Adepte de la métaphore et d’une prose sincère et mêlée d’humour, il a écrit une quinzaine d’oeuvres à destination des adultes, une dizaine pour la jeunesse et il vient de publier sa première bande-dessinée, en compagnie de Djillali Defali, intitulée Leçons coloniales. Aux Editions Albin Michel, paraît un nouveau roman dont le nom fleure bon le métissage heureux des contraires «Salam Ouessant». Il y est question d’un père divorcé et de ses deux filles qui partent dans le Finistère pour passer leurs premières vacances à trois. Tensions, incompréhensions, maladresses réciproques, la semaine ne s’annonce pas aussi douce qu’un fleuve tranquille… Une aventure familiale où le réalisme flirte avec la fantaisie et la poésie, où l’on croise une Mme Pourquoi au caractère bien trempé et une Circé cavalière et où l’amour – on l’aurait deviné!- triomphe malgré tout. Une histoire avec des adultes dont les souvenirs sont au bord des lèvres et du coeur, un récit avec des enfants qui comprendront plus tard et ce sera bien assez tôt. Rencontre avec un écrivain généreux et sensible à qui l’on souhaite d’enthousiastes nuits de méditation sous les étoiles lyonnaises…
L’identité est un thème littéraire qui vous inspire tout particulièrement?
Je ne sais pas pourquoi soudainement je pense à Ulysse. J’ai été marqué très tôt par l’Odyssée de Homère, c’est , je trouve, un des livres cultes sur l’émigration, sur l’exil. C’est le mythe du retour au bled. Voilà ce type, Ulysse, qui est prisonnier dans ce cheval de Troie, en train de faire cette guerre stupide et qui transpire pendant des heures et des heures au milieu de camarades dans ce beau cheval de bois et qui pense à son pays d’origine, à sa terre, à Ithaque, à sa femme, à son enfant, à tout ce qu’il a laissé tomber pour se retrouver dans cette situation stupide. C’est un livre qui a trait à la question de l’identité. L’identité, c’est un jour se poser la question » qu’est-ce que je suis en train de faire ici? », « est-ce que cela a du sens que je sois là? », et « quel sens? ». Le deuxième thème qui m’intéresse beaucoup, c’est la terre d’origine et ,ce qui lui est associé directement, la nostalgie. La nostalgie qui vient des deux mots grecs « Nostos » , le nid, et « Algos » , la douleur. La nostalgie, c’est donc la douleur d’être éloigné de son nid, de son foyer. Chez tous les êtres humains, la nostalgie est différente parce qu’elle a à voir avec l’enfance, c’est la douleur d’avoir quitté le monde de l’enfance, le monde de l’éternité, de l’innocence mais aussi de l’immortalité. Et quand les êtres humains quittent ce monde de l’immortalité, ils entrent dans celui de la finitude alors la question de l’identité se pose encore plus parce que cette culture de l’identité dit: « que vais-je laisser derrière en héritage? dans mon sillage? ». C’est la question que traite mon roman finalement…
Dans ce roman, le narrateur est confronté à de multiples remises en question identitaires en tant que père, qu’homme, qu’autochtone…
Le fait d’être père de famille fonde en partie ce que l’on appelle la carte d’identité. La carte d’identité se compose de choses multiples: je suis un homme, je suis né à Lyon, je suis basané, je suis enfant d’une famille nombreuse, je suis issu de l’immigration maghrébine, je suis intellectuel…et cela fonde une carte d’identité multi-dimensionnelle et finalement ce livre traite de ces questions d’identité multidimensionnelles que porte un homme ou une femme tout au long de son existence.
Ce titre: Salam Ouessant…. en 1986, on se rappelle d’un autre: le Gone du Chaâba: des titres à la sémantique forte qui semblent révéler votre intérêt pour le métissage culturel … Le nom d’un roman, c’est important pour Azouz Begag?
