Jean Varela : une figure incontournable du paysage culturel languedocien

par
Partagez l'article !

Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ crédit photo DR – Dessin Arnaud Taeron/ Acteur, directeur de la programmation du théâtre Sortie Ouest à Béziers mais aussi des festivals Les Nuits de la Terrasse et Del Catet ( Nord de Béziers) et Le Printemps des comédiens ( Montpellier), Jean Varela est une figure incontournable du paysage culturel de la Région Languedoc-Roussillon.Son implication tant au coeur des villes que dans les villages les plus reculés et sa volonté ténue de faire découvrir au plus grand nombre des spectacles de qualité que ce soit en théâtre, cirque, musique classique ou encore en jazz, sont méritoires et en disent long sur sa générosité, sa détermination, sa passion et sa simplicité. Coup de projecteur donc sur ce brillant maître d’orchestre de nos soirées inspirées sous les étoiles héraultaises et rencontre avec un amoureux des belles lettres, qui manie le verbe avec finesse : un fédérateur de culture qui se bat, qui se bat, qui se bat… pour notre plus grand plaisir!

Partagez l'article !

GenèseQuel est votre premier souvenir de théâtre en tant que spectateur?

Cela dépend où je place le curseur (rires) . Je me souviens que le 14 juillet, il y avait un spectacle de théâtre sur la place de mon village; on allait en famille voir ce spectacle chaque année;c’était un rendez-vous! Ensuite mes véritables premiers souvenirs de spectateur, ce sont Les Tréteaux du Midi à Béziers avec Jacques Echantillon, avec notamment une très belle mise en scène de Faut pas payer de Dario Fo – je me demande même si ce n’était pas la création en France ! Je pourrais citer aussi les Fourberies de Scapin qui avait été mis en scène à la plage avec des costumes 1900 et puis, ah oui, un autre souvenir, une frustration cette fois: les Tréteaux du midi étaient venus jouer au collège de Murviels où j’étais élève, on était rentré dans la salle des conférences du village, aménagée pour l’occasion, et avant que ça commence, il y a eu une panne d’électricité et la pièce n’a jamais eu lieu! Après je pourrais citer aussi Le Bourgeois Gentilhomme de Jérôme Savary (toujours à Béziers) et un spectacle superbe sur 1914 qui se nommait Nouvelles au Front et que Jérôme Savary avait créé sous chapiteau.

Comment est née votre vocation pour le théâtre?
J’étais très timide alors au début on m’a forcé à faire du théâtre; mes parents m’ont inscrit à un atelier au collège puis j’ai continué dans une maison des jeunes de la culture, puis au lycée…après le conservatoire et puis voilà!

Comment êtes-vous devenu directeur de festival?
Quand j’étais au conservatoire, j’ai rencontré des gens comme Gabriel Monnet, Guy Vassal; j’ai fait l’acteur beaucoup chez Guy Vassal lors de festivals à Albi, Carcassonne, Aigues-Mortes et, avant même ma sortie de la section professionnelle du conservatoire, j’ai passé ma dernière année à monter une production et donc à aller de village en village pour la vendre. Le paysage et le maillage du territoire n’étaient pas du tout le même en 1987, l’école professionnelle était à ses débuts et la plupart des gens qui en sortaient partaient à Paris. J’ai eu la chance de rencontrer un réalisateur qui tournait beaucoup à l’époque pour la télé et qui était dans le jury ; il m’a embauché et j’ai tourné pour la télé et j’ai beaucoup travaillé de suite, au brésil notamment avec Irène Papas ; j’ai fait beaucoup de téléfilms mais j’ai décidé de rester ici. J’ai donc monté cette production, rencontré des élus, parcouru la région pour monter une tournée. Ensuite, je me suis un peu implanté à Pézenas où, un an après, la compagnie a fait faillite. Et là, il y a le maire d’alors de la ville de Sigean, dans l’Aude, qui m’a proposé d’imaginer avec lui une politique culturelle. Je continuais à exercer mon métier de comédien et en parallèle j’ai commencé une réflexion sur ce que pouvait être une politique de création comme directeur de la culture, en compagnie déjà de Christian Pineau qui était éclairagiste, de Jacques Allaire, mais aussi de Jean-Marc Bourg que nous avions invité; puis on a créé une compagnie qui se nommait Abattoir: on faisait un travail sur l’année en recevant des auteurs et nous avions même créé un temps fort qui s’appelait Théâtres, sur les écritures contemporaines où sont passés notamment Denis Lanoy, Julien Bouffier, Mathias BelAir… ça a duré dix ans à peu près ma présence là-bas. Puis il y a eu une séparation avec le maire, c’était en 1998, et dans la foulée, j’ai immédiatement proposé à la ville de Mèze de créer un festival, Paroles et Papilles, sur les problématiques de création contemporaine dans une ville à l’époque de 7 ou 8000 habitants; on y déclinait l’idée du goût et on avait par exemple, à cette occasion, rejoué la cuisine amoureuse. A Mèze, ça a duré 5 ans puis j’ai eu ensuite à charge l’Itinéraire du théâtre et du cirque confié par l’Etat et la Région Languedoc Roussillon; j’ai été candidat à la Cigalière et directeur trois ans de sa programmation puis il y a eu une rupture avec le maire de l’époque. Et après il y a eu Sortie Ouest…

