David Brühlart : un artiste plasticien suisse féru de bains de papier
Par Julie Cadilhac –bscnews.fr / Photo © Nathaniel Baruch/ On ne le dira jamais assez : Angoulême est l’occasion de belles rencontres. Sur un stand du Nouveau Monde, nous avons rencontré Stéphane Bovon, fondateur des éditions Castagniééé en 2001 et des éditions Hélice Hélas en 2012, et un des auteurs d’Hélice Hélas, David Brühlart (artiste plasticien également). Coup de coeur pour ces deux autochtones suisses dont nous avions très envie de vous faire partager l’univers! Rencontre avec David Brühlart!
En quelques lignes, de la même façon que vous présentez votre narrateur libraire, et si vous vous présentiez à nos lecteurs….?
Je m’appelle David Brülhart. Je viens de Suisse. Je suis principalement artiste plasticien; j’ai exposé en Suisse, à Paris ou encore à Rome. Je pratique la gravure depuis une dizaine d’années et me suis spécialisé dans la gravure sur plexiglas. Mais je crois que chaque histoire a un support qui sera un écrin pour elle. Et pour Corps Carbone, il fallait plonger dans l’aventure de l’édition. Ce qui correspondait aussi à un retour à mes études dans une école de bande dessinée, perdue dans les vignes en Suisse, fondée par Rosinski.
Quelle est la genèse de Corps Carbone? Sa forme très singulière semble être née d’un projet très personnel, très intime…
J’ai eu la chance d’obtenir une résidence artistique à la Cité des Arts de Paris pendant une année ce qui m’a permis de développer le livre. Je travaille dans un système assez chaotique, où à partir d’un synopsis, je produis les images qui me plaisent, comme un puzzle narratif. Petit à petit, j’ai voulu que la narration se passe dans l’esprit du narrateur, Victor. Comme une évasion qui conjugueraient la rencontre amoureuse et des petits billets réflexifs. La maladie de ma mère a effectivement changé également le squelette narratif. Je désirais un livre plus intime, un livre où quelques clins d’oeil seraient pour elle.
Une couverture blanche, de nombreuses pages dans lesquelles se perdre ( ou se retrouver…?), une histoire qui rend hommage aux livres imaginée par un fou de livres?
J’ai été moi-même libraire et nous avons fait faillite à l’arrivée de la FNAC dans la région. En Suisse, les libraires ne sont pas protégés par le prix unique du livre. Ce goût du livre, je suis évidemment tombé dedans quand j’étais petit. La sensualité de l’atelier a ajouté encore l’envie d’un hommage au papier. Dans ces temps menaçants pour le livre, j’ai eu envie d’écrire une lettre d’amour à ce support qui m’a tant aidé, fait voyager, révélé à moi-même.
Si vous deviez citer des romans dans lesquels vous aimeriez prendre des bains de papier, lesquels serait-ce ?
Sans doute la plus jolie question que l’on m’ait posée pour la promotion de Corps Carbone. Actuellement je dirais que je ferais bien un bain dans l’écriture de Marguerite Duras, surtout les livres qui parlent de liberté, d’Asie, de découverte de la sensualité que ce soit « Barrage contre le pacifique » ou « l’amant. Oui, un livre où le climat est lourd et humide.
Tous les sens sont mis en éveil dans ce texte…un reflet de votre façon d’appréhender le monde?
Je pense que la sensualité est un langue à part entière. L’atelier de gravure suinte également un certain érotisme. Je suis un auteur de terrain, qui aime les odeurs et les
textures.
A quel point ce roman graphique est autobiographique?
On dit souvent que dans un premier livre, on a envie de tout mettre de soi. Je pensais éviter ce piège, mais lorsque le livre fut imprimé, je me suis rendu compte que Victor c’était moi. Les personnages nous apprennent encore des choses sur nous après que le livre soit édité.
Si vous deviez en deux adjectifs qualifier ce héros silencieux qu’est Victor, lesquels choisiriez-vous?
Esseulé et vibrant.
Votre style très poétique est le reflet d’une âme rêveuse, souvent mélancolique, curieuse du monde…?
Les natures solaires ont souvent des créations plus lunaires et mélancoliques. J’aime les gens et la lumière mais il y a toujours un moment où la mélancolie me rattrape. C’est un sentiment que j’aime cultiver. Un moteur et un apaisement à la fois dans la création.
C’est votre premier livre édité? On vous a rencontré à Angoulême…où pourra-t-on vous croiser prochainement en signature?
Oui, c’est le premier livre. Angoulême fut merveilleux pour moi, comme un rêve. Ce badge « auteur » je l’attendais. Je serai au prochain salon du livre de Genève.
Enfin, un nouvel ouvrage en projet?
Oui, un roman graphique très éloigné du premier, autour d’un serial killer et de son obsession pour le magicien d’OZ. Ce sera un road trip dans les années 50 toujours en gravures sur plexiglas.
Corps Carbone
Editions: Hélice Hélas
Disponible sur Amazon et dans les librairies spécialisées.
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