Promised Land : Un film efficace qui incite à la réflexion

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Par Candice Nicolas – bscnews.fr / Steve Buttler (Matt Damon) est promis à un grand avenir au sein de la compagnie Global. Avec sa collègue Sue (Frances McDormand), ils arpentent la campagne américaine et persuadent les habitants de céder à leur multinationale le droit d’extraire le gaz naturel de leurs terrains. Une nouvelle méthode d’extraction, connue sous le nom de « fracking », permet d’accéder à des réserves quasi inaccessibles par un procédé de fractures.

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Tout sourit à Global jusqu’au jour où Steve et Sue rencontrent une certaine résistance dans la petite ville de McKinley où un professeur de biologie, Frank (Hal Holbrook), révèle à la population les risques d’une telle méthode, qui procède par injection de produits chimiques dans le sol dont les répercussions pourraient être très nocives à la nappe phréatique. La mission de Steve et de Sue bat sans l’aile et se voit franchement compromise quand débarque le jeune activiste, protecteur de l’environnement, Dustin Noble (John Krasinski), qui inonde la petite ville de placards et de bons sentiments. Pour Steve, qui a grandi dans une ferme de l’Iowa, il va s’agir de choisir un camp, celui des multinationales qui offrent de vraies perspectives d’avenir, ou celui de ses racines, qui ravivent des rêves de retour aux sources et de vie plus simple, plus saine. Un face à face avec lui-même et un appel au public, jusqu’où peut-on aller trop loin pour faire du profit ? moderniser ? avancer ? La sur-évolution peut-elle nous conduire tout droit à l’autodestruction ?

Matt Damon et Gus Van Sant ont déjà collaboré sur « Will Hunting » (1998), « Gerry » (2002) et brièvement dans « À la recherche de Forrester » (2000). Pour ce quatrième long-métrage, Damon a coécrit le scénario avec John Krasinski et le résultat est plutôt convaincant, même si un peu téléguidé. La cinématographie est excellente, les dialogues grinçants et les personnages tous attachants, surtout Matt Damon, irrésistible en jeune loup déchiré. Même si le bouquet final ne crée pas la surprise, l’intrigue est bien menée et n’est pas sans rebondissements. On n’échappe pas à une petite histoire d’amour et à quelques répliques moralisatrices, mais ce film intelligent a le mérite de faire réfléchir efficacement.

« La petite ville de McKinley pourrait être n’importe où aux États-Unis » mentionne l’acteur Matt Damon. Son collaborateur à l’écriture du script, John Krasinski, renchérit que le film étant avant tout sur leur pays et sur l’état actuel des campagnes américaines, et qu’il était donc impératif de se rendre sur place, là où leur récit pouvait parfaitement se dérouler. Le film a d’ailleurs été entièrement filmé dans la campagne de Pennsylvanie. Pour Van Sant, « L’Amérique est énorme, et nous sommes tous une partie de ce grand pays. Il est difficile parfois de trouver à quoi s’identifier. Ce que j’ai aimé du scénario de John et de Matt c’est qu’il titille des questions primordiales tout en humour et avec humilité. C’est l’histoire de gens vraies, avec toutes leurs faiblesses et leurs grandeurs ». Ce film s’adresse à tout le monde, et grâce à l’implication de ses acteurs, il touche bon nombre d’entre nous. Rosemarie DeWitt interprète une jeune professeure du lycée de McKinley, Alice. Elle aussi relève l’importance du personnage de Steve, « je vois en l’évolution de son histoire une vraie métaphore de notre pays ». Quant à Hal Holbrook, dans le rôle du prof de bio qui met les pieds dans le plat, il nous dit : « nous vivons des temps critiques. L’idée de démocratie repose entièrement sur le fait que les hommes travaillent ensemble, s’entraident. Sans compromis, il n’y a pas de démocratie ». Frances McDormand, quant à elle, conclut que « tant que nous n’aurons pas remis en question tout ce qui nous entoure, nous n’aurons aucun contrôle sur notre futur ».

« Promised Land »
(R : Gus Van Sant – USA)
Section : Compétition
Sortie française : 17 avril 2013

( Crédit Photo – Scott Green – DR – Berlinale )

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