Être à la tête d’une programmation culturelle semble nécessiter une forte dose de convictions, lesquelles sont les vôtres? Vous faîtes-vous l’effet d’un berger qui amène ses brebis vers de verts pâturages?
Mes convictions? L’envie, d’abord et simplement, de faire partager le travail d’artistes dans lesquels je me retrouve. Je m’accorde avec les idées, pour une grande partie, de ce qui relève du service public et dans ce que disait Gabriel Monnet ou Michel Touraille aussi, ce dernier étant quelqu’un qui a beaucoup compté pour le théâtre à Montpellier : c’était mon professeur à l’école et il plaçait l’exigence artistique au coeur de l’action ; l’objectif était de faire partager cela par le plus grand nombre, avec l’idée que si l’on donne les clés aux spectateurs , si on lui donne les ouvertures, tout est possible ; avec des hauts et des bas, évidemment, ce n’est pas linéaire, on peut se tromper. Ce métier-là, c’est aussi, comme le métier d’acteur, l’acceptation de l’erreur et de se tromper et c’est aussi faire partager cette notion au spectateur : l’idée qu’il peut y avoir des choses réussies et moins réussies, des choses qui n’arrivent pas à maturité au moment de la création, qu’il y a un cheminement.

Dans ce rapport avec le public qui est une des facettes de votre métier, avez-vous une anecdote sur un moment de grâce, quelque chose qui serait resté dans votre mémoire?
Rien ne me vient précisément mais quand la représentation a été belle et que le public ressort avec une énergie, je la sens cette grande joie du public; et on est content, surtout quand l’objet est difficile et qu’on a réussi à amener des gens vers un objet ou un artiste qu’ils ne connaissaient pas et qu’ils en sortent remplis… et l’inverse est terrible aussi ; quand vous avez cru à un spectacle et que le public n’y a pas été sensible.

Et une victoire en tant que directeur artistique ?
Tous les projets à l’affiche sont des victoires. Chaque projet a une difficulté de calendrier, une difficulté technique, économique…chaque fois que l’on peut conclure avec un artiste que l’on a envie deJean Varela par Arnoo faire venir, c’est une victoire. Par exemple, l’an dernier, la venue de James Thierrée a été une victoire car ça a été très compliqué; c’est un artiste difficile à approcher, techniquement on n’avait pas le lieu, toute la maison a travaillé pour trouver des solutions et construire ce chapiteau rouge…ouje pourrais citer cette année, le fait de faire venir Le Berliner Ensemble, il y a des acteurs du Burgtheater de Vienne et ce n’était pas évident de réussir à ce que les emplois du temps de tous permettent cette venue au Printemps.

Vous êtes à la tête de trois programmations : un parcours du combattant qui semble ne pas vous laisser beaucoup de minutes de liberté ; quand Jean Varela ne travaille pas, quel est son emploi du temps idéal?
Je ne fais rien (rires). Non, je plaisante..soit je cuisine, soit je suis dans les vignes avec mes amis Barral au Hameau de Lenthéric qui sont des vignerons de vin nature. J’ai une vie très simple en fait, monacale ( rires).

