Ouvrir un album scénarisé et dessiné par Jean-Pierre Gibrat déclenche une émotion dense, pétrie de nostalgie, qui ne tarit pas jusqu’à la dernière page. Les visages qui s’y promènent sont touchants de vérité tant l’auteur sait représenter avec justesse et sensibilité ce je ne sais quoi qui flotte dans les souvenirs. Et pour ne citer qu’eux: Cécile et Jeanne captivent le lecteur, noyé dans le bleu de leur regard, séduit par la grâce sensuelle et l’espiègle intelligence qu’elles baladent dans leur sourire ou le froissement de leur jupe tandis que Julien, François et Matteo, au menton saillant et à la générosité chevillée à l’âme ont le profil des garçons d’ici-bas que l’on a envie spontanément d’étreindre. S’ils évoluent au coeur de l’Histoire, les personnages de Jean-Pierre Gibrat en sont des acteurs souvent simplement par nécessité mais qu’ils soient confrontés à la guerre, à la révolution ou qu’ils doivent se cacher durant l’occupation, leurs gestes restent empreints de bienveillance et d’humanité et l’amour, en suspens, électrise leurs heures . Si le dessin suffit à conquérir le lecteur,le scénario en outre est mené avec intelligence et brio tant il entremêle l’Histoire et les histoires de façon captivante. La narration offre des scènes mémorables: sur les toits de Paris, dans les rues de Pétrograd en révolution ou au creux de la cabine d’une péniche qui tangue joyeusement sur les canaux de Paname. La prose de Jean- Pierre Gibrat , elle, est peuplée de métaphores judicieuses qui savent décrire la faiblesse humaine face à la force dévorante de la guerre ou la puissance d’une révolution en marche et s’y cachent de nombreuses phrases exquises d’un auteur qui a le sens de la formule! Rencontre avec un Grand Monsieur de la bande dessinée française pour lequel on ne devrait jamais avoir de problème de conjugaison avec le verbe aimer!
D’où est né votre goût pour l’Histoire?
J’ai un intérêt particulier pour l’Histoire du XXème siècle et mes grands parents étaient militants sous le Front Populaire… ça a du y contribuer, forcément.
Diriez-vous que l’Histoire est un formidable Ouvroir de Littérature Potentielle? qu’elle crée des ressources inépuisables pour l’imagination?
L’Histoire est porteuse de choses surprenantes qui dépassent la plupart du temps l’invention; c’est une matière qui est d’une telle richesse qu’on ne peut qu’être tenté de s’en inspirer. Dans mes histoires, l’Histoire est toujours présente mais comme une toile de fond, c’est le cadre. Les moments un peu spectaculaires de l’Histoire révèlent les caractères, obligent à être dans l’exception: exceptionnellement médiocre ou exceptionnellement magnifique.
Le Sursis et le Vol du Corbeau se déroulent durant l’Occupation…
Justement pour ces raisons-là! C’est une période qui oblige les hommes à se révéler tels qu’ils sont. On ne peut plus se cacher, il y a des choix obligés à faire – pas pour tout le monde, c’est vrai, mais pour certains qui sont confrontés à des situations où l’on ne peut pas se permettre de se cacher derrière un discours et d’agir. Si quelqu’un frappe à votre porte et vous demande l’asile, il faut dire oui ou non et se décider tout de suite….
Et pourtant Julien se cache, ne prend pas vraiment part à l’Histoire…
Il se cache ,oui, mais mon objectif n’était pas de montrer des hommes d’exception mais le caractère humain dans des moments d’exception.
Le Sursis se déroule à la campagne tandis que le Vol du Corbeau se déroule à la ville. Etait-ce prémédité à l’avance, ce changement de cadre?
Non, pas du tout! Le premier à la campagne s’est imposé parce que c’était une histoire que je portais depuis longtemps et du coup, lorsque j’ai décidé de faire un autre album sur la même période , j’ai eu envie de changer de cadre.
