L’esclave muette : de Primo Lévi aux Pussy Riot
Par Sophie Sendra – bscnews.fr/.fr/ « Ce quelque chose que j’ai devant moi appartient à une espèce qu’il importe sans nul doute de supprimer. Mais dans le cas présent, il convient auparavant de s’assurer qu’il ne renferme pas quelque élément utilisable » ; « Du bétail expulsé du champ légal pour les besoins de la production textile ». Ces deux citations parlent de la même chose, dans les mêmes termes, mais elles ont été écrites, l’une par Primo Lévi dans Si c’est un Homme, et l’autre par Nadejda Tolokonnikova, dans une lettre datée du 23 septembre 2013. Cette membre des Pussy Riot est détenue dans la Colonie (sic!) pénitentiaire IK 14 à Part, un petit village de Mordovie (Russie). Cette condition qui réduit l’être humain, le sujet à l’état d’objet, est une « spécialité » des régimes totalitaires qui semblent être récurrents dans l’histoire. Cela vaut bien une étude comparée.
De l’Action
Lorsqu’on fait de la philosophie, l’une des questions que l’on doit se poser est de savoir à qui ou à quoi on peut être utile.Il m’a été donnée de me poser cette question à la lecture d’une lettre publiée ces jours derniers par le journal Libération.
Cette lettre troublante et dérangeante rappelle une époque stalinienne, digne des goulags, des camps de travaux forcés. Certains détails évoquent le souvenir de l’inhumanité qui régnait au sein des camps de concentration.À quoi peut-on servir si nous ne relayons pas ce qui se passe dans la « Colonie pénitentiaire IK 14 » ? Non pas à rien, car il se passe bien d’autres choses à dénoncer dans le monde en plus de celle-ci, mais si nous ne disions rien, nous consentirions à accepter ce qu’il s’y passe.
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