Languedoc-Roussillon : Le magazine l’Art dans l’air ouvre ses pages aux artistes
Par Loïc Bertrand – bscnews.fr / En ces temps obscurs pour la presse, créer un magazine culturel pour pour mettre en avant les artistes de la région Languedoc-Roussillon, est le défi qu’Anne Devailly, journaliste correspondante du Monde basée en région, a choisi de relever en lançant ART DANS L’AIR, un bimestriel sur l’Art. Le magazine présente l’actualité et la richesse de la vie artistique régionale. Les artistes qu’ils soient connus ou non, sont mis en lumière dans les pages de ce nouveau magazine. Rencontre avec Anne Devailly, la rédactrice en chef d’ART DANS L’AIR.
Qui êtes- vous, Anne Devailly ?
Je suis journaliste, basée depuis maintenant une quinzaine d’années à Montpellier. J’ai toujours travaillé dans la presse écrite, économique ou généraliste. Aujourd’hui, en plus de Art dans l’Air, j’assure deux correspondances pour des journaux nationaux, le Monde et l’Usine Nouvelle.
Comment est né votre magazine culturel en Languedoc-Roussillon ? Quelle a été l’idée originelle pour lancer ce titre culturel ?
L’idée qui a mené à la création d’Art dans l’Air est simple : il y a de très nombreux artistes plasticiens dans cette région (peintres, sculpteurs, photographes), mais la presse parle finalement assez peu d’eux, car toutes les pages consacrées aux sujets « Arts plastiques » dans les différents médias sont centrées sur les expositions. Or, elles mettent souvent en valeur des artistes qui ne sont pas de la région, pendant que les artistes régionaux exposent souvent hors du Languedoc-Roussillon !
Nous avons donc décidé de faire un magazine centré sur les artistes, avec des portraits de peintres, de sculpteurs, de designers ou encore d’architectes, qui font souvent un travail remarquable à deux pas de chez nous sans pour autant que les Languedociens les connaissent. Ce qui n’empêche pas en fin de magazine de faire un agenda complet de toutes les expositions visibles dans la région. À ma connaissance, c’est le seul magazine en France centré ainsi sur des artistes à une échelle régionale.
Pouvez-vous nous présenter l’équipe qui collabore à la rédaction de Art dans l’Air ?
Nous sommes cinq associés, chacun ayant une compétence bien définie : Bernard Tuech, à la direction commerciale ; Jean-Luc Bachino, webmaster ; Evelyne Stein, qui assure à la fois la direction artistique et la gestion, Stéphanie Marines pour le développement et moi-même pour le rédactionnel. Chacun d’entre nous a au moins dix ans d’ancienneté dans sa profession. Deux autres personnes travaillent régulièrement avec l’équipe, le photographe Guy Rieutort et une jeune femme en contrat professionnel que nous avons embauchée dès la première année pour faire face à l’accroissement de l’activité.
Quelle est votre ligne éditoriale et comment se fait vos choix de sujets ?
La ligne éditoriale est à la fois simple (faire connaître les artistes régionaux) et … compliquée à mettre en œuvre. Pour cela, nous avons conçu différentes rubriques. Je ne peux pas tout détailler, mais deux d’entre elles sont particulièrement importantes. La première, d’une dizaine de pages, couvre l’ « actualité », où je recherche toute information concernant les artistes qui soient d’une autre nature que « untel expose dans tel endroit ». Cela nous le traitons, dans l’agenda en fin de magazine. Dans les pages « actualités » du dernier numéro, on y trouve par exemple un sculpteur qui a réalisé une œuvre pour un golf à Juvignac, un peintre de Montpellier repéré par Saatchi à Londres ainsi que des informations sur différents métiers d’art. Ce sont toutes sortes de petites informations qui font la richesse de la vie artistique régionale. La deuxième rubrique concerne les « rencontres » où l’on présente des artistes qui nous semblent intéressants, qu’ils aient ou non une actualité. Dans cette rubrique, on recherche un équilibre géographique (un artiste si possible par département de la région), un équilibre dans les formes d’art (peintre, photographe, sculpteur, plasticien, designer, architecte, etc), un équilibre entre talents confirmés et jeunes talents. C’est donc un dosage assez compliqué.
Quel est le modèle économique du magazine Art dans l’Air ?