Le Vol du Corbeau commence avec Paris sur les toits, un moment superbe et presque romantique à ciel ouvert…plus tard, Jeanne et François se réfugient dans une péniche…
Oui, il y avait une envie de ces toits de Paris pour la question graphique, évidemment. Quand on est son propre maître d’oeuvre, on peut se permettre toutes les envies autant du point de vue de l’histoire que du cadre. Quant à la présence des canaux et de l’épisode de Jeanne et François sur la péniche, ça vient de loin. Des années auparavant, j’avais loué une petite péniche pour remonter les canaux et je m’étais dit que c’était un monde tellement à part qu’il faudrait un jour que je l’intègre dans une histoire. Dans le Vol du Corbeau, je me suis trouvé confronté à un problème de récit, je me demandais où pourrait se cacher Jeanne et je voulais un endroit un peu atypique ( pas un grenier ou une cave..) et j’ai pensé à la péniche et là c’était l’occasion rêvée! C’est marrant comme parfois on porte des envies comme ça et elles éclosent à un moment donné comme des évidences. L’épisode des toits comme le monde des mariniers, ça a beaucoup de charme forcément.
Vous semblez apprécier les fins pathétiques….or le Vol du Corbeau s’achève sur une note d’espoir: est-ce un moment de faiblesse du scénariste qui a eu un peu pitié de ses personnages?
Alors figurez-vous qu’au début la fin était un peu radicale elle aussi et puis autour de moi, on m’a dit « attends, tu ne vas nous faire le même coup à chaque fois »(rires). C’est vrai que j’avais une façon un peu désinvolte d’élaguer les personnages et je me suis dit qu’il ne fallait pas que j’en prenne l’habitude et que le lecteur finirait par s’en lasser certainement…
Le Sursis, c’est une année volée au destin? Une année innocente après laquelle la mort reprend ses droits? Ne quitte-t-on pas un peu le réalisme ici? Pèse en effet une fatalité terrible…il y a un côté tragédie grecque, non?
Il n’y avait pas là de préméditation mystique là-dedans.C’est juste l’idée d’une mécanique face à laquelle on est impuissant. Cela arrive dans la vie ce genre de paradoxe : des gens ont pris des risques terribles toute leur vie et c’est le truc le plus minable ou anecdotique qui leur tombe sur la tête alors qu’ils ont provoqué souvent le destin. C’était plutôt l’idée du hasard qui fait que parfois il arrive des choses très curieuses et l’on a l’impression que c’était écrit.
Côté sentimental, si l’on regarde vos albums, on a l’impression qu’il y a une évolution dans les relations qu’entretiennent les personnages amoureux: Julien et Cécile vivent un amour pur et réciproque, Jeanne et François sont un couple plus moderne avec des distorsions de points de vue et des relations antécédentes quant à Matteo, ses relations avec les femmes sont multiples et compliquées…
( Rires)…Pour Matteo, il y a un peu la même idée que dans le Sursis: ce n’est pas vraiment le destin mais le fait qu’on fait au mieux par rapport aux circonstances. Matteo s’était mis en tête de vivre une histoire avec Juliette plutôt tranquille et installée et ce sont les évènements qui vont le balloter un peu.. Matteo est un album plus violent, plus engagé… Plus noir. A part à la fin, dans le Sursis, il y a quelque chose de sifflotant tout le long. Matteo, lui, on sent qu’il porte des valises plus lourdes…
La nostalgie est présente dans Matteo mais elle semble desservir le personnage, le conduire à sa perte..
Mais ce n’est pas fini Matteo! Non! il ne va pas finir au bagne! On va le retrouver à l’époque du Front Populaire; il y a un gros break et l’on retrouve dans un nouvel album pour les 15 jours de congés payés des français..
Pourquoi avoir imaginé un récit se déroulant pendant l’Occupation avant de vous pencher sur la guerre de 14-18?
