mélancolique.
Cette impression de mutisme découle d’un savant mélange entre la prise de vue artistique et le travail effectué en chambre noire. Richard Ballarian ne se contente pas d’appuyer sur la gâchette de son appareil, il passe ensuite des heures à retravailler ses tirages. A la fois esthète et scientifique, il se complait dans le traitement des flous, le brossage, les effets de dégradés poudreux dus à une étude bien précise de l’exposition et de l’oxygénation des bains. De cette maitrise technico-créative, découlent des images proches de la calligraphie ou de la peinture, tout en fondus, contrastes et clairs obscurs.

II – PHOTOMONTAGES
Poursuivant cette réflexion sur la ville et ses éléments, Richard Ballarian pratique également le photomontage. Saisissant des architectures diverses, il s’amuse à les décomposer et à les reconstruire comme d’immenses puzzles. Il crée ainsi de nouveaux espaces visuels et émotionnels.
A l’aide de collages et de décalages, il revisite une église italienne, une place en Espagne ou le hall d’une gare lyonnaise. Jouant avec la lumière autant qu’avec la symbolique, il fait glisser ces lieux vers un monde onirique où le spectateur est sollicité pour devenir l’interprète de ce qu’il voit.
Variant les prises de vues, Richard Ballarian multiplie aussi les expériences formelles. Avec sa série Métal, il s’offre une réflexion sur l’esthétisme des ponts et l’architecture industrielle. Avec sa série Diamonds, il pousse son imaginaire et transforme la signalétique urbaine en une nouvelle codification géométrique.

III – HERBIER ARGENTIQUE
Les natures mortes sont très présentes dans le travail de Richard Ballarian. Fleurs citadines, arbres gelés, plantes séchées, il leur consacre un herbier argentique à la fois fragile et éphémère. Manipulant les ombres et les effets graphiques, il poursuit dans ces œuvres sa quête picturale autour de la lumière qu’il capte et recompose. De ce travail découlent parfois des planches abstraites où les végétaux sont à deux doigts d’évoquer les entrelacs éclaboussés d’une toile de Jackson Pollock… L’eau est également un élément récurant dans ce parcours photographique. Magique et mouvante, l’eau permet à Richard Ballarian de multiplier les jeux de reflets, d’éclats ou de scintillement. Agissant avec le clair-obscur, il la rend solide et palpable, telle une sculpture aquatique.

IV – POLAROÏDS
Dans un tout autre genre, Richard Ballarian s’est aussi attaché aux légendaires Polaroïds. Œuvres uniques et instantanées reléguées dans les armoires d’une génération passée, elles nous laissent découvrir des intérieurs aux éclairages artificiels ou de longs trottoirs enneigés photographiés depuis l’appartement de Richard. Clichés sans retouche, ces petits formats sont chargés d’une grande valeur émotionnelle et esthétique.

V – CELEBRITES
L’exposition se termine avec un clin d’œil aux célébrités prises par Richard Ballarian. Parmi les portraits noir et blanc réalisés par l’artiste, on aperçoit Loulou de la Falaise, Charlotte Rampling, Fanny Ardant, Isabelle Huppert ou la cantatrice Montserrat Caballé.
En découvrant la figure de l’étonnante architecte Andrée Putman, on se dit que Richard Ballarian ne peut décidément pas s’empêcher d’évoquer la ville ! Même ses portraits nous en parlent en filigranes …

Richard Ballarian
Parcours argentique d’un voyageur urbain (1972-2012)
Mairie du VIe – Salon du Vieux Colombier
78, rue Bonaparte – Paris 6e
T. 0140467506

Exposition du 28 mars au 14 avril 2014
Entrée libre du lundi au vendredi de 11h30 à 17h
Jeudi jusqu’à 19h – Samedi de 10h à 12h

Chaque mercredi et samedi à 16h, Richard Ballarian sera présent pour une visite guidée et la signature de sa monographie.

Pour plus d’informations : Marie Fourquet – T. 0683154749
pialemoal@gmail.com & richardballarian.expo@gmail.com

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