François Chevallier: La société du mépris de soi
Propos recueillis par Lauren Malka – PUTSCH.MEDIA /
– François Chevallier, vous venez de publier un livre dont le titre est éloquent – La Société du mépris de soi : De l’Urinoir de Duchamp aux suicidés de France Télécom et dans lequel vous explorez l’âme de l’artiste contemporain comme un prisme inquiétant de notre société.
– En effet, à l’époque de Michel-Ange, Courbet, l’art reposait sur des notions d’harmonie et d’irrationnel. Rien d’étrange à cela puisque nous tendons naturellement, même biologiquement vers l’harmonie, le désir de perfection. Et l’irrationnel, quant à lui, est un besoin dont nous ne pouvons nous passer pour vivre. Le désir de vivre lui-même est une impulsion folle qui nous permet d’accepter notre mortalité, et qui ne peut se passer d’une part d’irrationnel. Or, le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale mais aussi l’amplification du discours scientifique se sont opposés à cet illusionnisme et ont amené notre société à …