L’Abbé Noir : un album loin des critères esthétiques habituels

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Par David (IDDBDD) – En partenariat avec les-agents-litteraires.fr / Dans un monde où règnent vices, violences, corruptions, abus de pouvoir, injustices, un homme va tenter de rétablir la paix, l’amour et la justice. C’est l’homme c’est l’abbé noir, le prêtre anarchiste…

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Dans l’avant-propos de ce petit album (32 pages dans un format poche), on apprend que l’Abbé Noir est une idée d’Alysse Konture, la fille de Mattt. En fait, c’est avant tout un titre pour une BD à faire ensemble ; ensuite, c’est un impromptu de dessinateurs alternatifs, ultra-créatifs et totalement déjantés : Willy Tenia, Lilas et Mattt Konture, cultissime auteur de la BD alternative et surtout l’un des fondateurs de L’Association.
L’Abbé Noir est donc une œuvre d’improvisation autour d’un personnage : un prêtre anarchiste… Et ni Dieu ni maître alors ?! Pas d’inquiétude, nos trois auteurs ne sont pas à la peine pour trouver des explications et vous entrainer dans un univers très particulier. Tous ceux qui ont fait de l’improvisation en théâtre, musique ou danse, savent que c’est un art délicat où la nécessité du laisser aller peut vous entraîner dans des chemins divers et variés. De cette espèce de folie maîtrisée – car la technique est importante – peut jaillir du très bon comme du très mauvais, du cohérent ou de l’absurde. Et c’est bien tout l’intérêt de cet album.
A la rigueur, je dirais qu’on se fiche pas mal de l’histoire car c’est plutôt l’aspect créatif qui importe. Si vous aimez suivre les albums avec des lignes narratives excessivement claires, alors L’Abbé Noir n’est pas pour vous : arrêtez de perdre votre temps en lisant cette chronique. En revanche, si vous voulez assister à une expérience, à un laisser dessiner, alors vous serez entrainés dans ce tourbillon, rapide certes, mais qui pousse toujours le lecteur à tourner la page. Vous allez découvrir des planches particulièrement chargées, rappelant les pires bavardages de Gotlib et la construction spectaculaire d’un Robert Crumb. L’Abbé noir est de la pure bande dessinée, j’entends par là une véritable synthèse entre texte et dessin. Au fur et à mesure de l’avancée dans l’histoire, l’osmose entre les deux éléments se font de plus en plus fort, jusqu’à cette ultime planche où on ne sépare plus éléments graphiques et textes.
Pour moi, au même titre qu’une œuvre comme Moins d’un quart de seconde pour vivre (de Trondheim et Menu), L’Abbé Noir est de ces albums qu’il est important de découvrir pour se faire une idée de ce qu’est ou peut être la bande dessinée. Ces livres qui font partie d’un parcours de découverte d’un genre, des objets qui dérangent, qui posent des questions, qu’on rejette ou qu’on adore. Ici, on parle de formes alternatives, bien loin de nos critères esthétiques habituels. Pour ouvrir et surtout apprécier un album comme celui-ci, il est nécessaire de les laisser à la porte et d’entrer sans apriori. Pas facile, j’en conviens, et je sais que beaucoup d’entre vous ne partageront pas mon avis.
Peu importe, de toute façon une seule conclusion s’impose : Ni Dieu, ni maître !!!

L’Abbé Noir, de Mattt Konture, Willy Tenia et Lilas, éditions Arbitraire, 32 pages, 5 €.

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