Le Sursis, c’est la première histoire que j’ai vraiment scénarisée- avant je travaillais avec d’autres scénaristes. J’avais axé mon projet du Sursis autour de la période de l’occupation et autour d’un lieu précis. Ce qu’on me proposait par ailleurs ne m’enthousiasmait plus ,ou en tous cas de moins en moins, j’avais quarante ans quand j’ai écrit le Sursis et ça faisait vingt ans que je dessinais donc je me disais, bon maintenant si tu veux vraiment mouiller le maillot et mener un projet tout seul, c’est le moment! Ce Sursis , c’était la résultante de plein d’envies qui ont germé au fur et à mesure des années; cette histoire se déroule à cette époque-là pour de nombreuses raisons…Sur l’occupation en Province, en Aveyron, j’aurais pu en écrire davantage parce que j’avais plein d’anecdotes qu’on m’avait racontées et que je n’ai pas pu mettre dans le Sursis. J’avais une matière première qui me touchait et qui correspondait à une période qui me fascinait. Je suis né en 54, c’est à dire dix ans après la guerre et dans ma génération, tout le monde s’est posé au moins une fois la question «qu’est ce que tu aurais fait, toi, si tu avais vécu à cette période?». Et le Sursis, c’était aussi une façon d’y répondre mais sans le faire version héroique: finalement Julien n’est pas très loin de la façon dont je me serais comporté, moi…c’est à dire qu’il aurait vraiment fallu que je sois coincé pour me planquer et qu’il aurait fallu que je sois encore plus coincé pour me mouiller, ce qu’on fait plus de 90% des français d’ailleurs. On a souvent fait croire aux gens que les français étaient du côté de la collaboration ou du côté de la résistance alors que la vérité était beaucoup plus simple que ça. La plupart des français ont attendu que ça se passe et on ne peut pas leur en vouloir parce que leur premier souci c’était de survivre ( de ne pas crever de faim, de froid)…après, les grandes idées, c’était du luxe. Les gens qui s’y sont confrontés l’ont souvent fait parce que certaines situations les avaient contraints à faire un choix radical.
Des deux grandes guerres, on voit une longue pause ensoleillée pour l’Occupation ( très peu noircie d’évènements malheureux) tandis que vous montrez l’enfer terrible des tranchées dans Matteo…
De la guerre de 14, tous les témoignages que j’avais venaient de la littérature ou de documents. Mon grand-père avait fait la guerre de 14 mais on n’en a jamais parlé et j’étais jeune quand il est mort mais ce qui était incontournable, c’est qu’on a broyé toute une jeunesse, qu’ils se sont faits labourer le corps et l’esprit et que c’était une horreur absolue; ça ne pouvait pas être autre chose que ça quand on se retrouvait sur le front alors que la guerre en 1940 dans l’Aveyron, c’était plus près de Marcel Pagnol quand même. Déjà parce qu’ils avaient à manger et qu’ils pouvaient se chauffer! Dans le village que je dépeins, qui est un village qui existe mais que j’ai un peu maquillé, je sais qu’ils n’ont pas vu un allemand de la guerre; ils sont passés à un km au pied du village et encore c’étaient pas vraiment des allemands mais des troupes d’occupation (dont des croates…). Ils n’ont pas souffert pendant cette guerre à part ceux de la famille qui ont été faits prisonniers ou ont été tués mais le quotidien ressemblait au quotidien d’avant-guerre. Alors que même les ouvriers qui travaillaient dur dans une usine, sur le front pendant la guerre de 14, c’était pas tout à fait comparable! A tel point que l’arrière ne comprenait pas les soldats et réciproquement. Les gens qui vivaient à 200 kms de la ligne de front vivaient normalement et une incompréhension s’était placée entre les deux.
Le vrai sujet de ces albums, ce sont les histoires d’amour entre Jeanne et François, Cécile et Julien, Matteo et Juliette?
L’objectif du Sursis, par exemple, c’était surtout de voir battre le coeur d’un village derrière une jalousie? Oui… ces cadres exceptionnels, qui poussent les gens dans leurs retranchements, montrent leurs réactions quand ils sont au pied du mur. L’objectif n’est pas de raconter cette période-là de façon pédagogique.
Vos textes sont sculptés, ciselés…et vous utilisez beaucoup notamment la figure de style de la personnification pour évoquer la guerre ou la révolution: pourquoi?
Ça, ça m’échappe un peu mais il faut que j’y fasse attention parce que j’utilise beaucoup de métaphores et que c’est un vice de mon écriture. Il n’y a pas de volonté consciente, c’est plus un tic d’écriture.
J’ai relevé quelques unes de vos phrases: « Il avait le pessimisme flottant », « l’amour au quotidien, c’est la Beauce », « les révolutions, c’est la guerre avec des prétentions d’idées » « le problème avec le verbe aimer, c’est la conjugaison »…vous avez le sens de la formule!