Oui, le titre, c’est comme le prénom d’un enfant qui va l’accompagner tout au long de sa vie. Par conséquent, c’est un choix fondateur qui va marquer l’identité d’un bouquin et j’y prête une grande attention parce que le titre a toujours une sonorité aussi puissante que la première phrase qui ouvre un livre. Salam Ouessant: j’aime cet assemblage de mots qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre et qui rappelle l’épopée de ce pied-noir qui quitta l’Algérie en 1962, qui n’a rien compris à ce qui s’était passé et qui se retrouve sur l’île d’Ouessant qui est situé sur le fin-istère, c’est à dire à la fin de la terre. En me voyant ,au départ, il me laisse dériver dans mes difficultés de père avant de me déclarer -une semaine après -sa flamme. Il me dit » de quel pays êtes-vous? », je réponds » de Lyon ». Il me dit « mais avant », je dis » Avant, je n’étais qu’un spermatozoïde. » Il me dit « Arrête de te jouer de moi, dis-moi tout » et je réponds » Algérie ». Cet homme alors m’explique qu’il avait aussi quitté son pays quand il était jeune, qu’il avait du laisser tomber une fille qu’il aimait tellement là-bas au bas de la Casbah à Alger, qu’il a dû tout oublier et tout recommencer…il me dit: « devine quel métier j’ai fait? j’étais gardien du phare d’Ouessant pendant vingt cinq ans pour reconstituer la lumière de là-bas, pour essayer d’allumer le rail d’Ouessant, pour éviter que les bateaux ne se fracassent sur les récifs et sur les écueils qui bordent le passage de l’île d’Ouessant. » En gros, c’est l’histoire d’une existence humaine; il y en a parmi nous qui sont là pour éclairer le chemin, pour nous empêcher de tomber sur des obstacles qui sont connus, qui essaient de nous donner une carte des récifs et des écueils à éviter dans la vie pour s’en sortir. C’est ce que le père essaie de faire avec ses enfants ( rires). Ce M. Le Bihan et moi, on est dans la même galère! Il y a des croisements littéraires dans ce livre qui m’ont beaucoup amusé…
Ce roman montre le père dans une situation souvent inconfortable et pas toujours à son avantage tant il accumule les maladresses avec ses filles. Vous vouliez, comme Rousseau dans ses confessions, vous montrer tel que vous êtes vraiment? Le pacte de sincérité avec le lecteur est pour vous indispensable lorsqu’on écrit une autobiographie romancée?
Exactement! Il y a pas longtemps, j’ai demandé à un de mes neveux qu’est-ce qui avait plu dans le roman Le Gone du Chaâba. De suite, il m’a répondu: la sincérité. C’est quelque chose de difficile à trouver quand on est romancier et qu’on essaie de créer des personnages avec des psychologies particulières; ce sont des personnages artificiels dans la fiction mais il faut néanmoins donner au lecteur ce sentiment de sincérité totale. C’est ce sentiment que j’ai laissé ressurgir lorsque je me suis laissé aller à quelques confidences; elles sont, je crois, d’une grande humanité mais je les ai mâtinées avec une dose humoristique pour pouvoir leur donner encore un peu plus de légèreté. Quand un écrivain va au bout de son émotion, il est obligé de se mettre à nu; il devient vulnérable bien entendu, mais tellement sincère qu’il emmène avec lui le lecteur dans son chemin. De plus en plus, je cherche à faire cela maintenant. Ne plus tricher, ne plus rien cacher et puis aller dans la lumière du phare, fût-il le phare d’Ouessant, pour essayer de montrer au lecteur que nous sommes finalement à peu près tous foutus de la même manière, avec, à l’intérieur, les mêmes sentiments, les mêmes besoins d’être aimé et d’aimer et que c’est bon de partager le plus petit dénominateur commun entre les êtres humains qui est celui de la recherche d’amour pendant la traversée du rail d’Ouessant, c’est à dire pendant la durée de l’existence. Je crois qu’on touche les gens en faisant ça. Le lecteur est étreint, en tournant les pages, soit par des éclats de rire, soit des sanglots, qui font du lecteur et de l’auteur des êtres humains fabuleux parce qu’ils se rendent compte de leur statut commun d’être humain.
Quels conseils donneriez-vous à un auteur qui souhaiterait écrire une autobiographie romancée?
