De main en main : le génie des sculpteurs de la Provence

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Par Albine Dufouleur – bscnews.fr/ © Adagp, Paris, 2013, Richard Baquié / De main en main se donne pour mission d’éclairer le spectateur par le regard, grâce aux œuvres de neuf artistes majeurs que sont Richard Baquié, André Masson, Judith Bartolani, César Baldiccini, Toni Grand, Richard Monnier, Germaine Richier et Arnaud Vasseux. La Provence, cette terre d’inspiration de Giono et de Cézanne, a aussi nourri le génie de ces sculpteurs exposés à la Galerie d’art du Conseil général des Bouches-du-Rhône d’Aix-en-Provence.

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L’exposition est centrée sur le rapport qu’entretient chaque artiste avec les divers matériaux qui forment leur art et leurs combinaisons originales. Les œuvres s’enchaînent tel un relai pour fournir des éléments de réponse sur l’acte de création d’un objet sculpté. Quelque-soit son process, la sculpture reste avant tout un mystère vivant et figé, qu’on qualifierait volontiers de « mort-né ». Il est question d’équilibre, de juste mesure entre le vide et le plein, entre l’envers et l’endroit pour parvenir à l’œuvre souhaitée. Les dimensions qui lui sont conférées, si variables soient-elles, imposent de concevoir l’objet créé dans l’espace comme une forme d’équilibre unique et parfois précaire comme en témoignent les œuvres de Judith Bartolani.L’oeuvre peut devenir le fruit d’assemblages de matériaux insoupçonnés, permettant de transmettre un message qui sera d’autant plus puissant que sa combinaison sera singulière. La récupération des biens de consommation avec lesquels travaillent César, ce marseillais autodidacte des années 1950, devient au fil des années un moyen d’expression propre et le gage d’une signature unique. Il travaille alors la matière en réalisant diverses compressions à l’aide de puissantes presses hydrauliques, détournant totalement la vocation première de ces objets courants comme une automobile ou une cafetière. Ainsi, qu’elle soit composée par juxtaposition d’éléments à la croisée du réel et du fantastique à la manière d’André Masson, qu’elle émane d’un rapport au vivant ou d’une transformation délicate de la nature comme les œuvres de Toni Grand, ou encore qu’elle nie le geste de l’artiste qui la compose selon Arnaud Vasseux, l’œuvre reste présente et déborde de la présence de son créateur pour dialoguer avec l’inconnu qui l’observe. Tout aussi séduit par la puissance d’évocation de l’assemblage de différents matériaux, Richard Monnier s’interroge sur le choix de leur alliage : il choisit d’unir le sable au verre dans son Fourmi-Lion de 1993 pour en sculpter une métaphore poétique : l’humble créateur, nu et démuni, devant la nature imposante et supérieure de certains matériaux. De main en main signe un exploit d’artistes, aux racines communes qui traversent le temps, pour donner à voir et à palper mentalement des œuvres bel et bien vivantes, qui retiennent en elles la présence de leur créateur.

Du 5 avril au 9 juin 2013
A la Galerie d’arts du Conseil Général des Bouches-du-RhôneAix en Provence.

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