Ebook : l’heure du bilan a sonné
Par Nicolas Vidal – bscnews.fr / On nous avait annoncé depuis de longs mois que le tsunami du livre numérique se tenait prêt à déferler sur l’écosystème fragilisé de l’édition et du livre papier. Tout était réuni selon les ayatollahs des nouvelles technologies pour que la victoire de l’ebook soit inévitable, totale et pleine.
Que le papier ne serait bientôt plus qu’un souvenir ou au mieux qu’un vulgaire support de collection pour quelques irréductibles lecteurs agrippés à leur objet livre comme à une bouée de sauvetage, dérivant au milieu de l’océan de tablettes et de kindle. De nombreux éditeurs commençaient déjà à frémir ne sachant pas comment faire face à cette révolution culturelle et sociale. Rester prostrés sur leur amour perdu pour le papier ou se lancer dans la conquête de ces nouveaux supports en numérisant dès lors des milliers de pages pour assouvir le désir toujours plus grandissant de nouveaux milliers d’adeptes annoncés.
Toute la campagne a commencé sur un postulat très simple : l’exponentielle frénésie sur les ventes de tablettes qui ne cessait d’envahir le marché. Le discours était uniforme et diffusé partout. Implacable. En fait, on en est resté là : aux chiffres des ventes de tablettes… Puisqu’il n’y avait rien d’autre de plus intéressant à divulguer.
Aujourd’hui qu’en est-il réellement du prétendu triomphe du livre numérique ? En vérité, le marché du livre numérique n’a jamais décollé. Aujourd’hui, les premières estimations et les (vrais) premiers chiffres commencent à être enfin divulgués. L’ebook n’a pas tenu ses promesses, ni confirmé les incantations pourtant éloquentes de ceux qui espéraient faire croire que le livre numérique convertirait de très nombreux nouveaux lecteurs. Le constat est simple : les lecteurs forts ont toujours les yeux rivés et les mains posées sur le papier et le livre numérique n’a pas fourni à la littérature de nouveaux adeptes. Ce qui a très probablement changé, c’est le renforcement inquiétant de l’acte d’achat de livres papier sur internet (Un article passionnant à lire sur les Échos ici *) aux dépens des librairies physiques. Mais le bilan de l’e-book en rapport avec ses attentes est désastreux. La communauté des lecteurs ne cesse de diminuer et de fragiliser tout autant la lecture que l’exception culturelle qu’est le livre.
Pour garder espoir, le BSC NEWS vous propose pour ce dernier numéro de l’année une programmation culturelle réjouissante.
(* L’édition française face aux défis du numérique – Nathalie Silbert – Les Échos – 13.12.2013 )
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