Il faut être soi et essayer, avec toute la complexité qui nous forge, d’aller vers la sincérité la plus totale. Il faut aussi, bien entendu, une construction, c’est à dire partir d’un point jusqu’à un autre….emmener le lecteur de Brest jusqu’à Ouessant. Il faut faire une traversée et ,si ça part dans tous les sens, si le bateau sur lequel on embarque tourne sur lui-même, revient, repart…ce sera très difficile de retenir l’attention du lecteur . On fait partager aux lecteurs toutes les qualités et les turpitudes de cette traversée, qui , vous l’avez compris, est une métaphore….
Ouessant, l’Algérie, deux paysages si contraires et en même temps qui réussissent à se mêler dans l’imagination et le destin du narrateur…
Oui, j’aime l’harmonie des contraires. Je suis attiré par les antipodes parce qu’entre elles, il y a des énergies qui circulent, des questions, des affrontements, des altérations qui sont tout à fait riches en découvertes de soi. C’est un passage d’électricité, d’un point A à un point b, et qui allume des lampes, qui éclaire. Je préfère aller vers ce qui n’est pas pareil, ce qui est différent : partir de Lyon pour aller à Ouessant plutôt que d’aller en Algérie. Je me dis qu’en allant Ouessant, forcément, il va se passer des choses.
Ce récit cherche-t-il à expliquer qu’on ne peut pas tout partager avec ses enfants? En effet, si le père est touché par Le Bihan et comprend ses douleurs enracinées , les filles ont d’autres problématiques qui les perturbent et ne sentent pas concernées…
Evidemment, les adultes ont conscience de tous ces ratés, de tous ces échecs, de toutes ces nostalgies et il serait vraiment absurde de les faire partager aux enfants. Ils devront vivre leurs propres échecs, en tirer profit et élaborer leur propre nostalgie c’est à dire donner du sens à leur propre existence. Nous, notre rôle et notre obligation, c’est de leur donner pleine confiance en eux-mêmes pour pouvoir prendre le risque de bâtir tout ça, leur laisser produire le sens de leur existence, ne pas leur infliger les nôtres. Mon père était comme ça, d’une culture méditerranéenne ; il disait qu’il ne fallait partager avec les gens qu’on rencontre , avec ses amis, que le meilleur de soi-même et que si, avec les autres, on ne partage que le pire qui est le dénominateur commun entre les êtres humains, cela n’a aucun sens. Il n’y a aucun intérêt à partager notre pessimisme avec les enfants; il est utile et hautement nécessaire de les laisser croire en l’humanité, en l’impossible même si nous savons que nous sommes proches de la frontière. Par exemple, à titre personnel aujourd’hui, le monde dans lequel nous vivons m’effraie beaucoup; je suis assez pessimiste sur les évolutions économiques, culturelles, sociales de notre pays- de l’Europe et du Monde aussi – mais je ne le dis pas aux jeunes et aux enfants, je leur dis d’y aller, de foncer, de produire, de vivre leurs émotions et de ne surtout pas se laisser impressionner par le discours pessimiste des adultes. Ce roman montre un père qui essaie de rentrer avec ses deux filles dans une logique d’accompagnement et non dans une logique d’affrontement. C’est ma façon de voir l’éducation: accompagner, c’est tout. Désigner à ceux qui viennent derrière nous, les récifs et les écueils, de les éclairer….tout en sachant que les enfants iront directement sur les récifs et les écueils qu’on leur a éclairés parce que ça les intéresse. ( rires) Il faut donc être humble et prendre ça avec humour.
On trouve dans le roman cette phrase: « J’ai hérité la maladie de l’immigration et son effet secondaire, le soliloque »….
Je reviens vers Ulysse; je l’imagine rongé par l’idée de son retour à Ithaque et devant l’impossibilité de partager ses choses intimes et profondes avec les soldats avec lesquels il vient d’en découdre avec les Troyens…alors il soliloque, il parle tout seul, il remue les lèvres et fait dialoguer entre eux plusieurs personnages qui sont en lui et qui l’appellent et l’informent de ce qui se passe ailleurs. Nous sommes des êtres extrêmement complexes et tous ceux qui en sont conscients, et en particulier ceux qui sont partis de leur ville ou de leur village, pour aller dans un autre pays, une autre culture, sont contraints au soliloque. Bon, aujourd’hui, c’est vrai, il y a les téléphones portables ou les CallCenter où ils peuvent appeler à moindres frais leurs bouts d’eux-mêmes qui sont restés là-bas, de l’autre côté de la mer….
