Philippe Lefait et le festival de la littérature et du journalisme à Metz

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Au fil de ses éditions, l’été du Livre à Metz, rebaptisé en 2011, Festival de la littérature et du journalisme, s’est taillé une belle réputation en Lorraine. Selon ses organisateurs, le festival est un événement majeur de la vie culturelle messine et occuperait aujourd’hui la troisième place des manifestations nationales organisées autour du livre et du journalisme.

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Cette année, la 27ème édition invite du 10 au 13 avril 2014 dans différents lieux de la ville messine, de nombreux auteurs européens venus de Grèce, d’Islande, d’Irlande, du Royaume-Uni, de Turquie et d’Ukraine. Philippe Lefait est associé à la programmation. Nous lui avons demandé de nous présenter le festival de la littérature et du journalisme à Metz, « Edition spéciale Europe ».

Entretien avec Philippe Lefait (Propos recueillis par Loïc Bertrand- bscnews.fr)

On vous connaît comme journaliste de télévision mais aussi comme producteur et animateur de l’émission culturelle « Des mots de Minuit » supprimée par France Télévision en juin 2013. Diriez- vous comme cela a été évoqué à l’époque qu’il y avait trop de culture sur France 2 ?
L’argument a été avancé par le directeur des programmes de l’époque. Il estimait que trois magazines dits culturels mais de nature différente (‘ »Ce soir ou jamais », « Grand public » et « Des mots de minuit ») sur une chaîne généraliste, c’était -et il le disait sans rire- un de trop. Plus largement , ont été avancées des considérations de budget -l’émission était produite, ce qui est devenu très rare, en interne, par des personnels de France Télévisons- et d’audience. « Des mots de minuit » attirait 250 000 téléspectateurs. Ce qui, somme toute, dans une logique de service public, n’est pas si mal d’autant que le magazine a toujours été programmé tardivement, rarement à l’horaire annoncé et jamais à la même heure.

À votre avis, y-a-t-il encore une place pour une émission culturelle quotidienne sur une chaine TV du service public ?
Bien sûr. Elle existe sur France 5 ou sur Arte qui sont des chaînes thématiques, de connaissance ou culturelle. Sur une chaîne généraliste, il suffirait d’un peu de volonté politique. Pourquoi l’audience, la concurrence -donc le chiffre et l’idéologie du marché- ou le sens du poil seraient-ils les seuls critères en la matière? Il y a trente ans, quand je suis arrivé à Antenne 2, son directeur de l’époque, Marcel Jullian me disait déjà :« Pas trop d’enthousiasme, jeune homme! Nous sommes entrés dans un système concurrentiel qui lorgne les consommateurs fidèles! »

En ce qui vous concerne, avez-vous des projets pour la télévision dans les mois à venir ?
L’émission « Des Mots de minuit » revisitée dans la proposition mais pas dans son ADN (l’entretien) ou son exigence pourrait prochainement revenir sur FT sous forme de chaîne numérique.

Quelles sont vos nouvelles activités depuis votre départ de France Télévisions ?
Je suis toujours journaliste dans cette vénérable maison et nous avons travaillé avec les « survivants » de l’émission (les autres ont pris d’autres chemins culturels) à ce projet éditorial sur la plateforme numérique de FT. Je tiens chronique mensuelle par ailleurs pour « Le Magazine Littéraire » et je préside, au Centre National du Cinéma, la commission d’aide à l’écriture.

En quoi consiste votre rôle en tant que co-programmateur du festival du livre et du journalisme à Metz ?
Avec Mathias Enard et Bernard Guetta, nous en sommes les conseillers éditoriaux. Mais c’est sans mérite. Nous avons affaire à de « gentils organisateurs » dont l’expérience, la passion, la curiosité et l’implication balisent largement le sujet. Mais comme écrivain ou comme journalistes nous sommes concernés par ce point où se rencontrent littérature et reportage. Qui de celui qui essaye de rapporter un pan du réel ou de celui qui le fictionne est le plus juste? Question toujours ouverte.

Quelles sont les motivations qui ont guidé votre choix de participer à cette 27ème édition?
Je suis journaliste. La lecture -plutôt sur papier- et sa temporalité sont mes tropismes. Cherchez l’erreur! Il n’y en a pas.

La présence du directeur de France Culture Olivier Poivre d’Arvor comme parrain de cette nouvelle édition et celle de la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti pour inaugurer le festival, n’incitent-elles pas à une exigence plus forte concernant la programmation 2014?
Regardez les programmations précédentes. Elles ont toujours été exigeantes. La qualité de ceux que vous citez ne fait que confirmer l’intérêt de ce festival.

Pouvez-vous nous parler plus en détail de cette édition 2014 tournée vers l’Europe ainsi que de la programmation qui sera proposée ?
Pour la programmation précise, elle est en voie de finalisation. Pour ce qui concerne l’Europe, je me permets deux remarques. Je ne voudrais pas qu’elle finisse en citadelle fantasmant un état de siège pour fermer ses frontières. Quant à L’Europe de la norme et de l’économie, elle est triste à mourir. Qui sont ces « vrais gens », comme le dit un poncif, qui font ou feront communauté ?

Si vous deviez recommander à nos lecteurs, le travail de trois écrivains présents à Metz cette année, auxquels penseriez-vous?
Parce que j’ai eu récemment leurs livres entre les mains: Pierre Pachet et Lionel Duroy qui s’acharnent à cerner le rapport à l’autre, Patrick de Saint Exupéry parce que le Rwanda et la revue XXI, Fatou Diome pour la nécessité de l’ailleurs.

Et si vous deviez conseiller un livre à nos lecteurs ? Quel serait-il ?
Parce qu’il est remarquable dans ce qu’il dit de notre société néo libérale qui préfère la santé mentale pour tous à la folie, le livre de Patrick Coupechoux: « Un homme comme vous; Essai sur l’humanité de la folie ». C’est publié au seuil. ».

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Retrouvez ici le site du festival

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