Nous allons dépasser les 1000 abonnés pour notre prochain numéro. Côté publicité, les annonceurs ont compris que nous offrions un nouveau produit qui pouvait être intéressant. Nous sommes sur une niche et nos lecteurs sont vraiment des gens férus d’art. Nous sommes un magazine payant, ce qui implique évidemment une démarche volontaire de la part de nos lecteurs. Nous sommes en pleine période de renouvellement des premiers abonnés, et a priori, les lecteurs de la première heure nous renouvellent leur confiance. Avec les ventes de plus en plus nombreuses et les partenariats, nous diffusons tous les deux mois 5000 exemplaires.
Quel bilan éditorial et économique tirez-vous de la première année de publication de votre magazine ?
Pour le bilan éditorial, l’idée est confirmée. Un magazine centré sur les artistes de la région correspondait vraiment à une attente. Nous avons été tellement surpris de l’accueil lors du premier numéro (envoyé aux artistes de la région), que nous avons publié sur notre site les retours des premiers lecteurs. En substance, le message des lecteurs était : « Enfin un magazine qui parle de nous ! ». Depuis, nous avons étendu notre lectorat aux amateurs d’art, aux deux sens du terme : ceux qui pratiquent un art en amateur, et ceux qui vont dans les musées. Quant au bilan économique, il est clair qu’après seulement six numéros, nous sommes toujours dans une période de lancement et que nous n’avons pas encore atteint notre vitesse de croisière. Nous avons un business plan qui permet de dégager des salaires rapidement. L’aventure a été conçue dès le départ comme une aventure économique faite pour s’inscrire dans la durée.
Quelles sont les prospectives éditoriales et économiques pour Art dans l’Air en 2014 ?
Nous prévoyons une refonte du site rapidement, maintenant que nous avons une bonne connaissance de ce que les lecteurs attendent et nous voulons augmenter notre lectorat, mais aussi élargir la cible des annonceurs.
Dans cette période difficile pour la presse, avez-vous une stratégie numérique pour votre magazine ?
Dès le départ, nous avons été présents en parallèle sous forme papier et sur un site web. Volontairement, vous ne trouverez pas le magazine sur le site mais des informations complémentaires. Plus on avance, plus on accorde d’importance à notre page facebook, qui permet de transmettre aux artistes des informations importantes sans délai, notamment les appels d’offre qui les concernent. Et le magazine, tous les deux mois, prend en revanche le temps de présenter des artistes ou de traiter un dossier dans un support papier que les gens ont plaisir à garder. Nous sommes convaincus que dans cette période de crise de la presse, deux choses sont impératives pour réussir : il faut avoir avoir une stratégie de complémentarité entre le net et le papier, et il faut un support papier qu’on ait plaisir à garder; il s’inscrit dans la durée. Pour les informations immédiates, il est clair que les nouvelles possibilités du numérique sont beaucoup plus intéressantes.
Où peut-on acheter Art dans l’air et comment s’y abonner ?
Nous avons misé depuis le départ sur une stratégie qui privilégie les abonnements, ce qui nous permet de réaliser un peu de trésorerie. On s’abonne soit en remplissant le bulletin disponible dans les magazines, sous forme de cartes postales dans les points de vente ou sur notre site internet.
Nous ne sommes pas en kiosque car le magazine Art dans l’Air est vraiment situé sur une niche, et cela serait absurde de vouloir être présent dans tous les kiosques de la région. Nous avons donc ciblé quelques points de vente, afin d’être présents dans un ou deux lieux de chacune des grandes villes de la région. Nous indiquons nos points de vente sur notre site et dans chacun de nos numéros. (à Montpellier, Sauramps ; à Nîmes, Carré d’Art ; à Perpignan, Torcatis, etc).
Si vous deviez recommander à nos lecteurs une manifestation culturelle incontournable en Languedoc-Roussillon, quelle serait-elle ?
Les ouvertures d’ateliers d’artistes. Il s’en fait plusieurs en région, mais celle qui revient chaque année dans les Pyrénées Orientales est sans doute la plus complète qu’on puisse trouver à l’échelle d’un territoire. Balade en terres d’artistes, le 17 mai prochain. L’an dernier, ils étaient 200 à ouvrir leurs ateliers dans le département. Une autre opération d’envergure a lieu chaque année dans le Gard.
ART DANS L’AIR, numéro 6 Janvier-Février – 9 euros
www.artdanslair.fr
www.facebook.com/ArtDansLair
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