Yvon le Guen a vraiment existé?
Non ! mais un de mes meilleurs amis – le plus grand poète de France et du Monde-, s’appelle Yvon le Men , il est breton, il vit à Lannion et c’est lui qui m’a remis, il y a une quinzaine d’années, sur le chemin de la poésie parce que je l’ai entendu à plusieurs reprises en public, les yeux fermés, remuer ses lèvres et dire quelques poémes, les siens ou ceux des autres; et cela donne une telle énergie, c’est tellement humain que j’ai eu envie de revenir sur ce terrain. C’est pour cela que lorsque le personnage central de mon roman voit cette belle rouquine sur son cheval roux, il dit: » Jamais chemisier en soie n’avait en moi provoqué pareil émoi »…c’était pour rigoler avec mon ami poète! Les poètes sont des immigrés aussi, tous sont des exilés; ils se sont trompés de monde; partout où ils vont, ils soliloquent, ils s’inventent des vies, des mots et ils les racontent au vent mauvais…Ah!les poètes qui murmurent au vent au bord des falaises.
Ce roman parle du prix des rencontres..
En évoquant le vent, on est contraint -encore!- de revenir à Homère et au récit de l’outre et du dieu Eole. Cet outre dans laquelle Eole a emprisonné tous les vents contraires qui empêcheraient Ulysse de revenir à Ithaque. Lorsqu’Ulysse est sur le point de retrouver son bled, les marins commencent à se plaindre » toi, tu vas rentrer chez toi les bras chargés d’étoffes et de cadeaux et nous, on a rien, montre-nous ce que contient cette outre ». ET malgré les non d’Ulysse, l’outre est ouverte et les vents contraires les emportent à mille lieux d’Ithaque. Il n’y a pas longtemps, j’ai rencontre sur le fleuve mékong un homme richissime qui, un jour, me voyant dans un état psychologique peu réjouissant me dit: » de quoi as tu besoin dans la vie? » Il voulait m’aider et enfermer dans une outre quelques vents contraires pour faciliter ma vie. Et, pendant plusieurs minutes, j’ai été bouleversé par sa question parce que je n’avais pas de réponse: qu’est-ce qu’on veut dans la vie? J’avais un magicien d’Oz, là, qui me disait avec sa baguette « dis moi ce que tu veux ». En fait, on ne sait pas ce que l’on veut, on cherche. Alors plutôt que de parler d’identité, je préfère toujours parler d’identification; c’est un mot plus ouvert, plus conciliant avec les rencontres que l’on fait, les gens qu’on croise dans la rue…et finalement, c’est ça notre destin. Faire des rencontres et se laisser altérer par les rencontres, se laisser porter par les courants fondateurs de ces rencontres . A chaque fois qu’on fait des rencontres, on échange des morceaux de soi avec des morceaux de l’autre. C’est ainsi qu’on forme les morceaux du puzzle de soi-même; je suis sûr qu’à la fin d’une existence , lorsqu’on dépose à terre tous ces morceaux issus de ces rencontres, alors on sait qui l’on a été sur terre. L’identité, c’est pas du tout quelque chose dont on hérite et qu’il faut à tout prix préserver, le refus de toute altération…c’est exactement le contraire! L’identité qu’on acquiert, il nous est donné de l’enrichir , de la laisser altérer au contact de tous les autres êtres humains merveilleux que l’on rencontre dans une existence. Un exemple? Aucun de nous n’oublie le nom de ses enseignants de l’école maternelle, n’est-ce pas?
Le personnage principal de votre roman raconte qu’il passait ses étés avec ses frères en Algérie. Il a pourtant des réticences à amener ses filles là-bas. Est-ce que c’est pour la même raison que celle qui empêche Le Bihan d’y retourner? A-t-on peur d’être déçu, de ne pas y retrouver ce qu’on y a laissé?