Avez-vous le temps de lire en dehors des lectures de dossiers de candidature de compagnies que l’on imagine en grand nombre sur votre bureau? Quel est le dernier livre que vous ayez lu?
Je lis en ce moment un bouquin très intéressant qu’un ami m’a offert: Pierre Loti, photographe. Je picore dans les livres, moi, je ne lis pas de romans. Par contre , je suis bibliophile; j’ai une passion pour les livres anciens.

De quelle(s) qualité(s) doit faire preuve selon vous un directeur de théâtre ou de festival?
Je ne sais pas, je suis acteur moi, après le reste…Je dirais qu’il faut essayer d’animer les équipes avec lesquelles on travaille, savoir embarquer tout le monde dans l’aventure. Je suis empirique, moi, je n’ai pas appris… j’apprends en marchant.

Le Printemps des Comédiens

L’édition 2013 accueille d’abord des « habitués » du domaine : Jean Bellorini et son Liliom, James Thierrée et Tabac Rouge….
Des habitués… on dira plutôt qu’il s’agit de « fidélités ». En ce qui concerne Jean Bellorini, par exemple, il est venu jouer Tempête sous un crâne il y a deux ans et on a eu envie de continuer ensemble et on s’est trouvé sur le texte Liliom de Molnar… Dag Jeaneret voulait le monter depuis longtemps et c’est un texte qui traîne en nous depuis longtemps alors quand Jean a dit qu’il voulait le monter, j’ai pensé tout de suite que c’était une très bonne idée, que ça pouvait ressembler à son théâtre et en même temps, ça le faisait revenir à un matériau-théâtre puisque Tempête sous un crâne (Victore Hugo) et Paroles gelées ( d’après Rabelais) étaient des matériaux littéraires. L’énergie nécessaire à monter Liliom semblait lui correspondre. Jean Bellorini investit le bassin qui est pour nous un lieu emblématique du domaine, où l’on va mettre en place une fête foraine (manèges, auto-tamponneuses, stands) et le spectacle va se nouer là. Le public y sera accueilli une heure avant le lever du rideau pour faire la fête en fait…le spectateur sera installé sur un gradin face à la passerelle du bassin qui sera pensé un peu comme un périphérique sur lequel ces gens un peu en marge de la société se seront installés. Il y aura toujours ce sens de la troupe qui est une des marques du théâtre de Jean Bellorini et puis le verbe et la musique mêlés, puisqu’il y aura pianiste et harpiste au plateau. Et puis ce qui est intéressant également ,dans ce que nous essayons de faire au Printemps, c’est que ce spectacle est co-produit par l’Odéon et y sera ensuite repris dans la saison 14/15.

