A bout portant : un thriller nerveux et puissant

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Par Alexandre Cerri- BSCNEWS.FR / Pitch : Tout va pour le mieux pour Samuel et Nadia : lui est bientôt infirmier et elle, attend son premier enfant. Mais tout bascule lorsque Nadia se fait kidnapper sous l’oeil impuissant de Samuel. A son réveil, son portable retentit : il a trois heures pour sortir de l’hôpital dans lequel il travaille un homme sous surveillance policière. Le destin de Samuel est désormais lié à celui de Sartet, une figure du banditisme activement recherchée par tous les services de police. S’il veut revoir sa femme vivante, Samuel doit faire vite…

Notre Avis : Puissant, haletant, déchirant, redoutable et surtout monstrueusement efficace, A Bout Portant est un thriller de très haut niveau. Ouvertement inspiré et palpitant de bout en bout, Fred Cavayé laisse place à 1h25 en flux tendu et adrénaline au maximum. Un immense tour de force totalement imparable…

On ne s’y attendait pas forcément et la claque n’en n’est que plus énorme. Qu’on se le dise : Fred Cavayé est à surveiller de très près et sa présence devrait rapidement s’avérer indispensable si ce n’est déjà fait pour le cinéma Français. Si avec son premier long, Pour Elle, le réalisateur nous avait charmé tout en demeurant sobre, son deuxième long métrage est une ogive de taille qui nous explose à la tronche. A Bout Portant c’est 1h25 d’adrénaline pure. Un thriller d’action d’une force de frappe sévère, brute et instinctive. Très rattachée à l’instinct primaire de son héros, la mise en scène suit et emboîte le pas pour ne jamais nous lâcher.

Impossible de reprendre son souffle, aucun temps mort. Une frénésie de tous les instants filmée à hauteur d’Hommes. Toujours réaliste, jamais complaisante, multipliant les ellipses narratives pour aller droit au but, la réalisation de A Bout Portant tient du miracle dans notre bon cinéma. Urbain, le film l’est entièrement. Brute de décoffrage, sans détour, l’action nous colle à notre siège pied au plancher sans rien lâcher. Pas forcément original mais incroyablement bien troussé et emballé, A Bout Portant cartonne et fait des dommages collatéraux.

Clairement inspiré par les films de la saga Jason Bourne (Bourne Supremacy et Bourne Ultimatum) qui lorgneraient vers Le Fugitif, A Bout Portant est une franche réussite totalement maîtrisée. De courses poursuites en bastons viriles en passant par des fusillades costauds, Fred Cavayé impressionne. Sobre et intimiste, le film transpire la sueur, la violence, le travail artisanal bien fait pour mieux renforcer son action digne des plus gros blockbusters US. Un vrai thriller carabiné qui assomme et dynamite au rythme des rebondissements éreintants du métrage.

On ressort usé, lessivé et éprouvé par un ce que l’on vient de voir et de vivre. Un vrai coup de boule. Similaire à ce besoin d’urgence fragile et cette sauvagerie instinctive qui se dégageait à moindre mesure de Pour Elle, A Bout Portant se rattache à ce besoin de faire vibrer, de faire plaisir au spectateur sans oublier d’en prendre soin. On vibre certes mais l’ensemble demeure toujours loyal et honnête. En prenant une nouvelle fois pour héros un monsieur tout le monde, commun des mortels, Cavayé renforce cette identification facile pour le public. En la personne de Gilles Lellouche, ce personnage d’infirmier n’en n’est que magnifié tellement l’acteur (dans l’un de ses premiers « vrais grands rôles » en tête d’affiche) subjugue : tour à tour humain, sensible, sur de lui, désarmé, violent, sauvage, bestial, faible… la palette d’émotions du bonhomme est mise à rude épreuve comme nos nerfs. Un vrai festival.

Face à lui, le casting bétonné fait des étincelles. Personnages taillés sur mesure, finesse d’écriture tout en non dits et expressions… en un rien de temps l’exposition est bouclée et les personnalités se dessinent. Tout passe sans embûche. Roschdy Zem est parfait en truand dur à cuire, Gérard Lanvin impérial en immonde enfoiré de première, Mireille Perrier touchante en flic humaine et obstinée sans oublier Moussa Maaskri. Tous sont au diapason et renforcent la crédibilité de l’ensemble.

Monté dans une urgence permanente, principalement filmé en steadycam tendance Greengrass, dopé par une bande originale très Bournienne… tout sonne juste dans le film. Mais A Bout Portant n’oublie pas une chose essentielle qui n’aurait pas fonctionné sans : une histoire. Minimaliste dans sa forme mais profond et juste sur le fond, le scénario de Cavayé himself et Gillaume Lemans est parfait. Adaptée au format et aux intentions du réalisateur, l’écriture est aussi simple que brillante. Une captation déchirante d’un drame se transformant en exutoire explosif et exténuant d’adrénaline pour se finir dans… non nous ne dévoilerons rien si ce n’est que les surprises et coups tordus de la part du réalisateur (aimant jouer avec le spectateur) abondent. Machiavélique et retors dans son déroulement, A Bout Portant ne lâche rien et offre une vraie belle histoire, un vrai thriller, un bon polar et un action movie extrême.

On ressort tout branlant, tremblant et ivre de jouissance après être passé d’une gorge nouée à un sourire béat, des images et des sensations plein la tête. Qu’il s’agisse des séquences marquantes et monstrueusement géniales (l’ouverture percutante, le twist de « la planque », la course poursuite dans le métro juste phénoménale, la séquence finale dans le commissariat) tout s’enchaîne sans baisse de régime.

Chercher un défaut à A Bout Portant serait vraiment chercher la petite bête. Bien entendu que quelques petits légers raccourcis permettent d’accélérer l’ensemble mais l’illusion est parfaite. On se demande limite si il y en a tant que ça. Du très très bon boulot. A l’approche du remake de Pour Elle (Les Trois Prochains Jours) qui devrait proposer une alternative intéressante au déjà bon matériel original, nous pouvons déjà redouter un éventuel remake de ce prodigieux a A Bout Portant tellement le résultat est dingue. Un vrai grand moment de cinéma populaire. Un vrai grand réalisateur sur qui compter en attendant de le voir s’attaquer un autre style. Un vrai bel acteur (Lellouche). Une belle baffe… et surtout un sacré bon film.

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