Raphaël Enthoven : le goût de la philosophie

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Par Stéphanie Hochet – BSCNEWS.FR / Pour son troisième livre, le philosophe Raphaël Enthoven s’offre une balade dans la société contemporaine. Le premier chapitre, qui donne son titre au livre de Raphaël Enthoven, est un constat désabusé : la philosophe d’aujourd’hui n’est plus que ce personnage invité à la télévision pour jouer les utilités et dont le monde se moque. La philosophie a-t-elle encore un rôle à jouer dans la société moderne ?
Les dix-huit chapitres suivants répondent brillamment à cette question : Raphaël Enthoven choisit dix-huit concepts – Dieu, le jeu, la rêverie etc. – et développe chacun non pas sous l’angle de la philosophie, ce qui ne représenterait aucun intérêt, mais sous l’angle du philosophe qu’il est. Il circonscrit les concepts, écrivant par exemple au sujet du courage, qu’il n’y a pas de courage proprement dit, mais seulement des actes courageux. Il propose une définition élégante de la mélancolie : Elle est le goût d’éprouver (…) sur le mode de l’amertume le pur bonheur d’exister. Sur le mensonge, il forge ce paradoxe indispensable : qui, d’ailleurs, voudrait accorder sa confiance à quelqu’un qui n’est pas capable de mentir ? Réflexion d’une utilité concrète et quotidienne.
Au-delà de sa nécessité, ce traité philosophique de proximité se lit dans un plaisir constant, entre autres grâce à l’érudition proustienne de son auteur. Ainsi, au sujet de l’égoïsme : Telle Madame Verdurin dont l’horreur d’apprendre le naufrage du Lusitania rehausse le bonheur de tremper des croissants dans son café au lait…
Vivre en philosophie, c’est aussi vivre en la meilleure compagnie.

Le philosophe de service. Raphaël Enthoven.
L’infini. Gallimard. 112 pages.
Février 2011.

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