La littérature de l’humour

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Par Elisabeth Guillaud – BSCNEWS.FR / Dimanche 6 juin, Edith le Dico (Le Dico des grots mots cachés dans les mots), Luc Doyelle (C’est au pied du mur qu’on mange des merles), Albert Champeau (Sentiment tropical sur l’infime) , Lilian Lloyd (Joyeux anniversaire quand même) seront au café l’Avenue pour débattre avec vous de l’humour en littérature. ( 120 avenue de France 75013 Paris). la rencontre littéraire est organisée par le SIEL de Paris.
En attendant le 6 juin, appréciez leur humour à travers cette interview!

Votre définition de l’humour?

Edith le Dico: Un antalgique puissant contre la douleur du monde
Albert Champeau: Ah-ah-ah!
Lilian Lloyd: C’est souvent une question de survie. Face aux petits tracas de l’existence jusqu’au plus difficile, j’ai l’impression que l’humour est le seul moyen de résister. Et puis, rire de ce qui ne l’est pas, il me semble que c’est une façon de ne pas se résigner, tout en acceptant. Desproges le dirait dix fois mieux que moi d’ailleurs: « l’humour est la politesse du désespoir »
Luc Doyelle: J’aime bien la définition donnée par les petits roberts de la rousse, 2010):
Humour: genre littéraire dont la finalité est de provoquer des soubresauts dans la région épigastrique, ainsi que des raideurs dans des zones très localisées de la musculature faciale.

Quel genre d’humour appréciez-vous?

Edith le Dico: L’absurde, le caustique, le cynique, la dérision, l’auto dérision, le millième degré mais jamais le vulgaire.
Albert Champeau: Le rictus du rire jaune qui fait pleurer et les insultes. Toujours très drôles.
Lilian LLoyd: Je préfère « l’esprit » anglais qui consiste à se foutre de sa propre gueule plutôt que celle de l’autre. Je n’aime pas la moquerie actuelle. Le politiquement correct m’agace assez aussi. Maintenant, qu’il soit noir, gras ou fin, ce qui me plaît, c’est quand il véhicule une idée, un concept, nosense ou autre. Des Monty Python à Yves Robert, en passant par Les Nuls ou Albert Dupontel, j’y trouve souvent mon inspiration.
Luc Doyelle: Celui qui me prend au dépourvu! Celui qui me cloue le bec, me savonne la planche, me fait douter de moi, mais me redonne confiance en l’humanité.

Pourquoi est-ce si important pour vous de glisser des touches d’humour dans vos ouvrages?
Edith le Dico: L’humour en touche, c’est une claque dans la gueule. Ca fait mal mais ça réanime.
Albert Champeau C: D’abord pour ne pas tomber et, surtout, pour réduire le niveau des hormones de stress chez les lecteurs.
Lilian Lloyd: Le message passe mieux avec une respiration. En même temps, faire un trait d’humour montre une forme de recul par rapport à son sujet, je pense même que cela recentre. Parfois, cela me semble même plus terrible avec de l’humour… Mais clairement, c’est le doux-amer qui prime chez moi…
Luc Doyelle: Parce que sinon, je m’endors en écrivant. Glisser un mot croustillant me redonne un coup de fouet. Et puis, mes lecteurs ne me pardonneraient pas si j’abandonnais ce genre littéraire. N’étant pas de nature à subir la vindicte, surtout quand elle est populaire, je préfère adopter un profil bas et continuer à faire rire, dussé-je y laisser la santé.

Comment se traduit-il dans votre dernière oeuvre?
Edith le Dico: Comme ça, par exemple, sur les 288 pages du « dico des gros mots cachés dans les mots »: Pipelette / Pipe laite: De l’argot « pipe » – Fellation- et de « Laite » – Laitance. Qui parle la bouche pleine.
Albert Champeau: Sea, sexe and Sun. (Sea, lire: mère et Sun, lire Dieu)
Lilian lloyd: (Les deux personnages sont au téléphone.)
Insomnié Vide – Je vous entends souffler. Vous fumez?
Insomniée Suicidaire – Oui, quelquefois.
Insomnié Vide – C’est pas bien ça! Je vais le dire à votre mère!
Insomniée Suicidaire – Va falloir creuser alors…
Luc Doyelle: Par une utilisation intensive du dictionnaire français-poitevin en dix-huit volumes, par la mise en lumière d’un clochard utilisant les nouvelles technologies, une fête poitevine où l’enjeu est de retirer ses chaussures à la première occasion. C’est aussi une lutte sans merci entre deux épouses légitimes issues d’univers parallèles, un exorcisme mâtiné de rap, et un contrat d’édition faustien.

Quels sont pour vous les maîtres ès humour en littérature?
Edith le Dico: Sacha Guitry, Desproges, Devos, Woody Allen, Coluche, Gad Elmaleh
Albert Champeau: Edith le Dico, Lilian Lloyd et Luc Doyelle.
Lilian Lloyd: Devos, Woody Allen, Coluche, Desproges et Marc Levy, mais à ses dépends, ça compte?
Luc Doyelle: Pierre Dac, un maître inégalable. Le seul à avoir poussé l’absurde dans ses retranchements. Jacques Faizant, trop peu connu pour ses romans. Un petit chef d’œuvre: Ni d’Eve ni d’Adam (rien à voir avec Amélie Nothomb). Cavanna: Et le singe devint con. Woody Allen, quand il écrit des romans. Le Pierre Desproges américain (et réciproquement).

Pourquoi?
Edith le Dico: Parce que ce sont les meilleurs claqueurs de gueule réanimateurs de la douleur du monde
Albert Champeau: Je veux à tout prix éviter qu’ils se moquent de moi.
Lilian Lloyd: Parce que j’en ai pas beaucoup lu d’autres…

Un dernier trait d’esprit?

Edith le Dico: Un trait d’union plutôt
Albert Champeau C: Puisque la tristesse est le sale de l’animal, le rire est le propre de l’homme.
et puis celui-là que j’adoooore: Se coucher tard, nuit!
Lilian Lloyd: Ça dépend, c’est payé combien?
Luc Doyelle: Un petit extrait de mon prochain roman:
Cette première planque ne m’avait pas appris grand chose, et même si je n’avais espéré découvrir l’assassin de Kennedy ou l’emplacement de l’Atlantide, je repartis bredouille, empruntant de nouveau le fameux pont Pompidou*. Radio nostalgie avait remplacé mon cours de poitevin médiéval, et France Gall racontait, à qui voulait l’entendre, le drame d’un pianiste très affecté par ses hémorroïdes. La chanson était teintée de l’époque bénie où l’amie Gall était appelée à régner** sur les ondes , et même si, pour moi, ce n’était qu’un détail, elle semblait penser, au contraire, que cela voulait dire beaucoup.

Siel de Paris: késaco?

SIEL de Paris est une association loi 1901 qui a pour but de promouvoir les nouveaux écrivains, écrivains indépendants, libraires et nouvelles maisons d’édition, de faciliter la publication et la diffusion des œuvres ainsi que de créer les conditions d’un meilleur accès à la lecture d’œuvres originales pour le grand public.
Nous organisons le Salon Indépendant des Ecrivains, des éditeurs et des Libraires le 6 et 7 Novembre à la BNF de Paris.

Pour s’inscrire à la rencontre littéraire, cliquez ici!

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