Un accent est mis sur la vidéo cette année…. l’insertion de cette technologie, de plus en plus présente dans le théâtre aujourd’hui, comment la percevez-vous?
Il peut y avoir du théâtre sans vidéo très beau et je pense que le Bellorini en est un exemple ou Richard II et le Berliner, qui sont des propositions très fortes. Après le théâtre l’a toujours fait, d’utiliser des technologies nouvelles; on dit que les grecs utilisaient la machinerie, qu’au théâtre on a utilisé le gaz et l’électricité très vite parce que ça donnait une autre perspective à la lanterne magiqu et que ce sont des évolutions qui ne sont pas nouvelles dans le théâtre; on dit aussi que Mazarin a fait venir des constructeurs de bateaux en France au XVIIème siècle pour construire des théâtres à échappement! Cette présence cetet année de la vidéo, ce n’est pas une volonté en amont : Yves Rouquette disait ainsi que sa mère, qui était épicière, quand elle préparait l’épicerie, la veille des foires à Camarès, « où tout l’univers descendait », elle préparait sa vitrine, elle disposait les fromages, les boîtes de conserve en pyramides et une fois qu’elle avait fini, elle faisait venir sa cousine et, comme Dieu le soir de la Création, elle regardait son oeuvre. Nous, c’est pareil; on ne pense pas avant « on va faire quelque chose avec de la vidéo »; on pense simplement à inviter des spectacles qu’on découvre, qui existent ou n’existent pas et puis quand on regarde ensuite, comme la mère d’Yves Rouquette, on se dit qu’il y a peut-être un fil et là, il y avait Kiss and Cry, la proposition Nobody de Cyril Teste, Orlando de Guy Cassiers qui nous a montré maintes fois combien il était un maitre quand à l’utilisation de la vidéo – sans que la vidéo soit un pléonasme au plateau mais au contraire une palette ( l’an dernier on l’a vu dans Rouge Décanté ou encore dans la création qu’il a donné dans la Cour d’Honneur sur l’histoire de Jeanne la pucelle et de Gilles de Ray) , et il y a, après l’arrivée du texte, avec Les Revenants de Thomas Ostermeier, qui pour donner de la profondeur, imagine des images vidéo pour représenter des paysages. A-Vous savez, lorsque Cyril Teste, qui fait quelque chose d’assez pointu, vous dit qu’il a adoré Kiss & Cry, c’est un de ces moments de grâce où vous avez l’impression que les choses ont l’air de se répondre et… quand dans le même temps, vous allez voir 300 el x 50 el x 30 el du collectif FC Bergman et que ce collectif composé de jeunes gens qui ont autour de 25 ans – et dont on comprend qu’ils sont liés par le texte et l’image beaucoup plus encore que nos générations – et qu’eux ne travaillent pas en studio miniature comme Kiss & Cry mais en studio grandeur nature, vous vous dites que là aussi le spectateur peut faire , s’il le veut, un parcours d’imaginaire entre ces deux spectacles.

Plusieurs pays également à l’honneur dans cette programmation: l’Allemagne, la Norvège, l’Australie…
En ce qui concerne l’Allemagne, nous avions invité en 2012 Thomas Ostermeier et la Schönbrunn ; au dernier moment ils n’ont pas pu venir en raison de l’indisponibilité d’un acteur qui, maintenant, est très pris au cinéma mais la relation était tissée. Lorsque j’ai donc su que Thomas Ostermeier montait, non pas avec la Schönbrunn mais avec des partenaires de longue date, le Théâtre Vidy-Lausanne, les Revenants, nous nous sommes portés partenaires du projet. Sur le Berliner Ensemble, j’étais allé voir le Richard II lorsqu’il était passé il y a quelques mois au TNP et j’avais trouvé le spectacle magnifique. Après moultes, moultes discussions, la venue du Berliner a pu se faire. Du coup s’est tressé un lien avec le théâtre allemand. Nous nous sommes rapprochés du Goethe Institut et il y aura donc une rencontre lors du festival à propos du théâtre allemand en France et le théâtre français en Allemagne ; Marie Lamachère, qui est une artiste qui travaille sur le territoire montpelliérain, avait monté Woyzeck, une des dernières pièces du romantisme allemand, que j’avais vue il y a deux ans et il me semblait intéressant de l’inviter au point où elle en est de son travail.. Là aussi les choses se sont tissées comme ça, comme l’épicière…on en revient toujours à cette épicière…( rires).

Quelles spécificités du théâtre allemand par rapport au théâtre français selon vous?
Je ne suis pas spécialiste du théâtre allemand ; il faudra demander à Joachim Umlauf, le directeur du Goethe Institut à Paris et à Nicole Colin , lauréate du prix parlementaire franco-allemand 2013 et Didier Plassard, professeur à l’université Paul-Valéry et auteur de Mise(s) en scène d’Allemagne(s) depuis 1968, lors de la rencontre qui aura lieu le 22 juin aux Micocouliers. Ce qu’il me semble, c’est que le théâtre allemand travaille avec les troupes – il y a des troupes dans chaque ville de moyenne et grande importance du territoire, les acteurs travaillent ensemble, ils ont un directeur – metteur en scène qui les dirige en permanence et ils ont – ce qui est moins le cas ici vu les méthodes de production – cette notion de répertoire, c’est à dire qu’ils créent chaque année un certain nombre de spectacles mais ils peuvent reprendre – puisqu’ils sont en troupe- des créations des années précédentes et ils ont des oeuvres au répertoire. Il y a très peu de troupes en France qui fonctionnent ainsi: il y a le Français, une troupe au TNP; il y avait aussi une troupe à Montpellier du temps de Jean-Claude Fall.