Je pense que ce sens de la formule, c’est plus un héritage de la famille. Le personnage de François, par exemple, me fait penser à un de mes oncles qui était coiffeur. Ce qui m’intéressait dans ce personnage , c’était de montrer que la générosité n’est pas souvent la volonté de la personne ; ainsi, cet oncle-là, sur lequel j’ai calqué le personnage de François, est quelqu’un qui ne revendiquait absolument pas d’être généreux, il s’en moquait complètement et dans son discours, il affichait un individualisme redoutable,un peu à la manière de ce qu’on appelle les anarchistes de droite genre Audiard ou Blondin; il était sorti de l’école à 11 ans mais par contre il avait le sens de la formule! J’imagine que j’ étais un peu imbibé de sa personnalité.. Je me rappelle par exemple qu’avec cette oncle plutôt de droite alors que moi j’étais alors militant PC, on s’entendait très bien alors qu’on avait des idées opposées et la mauvaise foi et l’effort pour arriver à coincer l’autre devenaient un jeu plus qu’une question de conviction. En fait,c’est quelque chose que je fais aussi au quotidien, l’utilisation de ces formules…
Vous semblez avoir beaucoup d’affection pour les personnages secondaire: Gervasio l’amoureux du possible ou encore Amélie l’infirmière..
Je le tiens du régal que j’avais pour les personnages du cinéma français des années 30 à 60 qui n’ont fait carrière qu’avec des seconds rôle , qui restaient dans cette modestie et à qui, pour beaucoup, on n’a jamais confié un premier rôle. Certains seconds rôles sont devenus des premiers rôles comme Jean Pierre Marielle, Jean Rochefort, sont devenus des stars ensuite alors qu’un peu avant, certains acteurs sont restés des seconds rôles toute leur vie comme Robert ou Carette et ils étaient connus de tout le monde et tout le monde les aimait; ils avaient ces seconds rôles colorés avec beaucoup de présence. Dans mes histoires, j’aime aussi donner de la place aux personnages secondaires et d’ailleurs si j’en avais plus, j’en mettrais encore davantage! Par exemple dans le 1er Matteo, il y a un personnage qui s’appelle Eugène et que je n’ai pas pu rajouter dans le tome suivant mais il me plaisait bien ,celui qui dit que « L’amour au quotidien, c’est la Beauce ».
Dans Matteo, trois personnages secondaires féminins très différents sont présents selon les mois auprès de Matteo: Léa la libérée et la révolutionnaire, Amélie l’amie chaste et complice, Juliette l’amour impossible…
Pour Léa, je me suis appuyée sur Alexandra Kollontaï, un personnage un peu majeur de la révolution russe; c’était une femme moderne qui avait une vie et des moeurs complètement en décalage avec son époque, qui avait des amants plus jeunes qu’elle et qui les collectionnaient. C’était une femme hyper affranchie et très féministe et qui a fait avancer les choses, au tout début, parce qu’après tout est devenu d’une raideur totale et complètement figé dans le marbre. Alors qu’au début, la révolution est partie dans tous les sens ( même dans l’art ou la littérature d’ailleurs) jusqu’à ce que le réalisme soviétique, plus tard, dix ans après, coupe les ailes à tout ça. Mais cette période-là était quand même une période d’ouverture et ces personnages qui voulaient faire avancer les choses ont pu exister. Alexandra Kollontaï est devenue commissaire du peuple à l’époque de Lénine, la première femme au monde à faire partie d’un gouvernement. C’était donc un personnage qu’il m’amusait de dépeindre face à ce garçon sympathique qu’est Matteo. C’est un visage de la révolution dans tous les domaines: l’hypocrisie, la morale, c’était pas vraiment son truc…
Le personnage de Juliette est également très particulier, difficile à cerner…
Oui. Vous allez le voir d’ailleurs par la suite (rires). J’essaie d’avoir une cohérence par rapport à mes personnages. Juliette est une jeune femme qui a toujours rêvé de faire partie du monde de ce château à côté duquel elle a grandi et qu’elle côtoyait parce que sa mère était servante. On voit ce genre de comportement dans la vie; J’ai vu ça dans ma propre vie…même ma grand-mère qui était militante communiste, elle avait un côté midinette et avait regardé le sacre de la Reine d’Angleterre comme une gamine! Il y a donc cette fascination pour le faste et en grandissant, souvent, les choses évoluent et l’on va voir que pour Juliette ça évolue un peu aussi..