Il est vain de vouloir retourner en enfance parce que l’enfance ne passe qu’une fois. ( Il chante) « Il suffisait de presque rien,Peut-être dix années de moins, Pour que je te dise je t’aime »….J’ai écrit une fois dans un livre » je ne reviens jamais là où j’ai été heureux » . Voilà ce dont j’avais peur avec mes enfants. Cette Algérie des années 70 telle que je l’ai connue dans laquelle il y avait des odeurs, des fleurs magnifiques, des ânes dans les rues, des marchands ambulants, des trains qui roulaient si lentement mais qui nous donnaient à voir des paysages si magnifiques au crépuscule, une solidarité, une humanité tellement grandioses parce que les gens sortaient de la guerre et de la domination coloniale. Toutes ces belles choses qui ont bâti mon identité à ce moment-là n’existent plus. Et donc je ne voulais pas ou j’avais peur de construire pour mes enfants un mythe d’une Algérie qui n’existe plus alors que c’est à elles de faire la démarche, d’aller chercher…et en même temps, peut-être que mes filles sont plus espagnoles qu’autre chose, elles adorent l’Espagne et la langue espagnole; elles l’ont apprise toutes les deux aussi. Elles parlent aussi l’anglais parfaitement, l’arabe et le français. Ce sont des navigatrices elles aussi. Je pense qu’elles ont senti pendant ce moment de solitude paternelle, quand j’étais avec elles, toutes les choses qui me rongeaient, toutes ces photos qui me faisaient soliloquer. On sent parfois dans le regard des enfants, sans qu’il soit besoin de mots, qu’ils ont compris, que quelque chose passe; ça suffit pour être rangé dans un coin de mémoire intime et précieux de l’enfant et qu’il puisse s’en servir vingt, trente ans plus tard. Ce sont des moments indicibles et insaisissables qui sont les moments les plus importants dans une vie et qui remontent à la surface…des années et des années plus tard. Cette énergie dans le regard reste en mémoire et revient plus tard se manifester avec des images que l’on comprend enfin. Tout ça , c’est philosophique. (rires)
Un bon roman doit avoir un socle « philosophique », non? sinon il sonne creux…
Je suis membre du jury du Prix Marcel Pagnol en ce moment et justement cela me fait réfléchir. J’ai l’impression d’écrire des choses qui ne sont pas superficielles, qui ont un sens profond pour moi dans cette vie étrange que j’ai vécue. Né dans un bidonville et devenu ministre un jour…tous ces voyages, ces déplacements, entre des pôles tellement différents, ont créé chez moi des profondeurs que j’explore. J’aime bien rentrer dans les crevasses, les sous-terrains et y trouver de la lumière alors que je vois beaucoup de romans extrêmement légers , où les auteurs n’ont pas forcément grand chose à dire mais ils ont acquis une technique de narration qui fait qu’ils peuvent écrire des livres comme ça…
Pour quel dernier livre avez-vous eu un coup de coeur?
En ce moment, je travaille sur le personnage de l’émir Abd le-Kader, j’y consacre tout mon temps , je lis tout ce qui me passe sous la main à ce sujet. Il est né en 1808 en Algérie, il a combattu la colonisation française jusqu’en 1848; Il a résisté pendant quinze ans. C’était un jeune homme érudit, très brillant, connu en France pour la smala d’Ab Le Kader. Un être qui amenait toujours toute sa bibliothèque avec lui, partout, même avec ses combattants…et qui , finalement, s’est rendu aux français parce qu’il avait été abandonné par tout le monde. Il a quitté son pays, sa terre natale et a promis de ne jamais y revenir et de ne plus jamais se confronter aux français. Il a fini sa vie à Damas en Syrie où il a été connu en 1860 pour avoir sauvé des milliers de chrétiens lors de massacres perpétrés par des musulmans. L’émir Abd Le Kader a une réputation mondiale aujourd’hui mais dont les français ignorent à peu près tous. Je suis en train de travailler sur lui, de rentrer dans sa peau…
Dans l’objectif d’écrire après…
Une bande -dessinée. Deux en fait. C’est en projet pour 2013. Je viens d’ailleurs de faire une bande dessinée chez Delcourt qui s’appelle Leçons coloniales. Elle est dans les librairies depuis mi-mars.
D’autres projets?
Il y aura un moment aussi où je crois que j’aurais tout dit, tout écrit. Je vais devenir contemplatif. Je vais m’installer au milieu de mes plantes, sur la terrasse et je vais regarder les étoiles, écouter le bruissement et le tumulte de la vie des hommes dans l’avenue en bas de chez moi…( éclat de rire).
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