Autodidacte, il peint dès son plus jeune âge, devient illustrateur commercial pour des multinationales puis ,dès l’âge de 25 ans, se consacre exclusivement à la peinture. Exposé dans de nombreuses galeries américaines – et en compagnie, parfois, de grands noms du troisième art -, ses toiles sont exposées en Europe également depuis quelques années dans divers musées à l’occasion d’expositions de groupe. En novembre 2012, on pourra notamment découvrir deux de ses toiles au Grand Palais parisien lors d’une exposition organisée par le Salon Comparaisons. Inspirées par l’architecture victorienne américaine, ses oeuvres offrent au regard des mondes merveilleux et délicieusement colorés où respirent d’étonnants personnages, souvent hybrides. Machineries flottantes, bâtiments excentriques et parfois même personnifiés, costumes d’époque haute couture, le fantasque flirte avec le beau dans l’univers féérique de Daniel Merriam et chaque toile est prétexte à faire décoller l’imagination! En compagnie de singes en livrée, d’une fanfare rocambolesque ou d’une princesse mystérieuse, l’artiste nous invite à un voyage où « la réalité est prise par surprise » et dans lequel l’imaginaire devient maître du jeu. Bienvenu(s) dans l’univers de Daniel Merriam où le monde devient un théâtre….Entrez!
Où avez-vous grandi? Votre enfance a-t-elle été déterminante selon vous dans la maturation de votre art? Quelle période de votre vie a influencé le plus votre pinceau?
J’ai grandi dans le Maine. Je suis né à York Harbor, un petit village de pêcheurs qui était un lieu très touristique l’été. L’endroit attirait pour ses aspects rustiques et son charme suranné. Il y avait de nombreuses expositions d’art dans la région. En fait, la qualité des travaux exposés augmentait grâce aux arts locaux qui prospéraient mais aussi à l’environnement universitaire. Quand j’étais petit, j’ai vu quelques excellentes expositions d’art moderne. Elles m’ont tellement marqué que ça m’a donné envie de maîtriser des compétences artistiques alors même que j’étais un jeune garçon.
Le Maine est assez rural donc naviguer au milieu des bois m’était une activité naturelle. Je me promenais pendant des miles tout seul sans une boussole ou une route à suivre. Si je connaissais la terre, j’étais aussi le maître des eaux. Entre la navigation à voiles, la pêche et la plongée, j’ai dépensé autant de temps dans l’eau qu’à l’extérieur. Mon monde a été modelé par la réalité brute de la nature et les traitements imaginaires de ma perception. Mon rapport à la nature est sans aucun doute enraciné dans les formes et les modèles que l’on trouve à l’intérieur de mon art. Tant ma famille que notre communauté possèdent une qualité fantasque qui demeure dans mon art. Je devrais donc dire, je crois, que mon enfance est ce qui a inspiré le plus mon art.
Où habitez- vous aujourd’hui? êtes-vous plutôt citadin ou bucolique?
Je vis sur la baie de San Francisco dans la petite ville de Sausalito. Je peux voir la ville depuis mon appartement mais je dois traverser le Pont du Golden Gate pour l’atteindre. J’ai vécu dans de nombreux endroits aux Etats-Unis et j’ai finalement trouvé l’équilibre parfait entre la grande ville et la campagne. Sausalito me permet d’avoir accès aux deux.
Quels enseignements avez-vous suivi? Qu’avez-vous appris d’indispensable à l’école? et de quoi vous seriez-vous dispensé?En 1980, quand je me présentais pour entrer dans des écoles d’art, on n’encourageait pas le travail figuratif. On me disait que mes capacités ne seraient pas appréciées à leur juste valeur. J’ai alors choisi de travailler en tant qu’illustrateur commercial plutôt que de devenir un peintre « abstrait ». Les modes dans l’art ont changé plusieurs fois depuis lors et heureusement la peinture figurative a gagné aujourd’hui un vif intérêt auprès des collectionneurs d’art. En ce qui concerne mon enseignement artistique, je n’ai presque rien à citer. Nous avions le cours d’art à l’école primaire mais c’était assez basique. J’ai appris les techniques par l’observation, l’essai et l’erreur. J’ai du persévérer seul comme je l’avais été dans les bois. La leçon la plus intéressante que j’ai reçue fut le jour où mon professeur d’anglais du 10ème grade a proposé une série de mes dessins humoristiques politiques lors d’un concours de journalisme et que j’ai gagné le premier prix! Ah! le pouvoir du stylo ne s’applique pas seulement à l’écriture! Autre chose qui est restée ancrée dans ma mémoire? lorsque mon professeur d’art au lycée ( une femme taiseuse) m’a dit: » Vous savez, ce serait une catastrophe si vous finissiez à conduire un camion. »
Avec quels outils et quelles matières travaillez-vous?
