Les clés du Prix Goncourt

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Par Emmanuelle de Boysson – BSCNEWS.FR/ Le Goncourt cru 2011 ira-t-il à un de ces favoris : David Foenkinos, Emmanuel Carrère, Delphine de Vigan, Morgan Sportes ou à un challenger ? Suspens…

L’été est passé et il a passé vite. J’étais dans mon île, l’île de Ré, où des auteurs se retrouvent à « l’île aux livres », le salon organisé début août par Joschi Guitton et Stéphane Guillot. Petit saut au salon des amis de Cabourg, puis à Ouessant au salon international du livre insulaire, « Les îles qu’on aime ». Depuis treize ans, Isabelle Le Bal et son équipe font venir fin août, dans cette île bretonne, des écrivains et éditeurs d’Outre-mer (Madagascar, Mayottte, Martinique, Malte et autres Marquises). Tables rondes, concerts, fest-noz, dictée insulaire des incollables, concours de nouvelles, ateliers d’écritures, kilts aux couleurs d’Ouessant, tout invite à la littérature des îles. En prime, le son de la corne à brume au sommet d’un sémaphore, la lecture des textes de l’écrivain invité en résidence : cette année, Johary Ravaloson. Parmi les livres du salon, un de mes coups de cœur va « L’île nue ». Les textes de ce beau livre sont d’Henry Le Bal, les peintures d’Henry Queffelec (éd. Palantines). Une pure merveille !

Un autre breton, Gilles Martin-Chauffier publie un roman que j’ai lu d’une traite, « Paris en temps de paix », (éd. Grasset). Un thriller aux petits oignons où le romancier n’hésite pas à balancer ces grands manitous qui nous gouvernent. Le commissaire Kergénéan ne chôme pas. Tous les jours une nouvelle vengeance dans les cours d’immeubles, les caves et les étages de l’ensemble Artois-Picardie. Quand on lui annonce l’enlèvement d’un jeune juif du quartier, le flic flaire l’embrouille. Une autre affaire Ilan Halimi ? Pourquoi la professeure BCBG dont il s’est entiché protège-t-elle Hassan, le chouchou de la classe ? D’une plume élégante, un brin cynique, le rédacteur en chef de Paris Match fustige une société larguée face à la violence des cités. Victimes protégées, éducation nationale trouillarde, police bernée, du bureau du ministre de l’Intérieur au parvis d’une cité, en passant par les suites du Bristol, l’auteur des « Corrompus » (prix Interallié 1998) aime écrire là où ça fait mal, entre hypocrisie des uns et paranoïa des autres. Et si les vrais voyous n’étaient pas ceux qu’on croit ? « On fait croire que les petits Beurs ont une menace et on laisse planer le mythe d’une voyoucratie toute-puissante régnant sur tel ou tel territoire ». Un regard lucide, à contre-courant sur l’extrémisme et le communautarisme.

Au fil de mes lectures, j’ai été bouleversée par « La confusion des peines » de Laurence Tardieu ( Stock), une lettre d’amour à son père condamné pour corruption. Écrire, c’est déterrer les secrets de famille pour s’arracher à l’enfance. « Des vies d’enfance », de Véronique Ovaldé m’a enthousiasmé pour son style bourré de trouvailles, son imagination, sa fantaisie, sa légèreté. « Sugar Puff », de François Cérésa (éd. Fayard), vous entraîne quelque part entre le Pays de Galles et l’île de Man en compagnie d’un adolescent, petit franchouillard qui découvre une façon bien anglaise de s’encanailler ! Nostalgie et humour, corrosif bien sûr !
Les « Mémoires », d’Olivier Chevrillon préfacées par Alain Besançon (éd. de Fallois) m’ont beaucoup intéressée. Dans les années 50 et 60, Olivier Chevrillon collabore à la revue « Esprit » et au Club Jean Moulin. Au cabinet d’Alain Savary, il prend part aux négociations d’indépendance du Maroc et de la Tunisie. Principal collaborateur de Gaston Defferre lors de la campagne présidentielle de 1964-1965, il participe à l’élaboration du « Défi américain » de Jean-Jacques Servan-Schreiber avant que celui-ci ne lui confie la responsabilité de « L’Express ». En 1971, il propose à d’anciens rédacteurs en chef de cet hebdomadaire le projet qui deviendra « Le Point » grâce à l’appui du groupe Hachette. Il reste jusqu’en 1986 le patron et l’éditorialiste du « Point ». Il sera directeur des Musées de France de 1987 à 1990.
La rentrée littéraire est déjà bien avancée. Signalons une idée originale : Patrick Raynal dirigera « Vendredi 13 », une collection réunissant treize écrivains qui rédigeront treize romans musclés où le héros, l’héroïne, met sa vie en jeu pour : un paquet de fric, l’amour, sa liberté, la gloire, un malentendu, une utopie… À lire les premiers manuscrits d’Olivier Maulin et de Michel Quint.
Le Goncourt cru 2011 ira-t-il à un de ces favoris : David Foenkinos, Emmanuel Carrère, Delphine de Vigan, Morgan Sportes ou à un challenger ? Suspens…

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