Tigran Hamasyan : l’interview du Jazz Club

Partagez l'article !

Par Guillaume Lagrée – bscnews.fr / Tigran Hamasyan, pianiste, compositeur né en Arménie en 1987 est en train de déplacer les frontières des genres musicaux par un mélange unique de Jazz, de Pop, de Rock, de Rap, de musique médiévale arménienne et de quelques autres sonorités inouïes jusqu’ici. Il a accepté de répondre aux questions de notre chroniqueur musical Guillaume Lagrée qui le suit depuis 2003.

propos recueillis par

Partagez l'article !

Quelle est votre éducation au piano? Votre technique semble un héritage de l’école russe: très solide avec un sens extraordinaire de l’espace. Vous semblez écarter les murs quand vous jouez.
J’ai commencé à jouer du piano à l’oreille. Je jouais les chansons de Led Zeppelin et Black Sabbath quand j’avais 3 ans. Les écoles classiques furent arméniennes avec des professeurs arméniens.

Un arbre ne pousse pas sans racines. Vous êtes solidement ancré dans la culture arménienne bien que vous ne viviez plus en Arménie. Est-ce une nostalgie de la terre natale, un besoin de revenir à vos sources, de savoir d’où vous venez avant de savoir où aller?
Je suis né et j’ai grandi en Arménie et la culture arménienne est quelque chose qui court dans mes veines.

Votre curiosité musicale est impressionnante. Vous allez de la musique médiévale arménienne au rock suédois d’avant-garde. Comment faites-vous pour ne pas être débordé, pour maîtriser toutes ces influences et produire du Tigran?
Découvrir une nouvelle musique est une inspiration, un bonheur et une connaissance pour moi.

Pourriez-vous jouer avec un musicien turc ou en Turquie?
Je ne joue pas en Turquie. Je l’ai fait une fois avec Dhafer Youssef, mais je ne peux le faire sous mon nom. Pourquoi irais je en Turquie jouer pour un peuple dont le gouvernement a tué 1, 5 million d’Arméniens pour effacer tout Arménien vivant de Turquie?

Pourriez-vous jouer avec un grand orchestre, de Jazz ou de classique?
Pour l’instant je ne préfère pas, mais si la bonne opportunité se présente, je le ferai certainement.

Vous avez une histoire d’amour avec la France en général, avec Paris en particulier. Vivriez-vous ici? Qu’aimez-vous tant ici?
J’aime Paris. C’est une très belle ville. Je viens à Paris si souvent que j’ai l’impression de vivre ici. Je me sens à la maison quand je suis là bas.

Que trouvez-vous à New York qui vous stimule comme homme et comme artiste?
Les gens et l’énergie de la ville. Le café aussi.

Vous êtes en train de devenir célèbre: un contrat avec Universal, une soirée spéciale au théâtre du Châtelet à Paris. Quels sont vos prochains défis?
De continuer à développer et chercher de nouvelles directions musicales.

Quels sont vos pianistes favoris? Vivants ou morts? De Jazz ou de classique?
Thelonious Monk, Art Tatum. Herbie Hencock, Brad Mehldau, Vahagn Hayrapetyan, Arno Babadjanyan, Keith Jarrett, Vijay Iyer, Craig Taborn….

Quand vous avez créé votre album solo, aviez-vous certains modèles en tête, Jazz ou classique? Ou avez-vous délibérément choisi de ne pas écouter de piano solo avant de créer l’album?
J’écoutais toutes sortes de musiques différentes comme d’habitude.

Quel effet cela fait à un vieillard de 24 ans de jouer avec un jeune homme de 84 ans comme Martial Solal?
Profondément honoré et inspiré!

Parmi les pianistes vivants, de Jazz ou de classique, lesquels respectez-vous le plus?
Il est impossible de nommer une personne. J’aime autant Thelonious Monk que Hariprasad Chaurasia.

John Lewis, le chef du Modern Jazz Quartet disait que le swing est une qualité naturelle que certains pianistes classiques possèdent comme Ivo Pogorelich par exemple et que certains pianistes de Jazz ne possèdent pas ( comme Keith Jarrett selon Jacques Réda et moi). Êtes-vous d’accord avec cette affirmation?
Si John Lewis écoutait votre opinion, il pleurerait.

Je vous ai entendu jouer au Châtelet avec Trilok Gurtu, un percussionniste indien. Pourriez-vous jouer avec des percussionnistes africains?
Pas de commentaire sur celle-ci…

Où serez-vous dans 20 ans? Dans la vie, dans la musique ?
Dieu le sait…

« Je fais de la musique parce que si je n’en faisais pas j’en mourrais. J’enregistre parce que c’est dans mon sang. C’est presque un sort de savoir que vous pouvez toujours faire quelque chose de neuf » (Prince). Vous reconnaissez-vous dans cette citation? Au fait, quand jouerez-vous avec Prince?
Je suis tout à fait d’accord avec Prince! Je ne sais pas quand je jouerai avec Prince. Peut-être demain. Après je prendrai mon petit déjeuner.

> Le dernier album de Tigran Hamasyan  » Fable »

Site officiel de Tigran Hamasyan
www.tigranhamasyan.com

(crédit photo Vahan Stepanyan)

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à