On connaît votre goût pour les pièces qui mettent en scène des oeuvres qui ne sont pas forcément du répertoire du théâtre et cette année on aura le plaisir de découvrir ainsi Orlando sur un texte de Virginia Woolf et mis en scène par Guy Cassiers…
Guy Cassiers sera au Printemps des comédiens l’an prochain encore…parce que nous allons coproduire son prochain Hamlet dont la création se fera en France. L’an dernier, cette découverte de Rouge Décanté a été un coup de coeur du public ; il y eu donc l’envie de tirer ce fil et de créer une fidélité avec cet artiste et sa façon de travailler. Orlando est une oeuvre littéraire extraordinaire; un hommage à la condition des femmes, un voyage dans le temps, un voyage initiatique et je suis allé voir des répétitions et nous nous sommes mis d’accord pour que le spectacle vienne ici. C’est un spectacle qui sera joué juste après nous à Avignon.

Et puis cette année il y a Cyrano mis en scène par Georges Lavaudant et incarné par Patrick Pineau…
Cyrano est une oeuvre considérable d’abord parce qu’elle travaille dans l’imaginaire collectif et elle rejoint en cela notre problématique du théâtre et de l’image car elle a intéressé très tôt les cinéastes; elle a été – d’ailleurs comme Liliom ( et sa version de Fritz Lang en 1934) – adaptée très tôt au cinéma, en 1922…Pourquoi? d’abord parce que ces deux oeuvres explosent les unités de temps et d’espace qui régissaient le théâtre; et Cyrano a été écrite presque en concomitance avec l’invention du cinéma – 1895 pour l’invention du cinéma et Rostand écrit cette pièce en 1996/97. Ces dramaturges-là sont travaillés par cela; ils ont été les premiers hommes qui ont vu les images défiler, ce sont les hommes qui sont montés les premiers dans le chemin de fer et il me semble qu’il y a quelque chose là-dedans qui travaille, qui fait avancer l’imaginaire. Edmond Rostand crée véritablement une oeuvre cinématographique. La présence de Cyrano s’explique aussi parce qu’il y a également la nécessité pour le Printemps des comédiens, qui est un festival rassembleur, de présenter des oeuvres rassembleuses… parce qu’elle sont à la fois dans notre imaginaire mais également car ces festivals ont une mission d’éducation populaire et qu’un jeune public adolescent peut découvrir , grâce à ce festival, des oeuvres marquantes comme Cyrano. Quand Georges Lavaudant a décidé de monter Cyrano et que Patrick Pineau, qui est un acteur que j’admire beaucoup parce qu’il est non seulement un de nos grands acteurs mais aussi un homme de troupe , de théâtre, qu’il dirige une compagnie et connaît les problématiques de la production et du plateau et de surcroît qu’il a la puissance de jouer les 1600 alexandrins de Cyrano, il y a eu beaucoup d’éléments qui poussaient à vouloir que Cyrano vienne ici et c’est une oeuvre , en plus – et on revient à notre épicière ( rires)! -, qui a beaucoup marqué les relations franco-allemandes puisque lorsque Rostand l’écrit, la France n’a pas digéré la perte de l’Alsace et de la Lorraine et qu’il y a dans ce Cyrano une vision de l’esprit français, très chevaleresque; oui, c’est une pièce qui montre cet esprit un peu de coq, cet esprit amoureux, l’amour de la gastronomie, du verbe, des gascons…

Si vous deviez citer une réplique de Cyrano, laquelle serait-ce?
Bien des choses en somme!