Si l’on parle de votre trait maintenant: partez-vous de modèles existants pour vos personnages ou votre seul support est l’imagination?
Je m’inspire de visages réels. D’ailleurs le personnage d’Amélie s’inspire d’une vraie personne . La relation qu’entretient Matteo avec Amélie est d’ailleurs très proche de celle que j’entretiens moi-même avec cette personne. C’est un peu atypique mais je me suis dit pourquoi pas me servir de ça dans une véritable histoire. Je me sers de beaucoup de choses que j’ai soit observées soit un peu vécues. C’est la meilleure façon d’être cohérent.
De quoi vous êtes-vous inspiré pour représenter une scène d’attaque ou la vie dans les tranchées? de photos et de films de l’époque?
Pour les scènes d’attaque, on ne voit pratiquement rien à part des gerbes d’étincelles ou des gens qui cavalent dans tous les sens; c’est plus au cinéma que l’on voit ce genre de mise en scène descriptive, où l’on a le parti pris de cadrer les gens serré etc..les reportages de guerre ne sont jamais comme ça, ils ne peuvent pas , les caméramen prennent des projectiles dans tous les sens, ils filment de loin, au ras du sol et se planquent en même temps.Pour les tranchées, on a beaucoup de documents disponibles, de photos, mais on ne reprend jamais une photo telle qu’elle parce qu’on ne trouve jamais celle qui vous convient complètement par rapport à l’histoire. Par contre pour les attitudes, les photos influencent terriblement. Le seul regret que j’ai , ce que j’ai dessiné est presque encore trop esthétique et si je devais le refaire, je le travaillerai de façon encore plus réaliste.
Techniquement, vous travaillez avec quels outils, quelles matières?
J’utilise de l’encre et souvent du stylo bille ou des feutres qui ne partent pas à l’eau. Quelquefois de l’encre de chine ou des crayons très gras.Je me permets un peu toutes les fantaisies…
Si vous deviez citer des mentors côté littérature, lesquels serait-ce?
Paradoxalement, je n’ai pas lu tant que ça. J’ai peut être plus de culot en écrivant parce que c’est vrai qu’on est moins complexé quand on lit moins peut-être. Si je devais n’en citer que deux, je dirais Maupassant et Céline. C’est amusant parce qu’il y en a un qui est dans le classicisme le plus total et l’autre dans le débridage absolu…. c’est donc quand même un spectre assez large! Plus particulièrement sur la guerre de 14, j’ai découvert un livre qui s’appelle Ceux de 14 de Maurice Genevoix qui est une merveille, il y aussi La peur de Gabriel Chevallier qui est magnifique. Il y aussi un dont j’ai entendu parler dans les Entretiens avec Robert Mallet qui sont formidables, c’est Alexandre Vialatte, c’est un chroniqueur dans la montagne qui a écrit des choses merveilleuses.
Et côté illustration ?
Un peintre qu’on ne cite pas assez et qui se nomme Carl Lansson: il fait de l’aquarelle aurait très bien pu faire de la bd tant il a un trait très présent…j’adore aussi un peintre espagnol ,Sorolla, son travail sur la lumière. Après il y a les impressionnistes. Enfin, je veux dire Monet et rien d’autre. J’aime pas Renoir en fait! Ah il y aussi un caricaturiste qui s’appelle Jean Mulatier et qui a dû être ma toute première influence. Il y en d’autres évidemment comme Hugo Pratt, Tardi….
Pour finir, en 2012 , vous travaillez sur la suite de Matteo à l’époque du Front Populaire?
Voilà! et après il vivra la Guerre d’Espagne. Ce personnage, qui a été élevé dans le pacifisme avec un père anarchiste, se retrouve finalement dans tous les coups durs de la première moitié du vingtième siècle ( rires)
Actualités:
Du 15 juin au 30 septembre 2012 à la Maison de la Bande Dessinée à Bruxelles, une exposition sur le travail de Jean-Pierre GIbrat
Pour lire l’interview de Jean-Pierre Gibrat dans le magazine d’avril 2012