Cinéma : Emir Baigazin primé pour son premier film
Par Candice Nicolas – bscnews.fr / Aslan (Timur Aidarbekov) vit seul avec sa grand-mère (Bagila Kobenova) dans une maison très vétuste. Il est obsédé par la propreté et la perfection qui semblent faire défaut à son quotidien ; il excelle en sciences physique et déborde d’imagination quand il s’agit de torturer les insectes.
La vie d’Aslan serait bien plus simple si la corruption et la violence n’étaient pas monnaie courante dans ce petit village du Kazakhstan au très haut taux de criminalité juvénile. Au collège, les menaces et le racket de Bolat (Aslan Anarbayev) terrorisent les plus jeunes ; les vols, les passages à tabac rythment les journées de l’établissement. Lors d’une visite médicale, Aslan est humilié devant tous ses camarades par Bolat, mais le jeune homme est moins effrayé que déconnecté de la réalité et cet incident va déclencher une vraie bombe à retardement. Dans ce premier film, Emir Baigazin esquisse le choc entre l’isolement individuel et la marginalisation de la violence. Dans un décor austère et une succession de tableaux symboliques, le récit dévoile le destin d’un garçon qui risque de se détruire, pour se sauver. La photographie d’Aziz Zhambakiyev a été récompensée à juste titre. Humble et sobre, la caméra nous livre un portrait émouvant de jeunes âmes en peine avec un monde adulte synonyme d’ignorance, d’indifférence et de brutalité.
Emir Baigazin : « Mon film essaye de voir au travers des yeux d’Aslan. Comme beaucoup d’êtres humains, il est héros et victime à la fois, sur des échelles différentes, et à des moments différents. J’ai choisi de ne pas présenter à la caméra les meurtres mais j’ai préféré montrer la scène de l’égorgement du mouton en scène d’ouverture. L’importance est mise sur le fait que ces meurtres sont commis dans un but de survie. L’histoire pourrait se dérouler en Russie ou dans un bidonville au Brésil. Le dénominateur commun est le faible développement économique de la région. Aucun des acteurs principaux n’est professionnel, ce sont des collégiens. Nous les avons choisis lors d’un casting national au Kazakhstan, et je crois que tous ont fait un excellent travail. Timur Aidarbekov, qui joue le rôle d’Aslan, est orphelin, il vivait dans en foyer. Durant le tournage, j’ai pu assister à une vraie transformation de ce garçon. Nous sommes parvenus à le faire sortir de l’orphelinat après le film ».
« Harmony Lessons » /« Uroki Garmonii»
(R : Emir Baigazin – Kazakhstan)
Section Compétition = Ours d’argent de la meilleure contribution artistique pour la photographie de Aziz Zhambakiyev
Sortie française : prochainement
( Crédit Photo : Harmony Lessons )
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