Interview de Ken Garduno/ Propos recueillis par Julie Cadilhac–PUTSCH.MEDIA/ Traduit de l’américain par Julie Cadilhac/ Ken Garduno vit à Los Angeles. Diplômé en 2006 de l’École de design de Pasadena en Californie, c’est un illustrateur indépendant à l’imagination totalement décalée. Ses toiles à l’acrylique jouent sur des détails curieux qui font souvent basculer l’imaginaire dans un univers où les extraterrestres côtoient les super héros. Entretien avec un illustrateur cosmonaute qui espère bien, dans un proche avenir, poser sa navette spatiale du côté de la France….
Sur votre site, on découvre un portrait intitulé «I’m a spacesuit»… vous ressemblez donc à un cosmonaute? Est-ce une façon de décrire votre univers mental ou pictural ou juste l’enfantin désir de décoller un jour pour la lune?
Cela évoque certainement plus l’univers que j’ai créé dans mon esprit. Je passe pas mal de temps à faire des «voyages intérieurs» donc j’ai pensé que ce serait une bonne idée de porter un costume spatial pour ces voyages dans l’infini de l’esprit.
Est-ce une façon de dire que l’illustrateur est une sorte de super héros? ou que, du moins, il aurait bien aimé en être un?
Pour moi, ce ne serait pas anormal en tant qu’illustrateur de souhaiter être un super-héros. Le fait d’être élevé avec des bandes dessinées et de m’impliquer dans la création de ces mondes par l’illustration crée probablement des connexions.
Beaucoup de vos toiles sont inspirées par l’univers des super héros: est-ce l’idée de la double identité qui vous séduit le plus dans ce type de personnage?
Je dois admettre que j’aime vraiment l’idée d’une identité double. Être un espion m’a toujours été un fantasme. J’ai toujours eu une imagination superactive.
Si vous étiez un super héros, quel pouvoir souhaiteriez-vous avoir? et qu’en feriez-vous?
Avoir la capacité de voler. C’est une idée véhiculée par mes rêves depuis que je suis tout petit. Je serais probablement très effrayé de le faire si j’en acquérais la capacité, mais il serait aussi génial d’éprouver quelque chose que j’ai passé tant de temps à imaginer. Je passerais alors la plupart de mon temps à voyager et à déconcerter les oiseaux.
Les hommes dans les couples que vous dessinez sont de vraies armoires carrées, comme un symbole de protection?
Absolument. J’aime l’idée de créer des archétypes. Les hommes et les femmes que je dessine sont mes versions idéalisées des gens . J’ai une façon de penser démodée et traditionnelle quand il s’agit des relations sentimentales, donc j’ai tendance à représenter les hommes dans mes illustrations comme «des symboles» de protection.
Pas de sourire sur les visages? Pourquoi?
C’est une intéressante question que je me suis posé assez souvent. Je n’aime pas que mes personnages regardent avec des expressions différentes. Les sourires ne marchent jamais . J’ai essayé des expressions différentes sur mes personnages mais cela ne fonctionne jamais. Cela ne semble simplement pas approprié au monde dans lequel ils vivent.
Qualifieriez-vous votre art de surréaliste, psychédélique, pop futuriste…?
Je ne pense pas avoir jamais essayé de catégoriser mon travail. J’aime vraiment tous les mouvements artistiques mentionnés ci-dessus , donc je serais heureux d’être inclus dans tous ceux-là. Je voudrais aussi avoir ma propre catégorie. Je la garderai juste non intitulée pour le moment.
Diriez-vous que vous construisez vos toiles autour d’un détail étrange?
J’aime penser au détail étrange comme une décoration pour le design de la toile. Ma première préoccupation est de créer une composition intéressante et une fois que j’ai résolu cette question, je m’occupe de la décoration de la toile en détail.
Chaque artiste a ses obsessions, non? La vôtre serait-elle les coiffures de vos personnages? Les bijoux qui pendent dans les décolletés? Le regard aussi est décliné à l’infini: yeux fermés, lunettes 3D, regard hypnotique, etc.?
Je dois dire oui à toutes ces remarques. Vous êtes très observatrice! Je peux aussi ajouter : grains de beauté, sexualité, séduction, clavicules, mains, lingerie, moustaches/barbes et lunettes en général.
Beaucoup d’effets de symétrie dans vos toiles et un important travail sur les lignes de force… parce que vous êtes très tatillon sur l’équilibre de vos images?
J’aime la symétrie. Je ne réalise pas ce genre de choses dans mon travail jusqu’à ce que quelqu’un ne me le mentionne. Je suis sous l’influence du design simple, donc j’utilise ces principes de base dans mon propre travail. J’aime que mes compositions aient un attrait graphique fort.
Vivre en Californie influence-t-il votre trait et vos inspirations esthétiques? Dans quelle mesure Los Angeles est-elle une ville attirante pour les artistes? Y a -t-il de nombreuses opportunités, des aides particulières?
Je me sens vraiment chanceux de vivre à Los Angeles en tant qu’artiste. Y vivre m’inspire beaucoup. Il y a beaucoup de grandes galeries et beaucoup d’opportunités pour ceux qui ont le désir d’en profiter. J’admets que j’ai tendance à considérer cela comme normal.
Avez-vous déjà exposé en Europe? En France? Seriez-vous tenté? Quelle est la dernière exposition à laquelle vous ayez participé?
J’ai participé à des expositions de groupe en Europe dans le passé, mais rien qui ne vaille vraiment d’être mentionné. Je suis très tenté d’exposer en Europe … particulièrement en France! Je n’ai jamais été en France et ce serait une excellente raison pour visiter ce pays. Il est au sommet de ma liste en ce qui concerne les destinations de voyage. J’ai participé à de nombreuses expositions de groupe récemment, mais je prépare actuellement ma deuxième exposition solo pour la galerie Le Basse Projets.
Vous avez participé à plusieurs publications ( albums d’art), mais n’avez-vous jamais eu envie de faire une bande dessinée par exemple?
Oui ! j’ai en vérité des plans en tête pour un projet d’art séquentiel. J’ai beaucoup d’idées, mais je mets un moment avant de m’y atteler. J’ai hâte de commencer ( et d’achever! ) une sorte de comic dans un proche avenir.