Au début de ma carrière, j’étais connu pour mon travail à l’aquarelle. J’ai renoncé à l’aquarelle pour la plupart de mes travaux maintenant et je travaille essentiellement avec de la peinture acrylique sur panneau ou sur toile. J’ai toujours adoré également les dessins au crayon et je les considère comme un essentiel dans mon travail.
Avez-vous des mentors question peinture?
C’est difficile pour moi de trouver un mentor mais je n’oublierai jamais la générosité d’Alan Magee lorsqu’il partageait ses sagesses avec moi.
D’autres domaines ( littéraires etc…) influencent-ils votre travail? Lesquels en particulier?
La nature est ma plus grande source d’inspiration. Quand vous mentionnez la littérature, je ne peux pas m’empêcher de faire le rapport entre les oeuvres d’Ernest Hemmingway et mon enfance. Ensuite? je me souviens de m’être moins plongé dans la mythologie que dans Jules Verne. Je suis également passionné par la science et l’histoire, et avec les corrélations qu’il y a entre l’art et la religion. La musique a toujours été l’autre moitié de mes inclinations artistiques et elle reste pour moi une part importante de mon tissu émotionnel.
Vous souvenez-vous d’une rencontre qui aurait nourri votre art?
A chaque fois que je suis confronté à du travail artistique de qualité, j’ai envie de rentrer au studio et de créer. Comme si l’artiste me montrait des possibilités. Les artistes me présentent à une émotion, un sentiment et j’ai envie d’en voir davantage. Leur âme est affichée dans leur travail.
Avec quel(s)adjectif(s) qualifieriez-vous votre peinture? excentrique? baroque? surréaliste?
Tout ceci et plus encore. » Fantastique » aurait été le terme académique à utiliser jusqu’à il y a six ans de cela. De nouveaux mouvements artistiques ont été reconnus et nommés depuis comme le Steam punk, le Neo-Victorian, le lowbrow et le pop-surréalisme. L’Imaginary Realism et le Magical Realism sont deux nouveaux courants qui se battent pour avoir un statut reconnu. Mon art pourrait être classé dans une de ces catégories. Je me considère comme un surréaliste romantique. Je suis influencé par l’Art nouveau et la Belle Epoque, le Gothique, la Renaissance, le Victorien, le «vaudeville»…
Vous semblez priser les architectures complexes…trouvez-vous nos maisons et immeubles trop classiques, trop fades, sans fantaisie? Quel courant architectural vous séduit particulièrement?
Je vois l’architecture comme un reflet du propriétaire ou, ce qui est plus important, de celui qui y habite. Nous sommes -en tant qu’êtres humains- pré-programmés pour exprimer avec des ornements et des symboles ce qui parle de nos idéaux. J’ai grandi dans la Nouvelle Angleterre, au milieu de maisons de bois qui avaient été construites entre 1650 et 1890; beaucoup d’entre elles avaient été construites par leurs habitants. Ils construisaient et embellissaient d’après leurs goûts et en fonction des matériaux qu’ils avaient à disposition. C’est le genre de liberté que le « Nouveau Monde » permettait. Je trouve dans l’Art nouveau de Barcelone un autre exemple de l’expression architecturale qui n’est pas entièrement différente de la Victorienne. Je suis également impressionné par les châteaux que l’on trouve partout en Europe. C’est comme quelque chose qui est inspiré par un rêve. C’est la volonté industrielle ou gouvernementale qui ne répond pas la plupart du temps à l’intimité. De toutes les déceptions que l’on pourrait avoir dans l’architecture, la plus grande est celle de la simplification de l’architecture pour des questions d’économie. Aussi juste que cela puisse être, je préfère juste voir dans l’architecture la preuve de l’expression humaine et de l’esprit qui suinte aux encoignures.
Dans vos toiles, vous montrez le monde tel que vous aimeriez qu’il soit?
J’ai juste le temps de montrer une petite tranche de ce que j’aimerais qu’il soit. Mes peintures sont composées de mes idéaux et filtrées de nombreuses manières différentes. Nous sommes tous embarrassés par nos propres limitations et souvent, quand je peins, je teste mes limites.
