Mon âme par toi guérie : Une histoire d’âme, de guérison et de rédemption
Par Marine Veith – bscnews.fr / Fredi (Grégory Gadebois) roule sur son scooter, un bon vieux rock dans les oreilles. Le film commence comme ça. Fredi est grand, un peu pataud, mal rasé, pas très beau. Défilent le canal, la mer, la corniche, les maisons de riches. Et il arrive dans un mobile-home du camping où il habite. Son père (Jean-Pierre Darroussin) est sur le canapé, une bière à la main.
Ils ne disent rien ou pas grand chose. Une bêtise passe à la télé. On aimerait s’asseoir avec eux. Décapsuler une mousse et attendre que ça passe. La vie de Fredi semble se dérouler ainsi : modeste et agréable, sans attache ni accrochage. Mais vite le don laissé par sa mère morte récemment va le ramener à ses responsabilités. Elle était guérisseuse et Fredi ne veut pas entendre parler de cet héritage qu’elle lui a légué comme un boulet. Trop lourd quand son existence cherche un sens, entre son boulot de taille d’arbres et ses soirées arrosées. A quarante ans bien sonnés, Fredi ne sait pas quoi faire de lui même et encore moins de ce don de guérison que tout le monde lui sollicite. Lui traverse l’existence sans y toucher. Sans s’impliquer, sans se cogner. Barricadé. Pourtant, Fredi va devoir donner. Son existence bascule quand sa moto heurte un enfant dans la rue. Il cherche alors ce mystérieux pouvoir au plus profond. Il le maudit encore car il ne peut pas tout. Lui échangerait sa vie contre un retour en arrière. Mais ça ne marche pas comme ça. Il se décide alors à toucher les malades, poser ses mains sur leurs blessures, leurs tumeurs et leurs zonas. Fredi dira ce qu’il voit, ce qu’il sent. Parfois il dira de laisser tomber. Des paroles aussi dures à dire qu’a entendre quand les sangs et les ongles sont rongés par l’impuissance.
Sur une petite fille atteinte d’une leucémie, il ne ressent rien d’autre que le désespoir d’une mère. Il l’enjoint de partir, de prendre soin d’elle-même. Pour son enfant, son amour, son trésor, la chair de sa chair, c’est fini. Et il le dit. Mais son âme à lui ? On l’écoute, le regarde, le ressent. On l’invite à manger dans les micro cuisines du camping où vivent ses amis. Où vient sa fille, jolie ado qui cache ses pleurs.
C’est une jeune femme (Céline Sallette), aussi belle que perdue, aussi présente qu’évanescente qui va réveiller son vieux démon, sa vieille épilepsie qu’il tente d’oublier pour pouvoir travailler. Elle se perd dans l’alcool et lui se perd dans ses yeux, ses cheveux, son corps qu’elle ne sait plus donner. Il la prend comme le désespoir qui la submerge après l’offrande. Mais il fallait bien que ce don serve : Fredi sent les cachets et la vodka avant de voler à son secours. Et c’est derrière lui, sur sa moto, qu’elle sert ses bras et pose sa tête. La boucle est bouclée. « Mon âme par toi guérie « est de ces films qui comptent par l’humanité qui s’en dégage. Il oscille entre la poésie, la douceur, la tendresse et la perdition. Une ode à la vie, la simplicité. Et à l’amour, qu’on attrape au sol, comme celui qui est à terre.
Mon âme par toi guérie
Drame réalisé en 2013 par François Dupeyron
Avec Grégory Gadebois , Céline Sallette , Jean-Pierre Darroussin
Lire aussi :
Malavita : Du roman à l’écran, la subtilité a disparu
Les Millers : les contrebandiers du rire décalément vôtre
Le majordome : Histoire d’une révolution discrète pleine de sagesse
Grand Central : Entre les radiations et l’amour, quelles différences ?
« Jeunesse » : le film autobiographique de Justine Malle
Alabama Monroe : le quatrième film magistral de Felix Van Groeningen