Delisle Guy

Guy Delisle : Du récit de voyage aux confidences rieuses de père

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Par Julie Cadilhac –bscnews.fr/ Portrait-dessin: Arnaud Taeron- bscnews.fr/ Guy Delisle est un auteur de bande-dessinée d’origine québécoise qui vit aujourd’hui à Montpellier. L’an dernier, ses Chroniques de Jérusalem (qui relate l’année 2008-2009 passée en Israël aux côtés de son épouse expatriée de Médecins sans frontière) ont été récompensées par le Prix du Meilleur Album au Festival d’Angoulême.

propos recueillis par

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Après avoir publié plusieurs albums sur ses expériences à l’étranger et habitué des récits puisant dans son vécu, il vient de publier Le Guide du mauvais père : une série d’histoires courtes humoristiques sur la difficulté d’élever des enfants. Une façon de déculpabiliser les géniteurs et de rire de bon coeur de tous les ratés qu’ils ne manquent pas de commettre! Nous avons rencontré Guy Delisle lors du festival d’Angoulême alors que l’effervescence des amoureux de la bd bruissait sous toutes les bulles dressées pour l’occasion, que la pluie avait pris soin de balayer les efforts du matin pour être présentable, que l’enregistreur-audio ne s’allumait pas et qu’une suite de conséquences déstabilisantes ont failli faire péricliter l’interview…. mais que ne ferait-on pas pour vous lecteurs?!!

Dans votre parcours, le croquis a précédé la bd: l’envie d’ajouter des mots aux dessins est -elle née d’une impuissance du dessin seul pour exprimer certaines situations?
Ce sont deux travaux différents; quand je suis sur du croquis, je dessine librement. Dans le cas de mes Chroniques, j’avais déjà à l’esprit d’en faire une bande dessinée donc je prenais aussi des notes chez moi le soir. Je travaille toujours à partir de mes notes pour élaborer mes bds.

Vous dites que vous êtes un fan de la bd franco-belge: qu’aimez- vous en particulier chez Morris et Goscinny par exemple?
Je me sens le descendant direct de la bd franco-belge; j’adore le trait de Morris, c’est vrai. Cela m’a influencé dans mon trait et plein d’autres choses que j’ai lues également mais le cinéma, les séries-télé , la littérature m’ont influencé aussi.

Lisiez- vous de la « bd témoignage » lorsque vous avez commencé à en faire?
Je lisais parfois les gens qui publiaient dans la maison d’éditions « L’Association » et qui en faisaient un peu mais en histoires courtes mais je n’avais jamais lu Joe Sacco par exemple. Le seul exemple autobiographique qui était présent à mon esprit, c’était Gotlib que j’avais lu jeune. Et si! Il y avait Maus que je connaissais bien.

Comment expliqueriez – vous aujourd’hui ce succès du journal de bord dessiné – entre journal intime et reportage?
je crois que c’est global en fait. Depuis 15-20 ans, la bd est allée narrativement vers des sphères qu’elle n’abordait pas avant: L’autobiographie, la poésie aussi ( chez POL on en trouve par exemple).

Avec le Guide du Mauvais père, vous revenez à une bd aux thèmes plus légers : est – ce un besoin de respirer?
Oui, parce que j’avais fait un gros album avant et que je savais que j’aurai un gros projet après. Comme j’avais beaucoup de sollicitations cette année, je me suis dit que je n’allais faire que des histoires courtes. Je n’avais pas prévu celle- là en particulier mais les premières planches que j’ai mises sur mon blog ont eu de bons retours et du coup, je suis parti sur ce guide du mauvais père. L’éditeur m’a dit qu’on pourrait peut être mettre ça sous forme de bouquin et ça s’est fait ainsi.

Est-ce aussi un moyen de conserver les réflexions précieuses de vos enfants?
Non. C’est vrai que parfois ils ont des phrases très mignonnes et j’en avais commencé à en compiler une ou deux mais je ne suis pas allé au delà. C’est parti de quelque chose d’autobiographique mais en tricotant un peu dessus parce qu’évidemment, il y a beaucoup de fiction dedans.

C’est presque anti-pédagogique …
Oui, c’est plein d’humour. C’est un ressort que j’utilise toujours , meme quand j’évoque des choses sérieuses.

Après le guide du mauvais père, allez-vous poursuivre votre chronique amusée des travers de la paternité ou pourrait-on découvrir Un Guide du mauvais fils ou du mauvais mari par exemple?
Il y aura un deuxième Guide du mauvais père. Je ne sais pas s’il y en aura plus et si je trouverais matière à inventer d’autres histoires.

Est-ce une question que vous vous posez souvent: suis-je un bon père?
Non, je me pose pas la question souvent; je ne me considère pas pire qu’un autre en fait. C’est vrai qu’on n’est pas toujours à la hauteur ; je suis moins patient que j’aimerais l’être mais après il y a le quotidien etc. qui fait qu’on fait comme on peut.

Ce titre, c’était une sorte de blague…
Oui voilà… Quand on est parents, on lit du Dolto etc.. Des guides pour gérer tout ça et du coup, c’est un peu venu de là.

Avez-vous imaginé un modèle de père idéal ?
Non , je n’ai pas érigé de modèle idéal. Ce sont les enfants qui nous apprennent à être père, à répondre à leurs besoins et à leurs sempiternels questionnements et exigences. C’est beaucoup eux qui nous montrent le chemin. Après, on n’est plus les mêmes pères que la generation d’avant, je suis très câlin avec mes enfants , par exemple, alors que la génération de mon père était globalement plus pudique. Je trouve ça bien que ça se soit ouvert de ce côté- là au niveau des pères. J’ai l’impression que je serai plus près de mon fils que la génération au-dessus de moi.

Quelles satisfactions avez- vous ressenti en écrivant ce guide-là?
En l’écrivant , c’était vraiment un exutoire. Je dessinais des choses qu’il ne faut surtout pas faire dans la vie. Dans Le Guide du mauvais père, je parle à ma fille comme si je m’adressais à une adulte par exemple et c’est assez amusant de casser le mythe; ça fait du bien de le faire sur le papier quand ça reste du domaine de la fiction.

Quelle est votre recette pour faire rire?
Le rire, ça dépend de tellement de choses, du rythme, du contexte…. Ce que je peux dire , c’est que j’ai particulièrement ri sur ces petites histoires….je me disais moi le premier: » il me semble que c’est drôle…. »

Vous avez déjà rencontré des lecteurs de ce Guide : quel serait ou a été la réflexion idéale d’un de vos lecteurs?
J’ai eu beaucoup de retours de pères . Il y a une certaine complicité qui se fait avec les papas qui disent : « ah…moi aussi, j’ai oublié le sou sous l’oreiller! « 

Enfin, si vous deviez imaginer un guide du mauvais auteur…qu’y trouverait -on?
Je ne sais pas si ça plairait à l’éditeur ça ! ( Rires).

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