Angoulême 2012: Rencontre dessinée avec Benoît Sokal à propos du tome 2 de Kraa
Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Lors du FIBD sont proposées au public des rencontres dessinées avec divers auteurs, souvent ceux dont l’ouvrage a été nominé pour recevoir un des Fauves de l’année. Benoît Sokal est scénariste et dessinateur. Depuis les années 90, il est aussi devenu créateur de jeux vidéos.
Connu d’abord pour son personnage Canardo, un inspecteur désabusé dont les aventures ,publiées chez Casterman, ont été traduites dans dix langues, c’est un auteur qui souhaite ne pas se cantonner à un seul registre et un seul style et il surprend par la diversité picturale à laquelle peut se prêter son trait. Kraa, un triptyque, dont le second tome vient d’arriver en librairie, se déroule au XXe siècle dans le Malaskar, un pays « perdu entre l’Alaska et la Sibérie ». Kraa est un aigle noir dont les parents viennent d’être tués et qui quitte son nid pour mener sa vie d’adulte. Un jeune garçon indien, Numa, va tisser des liens d’amitié avec cet aigle et vont ainsi débuter de multiples aventures… Benoît Sokal dit qu’il veut que le lecteur « rentre dans l’histoire comme dans du beurre. Il ne faut pas qu’il y ait d’aspérité. Je ne veux pas que ça accroche ». Sa marque de fabrique? les cases de format panoramique qui permettent le mieux, selon lui, de mettre l’action au sein du paysage. Il ne dessine pas des planches complètes pour des raisons d’encombrement impossible sur son bureau. Il travaille case par case car c’est trop compliqué de manipuler des planches trop grandes: « Une fois les cases dessinées, je les scanne. Ensuite sur Photoshop, je corrige la chromie. Je fais dans un premier temps le travail que faisait le photograveur avant. Après que j’ai vérifié la chromie générale, je rajoute quelques effets ( comme ceux que l’on pouvait faire avant avec un aérographe). »
Pourquoi continue-t-il à utiliser le support papier et ne se met-il pas directement à composer sur une tablette graphique? Réponse: « Pour moi, l’ordinateur est un outil au même titre que mon crayon ou ma gomme ». « L’imprimé a fait des progrès gigantesques ces dix dernières années », ajoute-t-il, aussi préfère-t-il utiliser le papier dans un premier temps et corriger quelques détails ensuite numériquement. « Pendant des années, je faisais des aplats de couleur et c’était long…maintenant que l’ordi le fait, je ne me gêne pas pour m’en servir ».
Dans Kraa, Benoit Sokal voulait donner la sensation du dessin des peintres nord-américains du 17ème-18ème siècle, » un style un peu pompier », ajoute-t-il, mais qui correspondait à l’esthétique vers laquelle il voulait tendre. Si le travail commence par l’élaboration de storyboards, ils ne constituent pas la version définitive, ils expriment simplement « l’intention « , l’idée à faire passer dans chaque case, la dynamique générale. Pour finir? Benoit Sokal précise: « je n’aime pas mettre le lecteur dans la simple contemplation du dessin. Il faut trouver un juste équilibre avec le texte. Je rajoute donc souvent des bulles sur mes illustrations de paysages pour forcer le lecteur à rester dans la bande dessinée, le forcer à ne pas lâcher la dynamique de l’histoire racontée. » Kraa , un album au graphisme attrayant et au scénario attractif à découvrir!`
Titre: Kraa
Tome 1: La vallée perdue
Tome 2: L’ombre de l’aigle ( par en décembre 2011)
Auteur: Benoît Sokal
Editeur: Casterman
Prix du tome: 16 euros