Comment le Jazz est-il entré dans votre vie ?
En voyant Dianne Reeves en concert au Festival de Crest Jazz vocal. Son aisance scénique, sa puissance rythmique, son talent d’improvisatrice ont suscité en moi le désir de m’exprimer par le chant, l’improvisation, la musique, et c’est devenu une évidence, un besoin.
Quels sont les artistes qui ont très tôt aiguisé votre passion ?
Mes premiers souvenirs ont lieu avec la musique brésilienne, les voix d’ Antonio Carlos Jobim, de Sergio Mendes, d’ Astrud Gilberto ont bercé mon enfance. Ensuite j’ai écouté passionnément Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, Shirley Horn. Chaque découverte d’un nouveau standard était pour moi l’occasion de chercher toutes les interprétations possibles par ces magnifiques chanteuses, porteuses de vie. A mon tour je cherchais ma propre interprétation. Le jazz donne cette possibilité riche et infinie d’expression personnelle.
Je continue mes découvertes avec Flora Purim auprès de Chick Corea à l’époque de Return to Forever dans l’album » Light as a Feather « , Herbie Hancock, avec les albums « Mrs Hands », « Sunlight », je découvre le jazz fusion des années 70, Jaco Pastorius, Joni Mitchell, tous ces disques que j’ai écoutés inlassablement ont été sans aucun doute mes meilleurs professeurs!
Comment s’est passé le mariage entre votre formation musicale et votre sensibilité propre ?
Tout au long de ma formation musicale, ma sensibilité n’a cessé d’évoluer à travers de nouvelles rencontres, de nouvelles connaissances, avec toujours ce désir d’expression personnelle dans mon propre projet.
Quand vous êtes-vous sentie capable de produire votre propre jazz ?
Après avoir étendu mon parcours musical avec un premier projet re- visitant des standards, toujours entourée de merveilleux musiciens. J’ai eu la chance de pouvoir très vite vivre du chant, j’ai eu donc l’occasion de jouer dans différents lieux, d’apprendre sur moi musicalement et d’évoluer en tant que chanteuse. L’envie d’enregistrer mon propre disque est venue très vite mais il fallait attendre le bon moment, savoir dans quelle direction je voulais aller…et un jour c’est arrivé tout naturellement!
Votre album Sweet Talk n’est-il pas votre juste milieu musical entre la Soul et le Swing ?
Complètement ! Je reste une fille de ma génération et on peut dire que ce qui me constitue c’est cette double culture de musique actuelle et de Jazz. J’ai toujours navigué entre Jamiroquai, Jill Scott, Erykah Badu et les grandes figures du Jazz! Je suis passionnée par le swing et par les rythmes binaires. Dans « Sweet Talk » on retrouve ce mélange des genres musicaux qui font ma personnalité, je n’ai pas essayé de choisir, de trancher dans un de ces styles, j’ai voulu me faire plaisir en voyageant le plus possible autour de toutes ces planètes qui m’attirent depuis toujours.
Pouvez-vous nous parler de votre intimité musicale avec Leïla Olivesi ?
Avec Leïla Olivesi, les choses se sont faites très naturellement, on se connaissait depuis plusieurs années, j’ai été vers elle avec une envie de constituer un projet féminin! Ayant écouté sa musique, je savais que nos sensibilités musicales pouvaient se rejoindre, se comprendre.
Quel est son apport dans vos compositions ?
Elle a su mettre en harmonie mes mots, mes couleurs….Nous avons travaillé ensemble sur chaque morceau, un peu comme un metteur en scène, elle a donné à cet album sa direction tout en me laissant libre dans l’expression, la création.
Cet album comporte un savant dosage de rythme et de mélodie. C’est à la fois enlevé, touchant et nostalgique. Était-ce délibéré dès le départ ou est-ce plutôt l’alchimie en studio qui confère cette identité ?
Enlevé, touchant et nostalgique! ça me va bien je crois! Est-ce délibéré dès le départ ou est-ce l’alchimie du studio? Je pense que c’est les deux, la couleur des morceaux était pensée dès leur composition mais la musique se vit sur l’instant avec ce que l’on est à ce moment là.
Quelle signification donnez-vous au titre de l’album « Sweet Talk » ?
Sweet Talk ce sont les mots doux que toute femme a envie d’entendre.
Est-ce que cet album s’est construit également autour de l’improvisation ?
Oui et non, chaque morceau a été écrit avec une structure définie. Mais ça reste du Jazz, et pour moi l’essence même du jazz c’est la liberté, chaque musicien, Leïla Olivesi au piano, Zacharie Abraham à la contrebasse, Gautier Garrigue à la batterie, Loic Réchard à la guitare, Julien Pontvianne au saxophone, a apporté ses idées, son esthétique et en ça l’enregistrement reste un moment privilégié pour l‘improvisation.
Sweet Talk, n’est-il pas en somme le reflet de votre intimité artistique ?
« Sweet talk » est mon premier album, il me ressemble aujourd’hui, mélangeant les envolées aériennes avec des rythmes terriens, alliant douceur et énergie. Je pense déjà à un prochain album avec une envie d’aller encore plus loin dans ma sensibilité personnelle et artistique.
Où pourra-t-on vous voir en concert d’ici la fin de l’année ?
Pour l’instant j’ai la chance de vivre une autre expérience plus que merveilleuse, avec mon ami nous attendons un heureux événement!
Les concerts reprendront en février 2013 avec un concert prévu aux Disquaires à Paris, la date vous sera vite communiquée ! À très bientôt !
Stéphanie Lemoine » Sweet Talk » ( le site officiel de Stéphanie Lemoine)
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