Il perce comme une nostalgie pour une époque où les costumes étaient cousus de fil d’or et les cheveux coiffés savamment, je me trompe?
On a perdu beaucoup lors des héritages de nos cultures et chaque génération tente d’en reconstituer une partie. Peut-être que nos descendants regarderont en arrière nos modes et en verrons un idéal. Qui n’aime pas porter une bonne perruque de temps en temps? J’aime m’habiller en costume et aller à un bal. Je voyage dans le temps avec le coeur.
Participer à des bals costumés au carnaval de Venise ou à des bals de fin d’année dans les palais russes, c’est votre rêve d’artiste?
Cela ne fait pas seulement rêver les artistes mais aussi les gens de toutes conditions sociales qui aimeraient se livrer à ces frivolités.
Vous utilisez une palette extrêmement grande, semblez toutefois apprécier les couleurs vives et chaleureuses….le choix de la couleur est-il un moment crucial dans le dessin?
Il est en général nécessaire de planifier l’histoire de la couleur puisque les premiers coups de pinceau transparaîtront jusqu’à la fin.
Quelle couleur vous représente le mieux et pourquoi?
Le vert ou peut-être le rouge. Le bleu est assez sympathique. Je ne peux qu’être momentanément partiel vis à vis des couleurs car sinon je ne serai pas capable d’utiliser toute la palette des couleurs…
Dans les thèmes récurrents de vos tableaux, on trouve le cirque et le théâtre….pourquoi?Ce sont les arènes dans lesquelles mon imagination se complaît et abonde. J’ai une affinité avec le « performer », je suppose que c’est parce que je me produis moi-même avec mon art. Mon chevalet est ma scène.
Vos toiles sont peuplées aussi de créatures mythologiques…parce que vous êtes plus attiré par les êtres imaginaires que les visages réalistes?
Il y a une autre dimension dans laquelle je peux entrer quand j’emploie l’imagination et la création semble m’appartenir davantage quand je dessine des êtres imaginaires.
Peignez-vous parfois des portraits de personnes réelles? pour des commandes par exemple?
On ne voudrait probablement pas commander à un peintre surréaliste de peindre un portrait à moins de vouloir une queue ou trois oreilles. Quand je débutais, j’ai fait pas mal de réalisme et j’ai été commissionné pour un certain nombre de portraits ( en excluant l’ajout d’une queue bien sûr…)
Nous avons choisi Center Stage pour notre couverture de mai..pourriez-nous nous expliquer l’histoire de cette toile?
J’avais développé son personnage sous une forme plus petite dans d’autres peintures. C’est une jeune femme qui ose et j’ai du commencer à oser comme elle pour la sortir de moi.
Vous avez publié trois artwork, n’est-ce pas? Savez-vous s’ils sont disponibles en France en librairie? Où peut-on se les procurer?
En France, vous pouvez trouver mon Artbook au Château de Belcastel si vous avez l’occasion de visiter ce beau château d’Aveyron dont le site est : http: // chateaudebelcastel.com
Votre dernier artwork se nomme « prendre la réalité par surprise »…est-ce votre credo pictural?
Dans mon processus de création et dans ma vie de tous les jours, je regarde toujours les choses depuis une perspective surréaliste ou magique. Ceci rend l’objet que je regarde plus dynamique et surprenant… parce que vous ne savez jamais ce qu’un sujet peut provoquer.
Quoi de prévu pour cette année 2012? des expositions? de nouvelles toiles?
Ma nouvelle exposition a commencé le 26 mai à l’AFA Galery à New-York, intitulée » Greatest Show on Earth ». C’est un ensemble de travaux dédiés au cirque . Cette année, j’ai exposé à Las Vegas au Caesars Palace. Je suis très enthousiaste d’être en train de finir la construction de mon propre concept de galerie à Sausalito, qui est censé ouvrir début juillet. Ma conception architecturale a été le sujet de débats passionnés auprès de l’administration locale et le bâtiment promet d’être un de mes travaux les plus conséquents. A la fin du mois de novembre, deux de mes toiles seront exposées au Grand Palais à Paris dans le cadre d’une exposition de groupe organisée par le salon de l’art actuel Comparaisons. Pour toutes mes actualités, vous pouvez visiter mon site web: http://www.danielmerriam.com
Le site de Daniel Merriam:
http://www.danielmerriam.com