Chacune de ses chansons est prétexte à raconter des histoires souvent cocasses et profondément poétiques. Roland Auzet lui a ainsi proposé de devenir comédien dans Histoire du Soldat d’Igor Stravinski et Charles-Ferdinand Ramuz. Un exercice auquel il se prête avec aisance puisqu’il a choisi de le conter plutôt que de le jouer. L’Histoire du soldat , d’inspiration faustienne, est le récit d’un pauvre soldat qui vend son âme ( représentée par un violon) au diable en échange d’un livre qui permet de prédire l’avenir. Après avoir montré au diable comment jouer du violon, il revient dans son village et réalise que les trois jours qu’il a passés auprès du diable représentent trois années chez les hommes et que ni sa mère ni sa fiancée ne le reconnaissent. Même si le soldat devient très riche grâce à son livre, le bonheur lui fait défaut. Il joue aux cartes contre le diable pour récupérer son violon et le lui vole, bien que le diable ait gagné la partie. Le soldat guérit ensuite une princesse malade et l’épouse en récompense. Malheureusement, en fuyant du Royaume, le jeune couple désobéira au diable et le soldat sera emporté en enfer. Rencontre avec
Celui qui incarne tous les rôles
accompagné d’une musique multiple et délicate.
Quelle a été la genèse du projet « L’histoire du soldat »?
C’est un ami François Jourdain ,qui était le chef d’orchestre sur le début des représentations, qui m’a fait part du projet de Roland Auzet. Ce dernier m’a envoyé le texte de Charles-Ferdinand Ramuz. J’ai découvert cette pièce que je ne connaissais pas, j’ai rencontré Roland Auzet et on a réfléchi sous quel angle on allait le proposer au public….et , comme on s’entendait, le projet a continué et est arrivé à son terme.
Qu’est-ce qui vous a particulièrement séduit dans le projet? Le texte évidemment mais aussi peut-être la possibilité de jouer avec des musiciens classiques? La musique d’Igor Stravinsky?
Au départ, je n’ai pas du tout entendu la musique; je ne la connaissais pas. C’était surtout l’opportunité pour moi de dire un texte sans le chanter, de faire un exercice qui n’est pas si éloigné que ça finalement de ce que je peux proposer pour mes chansons. Mes chansons sont en effet très narratives ; il y a des petits sketches et j’avais donc l’habitude de raconter des histoires frontalement au public ; c’est ce que j’ai proposé à Roland Auzet. Raconter l’histoire frontalement au public – ce qui n’est pas forcément l’usage au théâtre où il y a le quatrième mur. Je souhaitais que le public soit concerné et que je puisse même parfois lui poser les questions que le soldat se pose à lui-même, que le public soit impliqué dans ce processus.
Vous ne connaissiez donc pas particulièrement la musique d’Igor Stravinsky?
Non. Bien sûr, maintenant, elle me hante depuis que je la connais. Je connaissais par contre Charles Ferdinand Ramuz parce que j’avais lu certains de ses romans: Jean Luc Persécuté, Aline et d’autres que j’ai oubliés. J’étais très sensible à cette littérature rurale, de paysan illuminé.
C’est votre première expérience sur les planches en tant que comédien?
Oui. Ce rôle est celui d’un conteur qui incarnerait tous les personnages. C’est une démarche qui est déjà la mienne parce que j’incarne mes personnages dans mes chansons. C’est pour cela que j’ai senti que je pouvais m’engager dans cette voie. Je m’étais , d’une certaine façon et sans le savoir , préparé à ce genre d’exercice. On m’avait proposé au départ de jouer avec un autre comédien qui aurait joué le Diable. J’y ai réfléchi et j’ai choisi d’être seul parce que je peux faire les choses à ma façon. Je sentais que c’était plus à ma portée que de devoir échanger avec un autre comédien qui va m’imposer quelque chose dans lequel je serais pas forcément à l’aise.
Dans cette Histoire du Soldat, vous incarnez donc tous les rôles?
Tout à fait. Il y a les deux personnages principaux, le soldat et le diable mais il y a également la princesse, le narrateur…C’est une seule et même personne qui est habitée…un soldat qui est bouleversé parce qu’il revient de la guerre et qu’il se cherche, s’interroge. Ma démarche, c’est d’interroger le public de façon à ce que le soldat, le public et moi-même ne fassions plus qu’un.
C’est un ballet-opéra qui emprunte à différents styles musicaux…
A l’époque Stravinsky avait entendu parler du jazz mais n’en avait jamais entendu ; il n’avait lu que des partitions. Je crois pouvoir dire qu’il y était très sensible. Effectivement, l’ensemble est très joyeux et d’après les spécialistes – je n’en suis pas un encore une fois- en ce qui concerne la musique, c’est une étape importante, il y a un avant et un après.
TOURNÉE 2012/2013
– Les 17 & 18 octobre 2012 à 20h au Théâtre de la Renaissance, Oullins Grand Lyon
– Le 23 octobre 2012 à 20h à L’Hexagone, Scène nationale de Meylan
-Le 8 novembre 2012 à 20h30 au Théâtre de Villefranche-sur-Saône
– Du 15 au 17 novembre 2012 à 20h30 à la Scène nationale de Sète et du Bassin de Thau
– Le 27 novembre 2012 à 14h et 21h à L’Astrada, Marciac
– Le 7 décembre à 20h30 & 8 décembre 2012 à 19h30 au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, Scène nationale
– Le 11 décembre 2012 à 20h30 à Le Trident, Scène nationale de Cherbourg-Octeville
– Le 14 décembre 2012 à 20h30 – Scènes du Jura, Scène nationale, Lons-le-Saunier
– Le 18 décembre 2012 à 20h à l‘Espace des Arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône
– Le 14 février 2013 à 20h30 au Théâtre du Beauvaisis, Scène nationale de l’Oise, Beauvais
– Le 16 février 2013 à 20h30 au Théâtre à Châtillon
– Les 21, 23, 27 février, 1er et 2 mars 2013 à 20h, 24 février à 16h, 26 février 14h30 et 19h, 28 février à 14h30 et 20h à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Paris
-Les 19 & 20 mars 2013 à 20h au Théâtre du Passage, Neuchâtel, Suisse
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