Les Nuits de la Terrasse et Del Catet et Sortie Ouest

Quel est le point fort de ce festival?
C’est d’une part qu’il existe…puisqu’il est porté par une communauté de communes de 6000 à 7000 habitants qui a fait un choix politique considérable puisqu’elle investit sur ce festival 160 000 euros. Ces élus-là ont décidé de confier ce festival à une compagnie de théâtre, la Compagnie In Situ, parce que les élus savaient qu’elle allait développer un projet d’éducation populaire , de création et de service public. Ils n’ont pas fait le choix d’une vitrine ou d’un outil de communication ; ils nous ont confié ce projet il y a 12 ans, c’es t une spécificité à souligner parce que ce n’est pas forcément évident à porter pour les élus. On a fait un choix, ils nous ont suivi et ça dure …pour l’instant, en tous cas jusqu’en 2014. Le territoire visé est un territoire rurbain ou rural, puisqu’on est à la limite de l’agglo de Béziers , qui est en difficultés économiques mais dans lequel on a su créer une fidélité et une circulation du public, d’un lieu à l’autre, d’une commune à une autre, renforcée par la création de Sortie Ouest. La volonté du département de créer Sortie Ouest dans l’ouest du département ,pour créer un pôle de création et de diffusion conséquent, fait que ces territoires alentours se sont trouvés renforcés , d’abord dans leur volonté politique d’action culturelle, et du coup nous avons créé avec Sortie Ouest, par la force du Conseil Général et la volonté de ces élus, une circulation du public qui existe, à l’année avec le Grand tour – la décentralisation de Sortie Ouest – et sur des moments plus évènementiels que sont les festivals. Tout ça est lié et tout ça se renforce…et si l’un de ces éléments venait à tomber, les autres s’en trouveraient diminuer. On laboure le territoire , jour après jour, et par Sortie Ouest, et par le Grand Tour, et par les actions pédagogiques, et par les festivals…pour que le service public puisse exister et de développer.

Quelques surprises dans la programmation des Nuits de la Terrasse et Del Catet cette année?
Le dimanche 21 juillet, le jour d’ouverture, on aura « Un dimanche avec le Quatuor Debussy » – qu’on trouvera d’ailleurs au Printemps des comédiens avec les circassiens d’Opus et ils interpréteront les quatuors de Chostakovitch -, que l’on accueillera dans la rue du Del Catet ; puis il y aura un concert-promenade à 19h près de la Chapelle Montalaurou autour de « Mozart et son maître Haydn », puis à 21h45 pour la fameuse transcription, découverte il y a peu, à la Bibliothèque de Milan je crois, du Requiem de Mozart pour quatuors à cordes qui est somptueuse. Ensuite sont programmées deux représentations de l’école des femmes mis en scène par Christian Schiaretti, une production du Théâtre populaire et des Tréteaux de France avec Robin Renucci qui jouera Arnolphe ; le cirque V.O.S.T avec sa nouvelle création, que l’on avait accueilli l’an dernier avec Epicycles dans le cadre du Grand Tour de Sortie Ouest; ils viennent avec BOO, une installation d’un village de bambous sur lequel se déploient les acrobates; il y aura aussi un spectacle à Saint-Nazaire et une nuit du théâtre, avec L’homme qui rit de Victor Hugo, un Duras mis en lecture, le banquet de la Sainte-Cécile et la Tentation d’exister avec Christian Maz.

Les Programmations

> Le Printemps des Comédiens : Du 4 au 30 juin 2013 : le site pour découvrir la programmation complète – www.printempsdescomediens.com

> Les Nuits de la Terrasse et Del Catet : du 21 au 27 juillet, 13ème édition de ce festival itinérant et pluridisciplinaire au nord de Béziers! Au programme de cette édition : Musique Quatuor Debussy, Hiromi-The Trio Project, Roberto Fonseca, Théâtre : L’Ecole des Femmes, L’Homme qui rit, La Tentation d’exister, Livret de Famille et côté cirque : BOO/ CirkVOST.

> Théâtre Sortie Ouest : Le site! www.sortieouest.fr

A lire aussi:

La Cuisine Amoureuse de Jean Varela: à consommer sans modération!

L’art et la science : un mariage rendu possible par la Cie Primesautier Théâtre

Marie Molliens : Morsure , une invitation circassienne à un instant d’irréversible

Georges Lavaudant, Patrick Pineau, Frédéric Borie, Marie Kauffmann et l’impétueux Cyrano

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à