Brossant des portraits dont la précision du trait est épatante et où l’émotion est étonnamment visuelle, mettant en scène des sujets stylisés et allongés, jouant sur des effets de lumière inspirés de la période baroque, elle a attiré l’attention de nombreux artistes, collectionneurs, galeries et depuis 2004 ses travaux ont été très souvent exposés. Elle fait partie des précurseurs d’un mouvement artistique nouvellement éclos, la peinture figurative surréaliste, et sa reconnaissance en tant que peintre féminin majeur de l’art contemporain lui a ouvert les portes de galeries prestigieuses à Seattle, Los Angeles, New York ou encore Londres.
Lori Earley confie que les figures qu’elle peint sont un reflet d’elle, qu’elles sont des auto-portraits qui diffèrent selon ses humeurs. Ses peintures à l’huile « sont une combinaison de réalisme classique avec un élément personnel de distorsion. Cette distorsion, ou altération sensible de la réalité, vient de son désir inné de transformer ses émotions sur des supports tangibles qui expriment ce qu’elle sent et non pas ce qu’elle voit ». Un exemple concret? Un jour qu’elle était encore à l’école, on lui a demandé de peindre une nature morte constituée d’un insipide assemblage de bouteilles posées sur une table. Elle a imaginé que tout ce qui était sous ses yeux se mélangeait et elle a peint le résultat obtenu dans sa tête. Lori Earley n’aime pas expliquer ses toiles et préfère laisser libre cours à l’imagination de chacun. Elle utilise beaucoup de symboles dans ses tableaux mais apprécie qu’ils soient devinés plutôt qu’annoncés d’avance. La plupart de ses portraits sont d’un format du type 24×30 cm et elle a besoin d’un mois pour les créer. Certaines toiles vont jusqu’à des formats de 55×70 cm et il lui faut six mois pour les terminer. Les étapes d’une toile ? d’abord établir un croquis pour imaginer la meilleure composition. Choisir ensuite un modèle qui répondra le mieux à l’esprit de la toile envisagée , lui trouver un costume et imaginer l’éclairage à utiliser pour faire le shooting-photo qui restituera au mieux l’atmosphère désirée pour la peinture. Ses modèles? Souvent des amies et parfois des modèles femmes qui répondent à ses attentes artistiques. Elle prend par la suite une série de photos (qu’elle fait elle-même) sur lesquelles elle s’appuie pour la confection du tableau . Elle exécute un croquis final de la photo, transfère ce dessin sur sa toile et applique 5 ou 6 sous-couches, en construisant son tableau depuis les zones d’ombre jusqu’à la lumière. Ses cadres élaborés sont la plupart du temps peints à la main avec des accents de couleur qui correspondent à chaque peinture. Le tableau qu’elle affectionne le plus? The wish… où une jeune femme au buste dénudé, entourée d’une forêt de pissenlits ( 1000 en tout!), tient dans ses bras un agneau tendre….d’ailleurs cette toile n’est pas à vendre car elle y a passé trop de temps!, dit-elle en plaisantant. Elle aime aussi Drained , si mystérieuse et si virginale, plongée dans une nature rocailleuse et froide. Nous vous invitons à découvrir la dernière de ses favorites, Miss V, sur son site : http://www.loriearley.com/.
Si la jeune peintre doit donner le nom d’artistes qui influencent son travail, elle cite JW Waterhouse, John Singer Sargent, William Bougeureau, Steven Assael( pour ses techniques picturales), Ray Caesar, Floria Sigismondi, Chris Cunningham ( pour ses sujets) et David Lynch . Et encore d’autres, des stylistes par exemple, comme Jean-Paul Gautier, Jennifer Nicholson ou encore Alexander McQueen.
Lori Earley nous invite à regarder les yeux de ces femmes dont elle est l’être démiurge; ils sont le foyer principal où palpite l’émotion. Derrière leurs expressions énigmatiques, leur impression d’inaccessibilité souveraine, on perçoit une histoire, on souhaiterait d’ailleurs les voir s’animer, entendre leurs rires perler ou leurs larmes, écouter leurs confidences. « Peindre est une thérapie » ajoute Lori Earley. Et lorsque l’on s’approche suffisamment de ses toiles et qu’on leur porte l’attention qu’elles méritent, on ressent tout l’investissement émotionnel de l’artiste qui les sous-tend. Ces toiles parlent à qui saura les comprendre. Il y vit des dames si attirantes qu’on aimerait les extirper de la toile, qu’on les soupçonne de connaître des secrets originels. Leur force? Garder leur charme comme un tatouage indélébile, ne jamais cesser d’être belle malgré -peut-être?- l’adversité.
Chaque portrait émeut par sa pudeur et même pour celles dont un sein se donne à voir, la pureté est là, stoïque; ces femmes sont des déesses, inatteignables, capables d’étourdir d’amour tant elles se refusent…. Ethérées et bouleversantes, elles incarnent la féminité dans son essence la plus pure. On pourrait leur dire, en les admirant, » tu n’as jamais été si belle qu’à cet instant » et en cela, elles sont tragiques car leurs yeux brillent d’un peu trop d’éclat. L’émotion qui transperce l’estomac de celui qui croise leur regard n’est point fugace, elle tiraille – mélange d’étonnement et d’admiration devant ces sirènes ni tout à fait réelles ni tout à fait imaginaires….
Derrière ces portraits émouvants et empreints d’une sensibilité déstabilisante, il y a une jeune femme, sublime, qui, depuis l’enfance, a d’instinct eu besoin de s’exprimer avec un pinceau.
Prenez le temps de regarder ces visages, d’observer la fragilité qui les tend et la force, pourtant, qui s’en dégage. La jeune muse sur la couverture se nomme Audrey, toute de rose baignée, son regard est animée d’une mélancolie silencieuse, discrète comme le serait le froufroutement de son jupon qu’on lui imagine. Ceinte d’un corset à la broderie fine, sa pose alanguie et glamour sur un lit de soie inviterait à la rejoindre…pourtant l’observateur sensible remarquera sa main délicate posée comme une barrière de refuge, une méfiance tacite. Audrey, une Muse délicate qui nous fait l’honneur de siéger à la place d’honneur au banquet des voeux du BSCNEWS 2012. Nous en remercions sa créatrice dont nous voulions vous faire partager la virtuosité graphique. Chez Lori Earley, chaque visage s’accompagne d’un royaume onirique, chaque tableau a ses réminiscences de couleurs, ses transports touchants, ses secrets tendus au pinceau….
Nous lui souhaitons tout le meilleur pour cette année 2012: son visage d’ange, ses doigts fins de fée habile méritent le soutien divin et la perspective d’heures sereines où elle pourra éclabousser ses toiles de toutes ses fantaisies picturales, libérer l’émotion à tire d’aile et les saupoudrer d’élégance frissonnante, alchimie fragile et mystérieuse que seules les plus grandes magiciennes font éclore de leurs palettes ….